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Camille

10 mars 2003

Retour à la routine

Le matin, nous travaillons les cours de Delphine avec plaisir et dilettante, l’après-midi nous allons marcher une petite heure, il fait froid nous ne nous attardons pas. Le soir nous écoutons de la musique dans ma chambre tout en papotant.

Allongées sur mon lit, écoutant de la musique, nous papotons de tout de rien, nous racontons des stupidités qui nous font rire, comme des gamines.

Mon téléphone chante, mon cœur s’emballe.

……. Bonsoir ma puce comment vas-tu ?

…… Bonsoir l’homme de ma vie, bien et toi ?

Je retiens Delphine par la manche quand je la vois se lever, et mets un doigt sur ma bouche. Elle s’allonge et met sa tête dans une main en me regardant.

….. J’ai appris que tu t’étais querellée avec le frangin !

….. C’est Franck qui a bavé ?

…… Exactement mademoiselle !

…… Je t’en ai parlé dimanche. Et il t’a dit quoi d’autre ?

….. Juste que tu avais remis le frère en place. Pourquoi aurait-il dû m’apprendre autre chose ?

…… Je ne sais pas. Non je ne pense pas, sauf que je suis allée voir Nico

….. Dis-moi.

….. J’ai emmené Delphine pour qu’il lui donne des cachets, parce qu’elle est en train de craquer

….. Et qu’est-ce qui la fait craquer ?

…… Bah son frère qui est à mon avis aussi nul que Céline, et le reste de la fratrie.

….. Ma puce, on ne peut pas sauver le monde entier.

….. Non je sais, mais voilà quoi.

….. Je te rappellerai ce soir ma chatte. Je suis au tribunal

….. D’accord, bisous.

Je raccroche mécontente de l’avoir eu si peu. J’ai l’impression de ne pas avoir trouver les mots pour le retenir davantage.

Petit à petit Delphine retrouve son enthousiasme. Je la surveille. Elle n’a plus les larmes au bord des yeux, elle rit et plaisante. L’appétit à l’air de revenir, et ses nuits sont moins mouvementées
Est-ce que les cachets de Nico font leur effet ? La prévention des uns et des autres auraient-ils enfin persuadé mon amie, qu’elle n’est en rien responsable de l’attitude de Céline ? Un peu des deux je pense.

Samedi avec mes parents nous allons au grand marché d’Amiens. Je prends deux jolies boites de macarons.

Dans l’après-midi papa nous emmène à la gare de Beauvais. Maman prend Delphine dans ses bras, comme si c’était sa fille, ça me fait chaud au cœur.

…… Rentrez bien les filles, à très bientôt et bonjour à Julien

Je souris …… Je n’y manquerai pas

Papa à son tour nous fait la bise. Le train entre à quai nous montons en faisant un dernier signe aux parents.

Une fois installée, je demande à Delphine si ça va

……. Oui bichette, merci

Nous arrivons sur Paris en début de soirée. En sautant sur le quai, mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Julien un grand sourire aux lèvres accélère le pas dans notre direction.

Il m’attrape par la taille est m’embrasse fougueusement……… Oh comme tu m’as manqué mon chat. Interdit dorénavant de partir si longtemps

J’éclate de rire en m’accrochant à son cou. Il se dégage gentiment et fait la bise à Delphine. Il empoigne nos sacs, et à grandes enjambées nous conduit à son véhicule garé en parking souterrain.

Il sort nos bagages du coffre et monte avec nous. Il porte mon sac dans ma chambre, je sors trois verres et une bouteille d’eau pétillante, Delphine nous rejoint et attend les mains dans le dos.

Tout en remplissant les verres, il lui permet de s’assoir.

....... Alors ces vacances ma puce ?

...... Froide mais bien. Repos total.

...... Tu as raison, il faut recharger les batteries. Et toi Delphine ?

..... J’ai fait les devoirs monsieur.

..... Va les chercher !

..... Oui monsieur.

Il attend que Delphine aille de l’autre côté …….. Dinons ensemble ce soir, je voudrais te parler

Je le regarde étonnée ………. Heu oui !

…….. Je viendrai te chercher vers vingt heures.

…… Oui d’accord.

Delphine lui tend ses feuillets de devoirs. ……… Merci !

Il m’entraine vers le palier ……….. A ce soir mon chat !

…… A ce soir l’homme de ma vie

Il rit en descendant les escaliers. Je referme la porte et appelle Delphine

…… Dans ma chambre

Je la rejoint, elle défait son sac …….. Ah oui, cool je vais défaire le mien, on va faire un tour après ?

….. Si tu veux. Où ?

….. Un tour sur le boulevard ?

Attablées devant un coca, nous devisons tranquillement. Je lui fais savoir que ce soir je ne dine pas avec elle et lui propose de se prendre un sandwich grec.

En remontant, je me prépare rapidement, du moins je tronque mon jeans et mon sweat contre ce nouveau tailleur pantalon veste longue.
Dix-neuf trente, Julien sonne à la porte.

 Il tend les copies à Delphine ……….. Dans l’ensemble ça peut aller, tu me copieras trente fois les mots corrigés dans ton texte en anglais. A moins que tu préfères que je te les fasse mémoriser sur mes genoux !

Je vois mon amie rougir …….. Heu non monsieur merci.

…… Pas de cigarette, après ta punition, soirée télé accordée.

Elle sourit ……. Merci monsieur.

Il attrape ma main, nous descendons……… Chat tu veux aller manger où ? La brasserie ça te dit ?

…… Oui c’est bien.

Il commande un coca et un whisky et attends que le serveur nous amène nos verres.

…… Chat ce que j’ai à te dire c’est entre nous. Il est des conversations qui n’ont pas besoin de transpirer

….. Oui bien sûr.

….. D’après ton frère, la querelle avec Thibault a été violente, je vais m’arranger pour laisser Céline à Beauvais, ton frère Nicolas jette l’éponge

…… Oh ! Et pourquoi Beauvais ?

……  C’est une idée de Franck, pour ne pas qu’elle perturbe son frère à Amiens, quant à Nicolas, il m’a expliqué, tout juste si elle ne la pas traité de nul ne sachant pas expliquer

….. Ouais bah comme d’habitude, avec elle tout le monde est nul

Nous débattons tout le repas de Céline et Thibault.

Au bruit de la clé dans la serrure, Delphine ouvre la porte. Je souris.

…… J’allais me faire un café, je vous en fait un ?

Julien répond pour moi …….. Oui merci Delphine.

Je vais enlever mon manteau et mes chaussures. Julien est assis à la table de la cuisine, Delphine pose les tasses sur la table

……. Assieds-toi Delphine

….. Merci monsieur

….. As-tu fait tes mots ?

Elle éclate de rire ……. Monsieur vous n’êtes pas gentil !

……. Comment ça je ne suis pas gentil ?

Delphine sourit ……Si monsieur vous êtes gentil, merci

….. Je préfère

Je vais de l’un à l’autre sans comprendre, quand Delphine en riant me dit ……. Je n’avais pas de faute dans mon texte

J’éclate de rire ………. Oh !

Julien reste un peu avec nous, avant de nous quitter. Sur le palier, la porte tirée il m’embrasse longuement. Quand il me relâche je suis complètement à l’ouest. Je reprends haleine avec des frissons partout.

….. Je t’appelle demain ma puce

….. Parce que demain je ne te vois pas ?

….. Je ne pense pas

Je le regarde descendre en pensant qu’encore une fois je ne suis pas arrivée à le retenir. Qu’a-t-il à faire un dimanche pour ne pas venir me voir ? Suis-je en colère ? Contrariée et pleine de chagrin, j’ai du mal à retenir mes larmes. Je vais directement me coucher.

Les routines d’usage faites, avec Delphine nous optons pour manger à Montorgueil.

En sortant du bistrot nous décidons de rentrer sans trainer, il fait vraiment très froid, le vent pique.

Bien au chaud, lovées sous le plaid un café en main, nous cherchons un programme télé intéressant, quand mon téléphone au fond de mon sac chante.

Je me précipite pour décrocher.

…… Que fais-tu puce ?

….. Bah rien de spécial pourquoi ?

Nous papotons cinq minutes, il me souhaite bon courage pour demain.  

L’amphi me parait calme, bien des bancs sont vides. Avant de monter les gradins, je pose discrètement une boite sur le bureau. Je monte les gradins pour rejoindre Christophe et Mélanie, Antoine me suit de près, Olivier et Barbara montent en nous souriant. Je les trouve mignons tous les deux.

Monsieur Delabard entre il pose sa sacoche sur le bureau, il lit le mot qui accompagne la boite. Du regard il fait un tour de l’amphi, il me fait un sourire.

..... Il y a de la désertion dans l’air.

Les étudiants rient ou sourient. Monsieur Delabard commence son cours par une révision rapide sur le trimestre. Il demande aux deuxièmes années de faire une plaidoirie et aux troisièmes années de rectifier les erreurs des uns et des autres. Il scinde les deux années en quatre groupes.

Les deuxièmes années, un groupe d’attaquants un groupe de défendants, les troisièmes années un groupe pour parer les erreurs des attaquants, un groupe pour les défendants.

Monsieur Delabard, leur remet un polycopié pour les mettre sur la voie d’un procès. Les répliques fusent dans les rires.

Au bout d’une heure, les groupes changent nous nous levons et à notre tour faisons rire les étudiants. Je suis dans le groupe des défendants et je m’en donne à cœur joie pour avancer mes opinions.

Les trois heures passent si rapidement, que lorsque monsieur Delabard, fait revenir le calme, et donne aux secondes années un devoir, je suis presque déçue.

Je ne mange pas avec les étudiants, je rentre directement. Magali doit reprendre ses cours avec moi.

A quatorze heures, elle arrive avec un grand sourire.

Nous nous mettons dans la cuisine, elle me tend son cahier de devoirs que je feuillète pour savoir ce qu’elle a étudié

...... Tu as vu tout ça avec Claude ?

...... Oui.

...... Et avec Claude tout va bien ?

Elle baisse la tête sans répondre, doucement je lui demande ce qu’il y a

..... J’ai reçu une fessée et au coin il m’a fait pleurer

..... Pourquoi ?

.... Il a dit que je ne travaillais pas, mais si je voulais faire mais je ne comprends pas

..... Qu’est-ce que tu n’as pas compris ?

..... Quand il donne à lire et qu’il faut compter

..... Tu ne comprends pas les problèmes ?

..... Oui

..... Je vais t’apprendre à lire un énoncé et à faire au fur et à mesure.

..... Oui, merci

Sur mon ordinateur je cherche un problème facile et l’imprime. Je vais chercher ma feuille et la tends à Magali.

.... Vas-y lis

D’une voix hésitante elle commence la lecture. C’est un peu laborieux mais elle y arrive. En moi je pense qu’avant de lui faire faire des maths il faudrait qu’elle lise davantage.

..... Alors dis-moi ce que tu as lu.

.... La maman a acheté plusieurs gâteaux

..... Oui et ces gâteaux ils sont en parts

..... Oui

.... Et on te demande combien il y a de parts, tu fais quoi comme opération ?

.... Je les additionne

..... Oui super, alors vas-y.

Je la vois compter sur ses doigts en posant l’addition. ....... Heu ça fait 21 parts.

..... Magali, relis la première partie

.......Maman achète trois paquets de six parts de cake, 6 parts de tarte au citron et 9 parts au chocolat

..... Oui donc tu fais quoi ?

Elle me regarde timidement ...... J’additionne.

..... Oui mais tu additionnes quoi ?

.... Les parts de gâteaux

.... Lesquelles ?

..... Les cakes, les tartes au citron et les tartes au chocolat

..... Additionne les tartes

..... Quinze

..... Oui, et maintenant les cakes, il y en a combien

..... Six

..... Non, relis

..... Maman achète trois paquets de six parts de cake

Je l’arrête ....... Tu as lu quoi ?

..... Trois paquets

..... Voilà, si tu as un paquet tu as six parts, mais trois paquets tu as combien de parts ?

..... Six parts plus six parts, plus six parts

..... Et tu fais quoi comme opération ?

..... Une addition

..... Une multiplication ma chérie. Tu fais 3 que X 6 et ça te fait combien ?

..... Dix huit

.... Super et maintenant tu additionnes tes tartes

..... Dix-huit plus quinze

.... Tout à fait

..... Trente-trois.

.... Exactement ! Tu vois il y avait un petit piège

Elle fait oui de la tête, contente d’avoir trouvé. Je lui en donne un autre du même style et lui demande de le lire à haute voix et de me dire comment elle calcule

Je la reprends et lui demande de relire quand elle se trompe.

Il faudra plus d’une heure et plusieurs exemples pour qu’elle comprenne parfaitement. Je lui en donne un, un peu plus compliqué, qui réunit addition, soustraction et multiplication. Elle le réussit sans trop de difficultés. Je la félicite et lui offre un verre de jus d’orange, pendant que je bois un café.

..... As-tu appris les divisions ?

.... C’est comment ?

.... C’est l’inverse de la multiplication. Si je te dis 7 fois 5, trente-cinq, mais si je te dis en trente-cinq combien de fois cinq, tu dois diviser.

....... Non Claude ne m’a pas appris.

..... Tu connais tes tables ?

..... Oui jusqu’à six

..... D’accord.

J’écris une division toute simple.

..... Regarde tu as 92 que divise 4. Tu cherches déjà dans le 9 combien tu as de fois 4

Je lui entoure le neuf et la laisse réfléchir. Je lui détaille toute la division point par point.

A la suite je lui explique la preuve par 9 en faisant en sens inverse la multiplication. Elle trouve d’elle-même la solution.

..... Tu vois, c’est le contraire, comme l’addition est le contraire de la soustraction.

.... Oui d’accord.

.... Tu veux en faire d’autres ?

..... Oui

Je lui en écris une dizaine allant de la table de deux à la table de six et lui donne la feuille

Pendant qu’elle se penche sur sa feuille, je cherche des idées pour le chapitre de mon mémoire. Je note pèle mêle les bouts d’articles sélectionnés.

Je trouve un autre blog, je le lis en diagonale et retiens quelques idées que je note.

Je sens le regard de Magali, je lui souris ........ Tu as fini ?

.... Oui.

Je contrôle ses divisions, elles sont toutes justes. .......... Super, tu as tout bon. C’est bien Magali je suis fière de toi

Elle rougit ....... Merci c’est gentil

..... Tu peux y aller, je pense que c’est bon pour aujourd’hui

Elle ramasse ses affaires rapidement et vient m’embrasser.

Je sors mon classeur, me fait un café et vais chercher mes fiches. Je planche sur mon devoir presque deux heures, sans en sortir grand-chose. La clé dans la serrure me fait lever la tête de mes écrits, étonnée de l’heure à laquelle Delphine rentre

…… Hello bichette.

Je souris ….. Hello louloute

Je ramasse mes affaires, et mets le couvert. Delphine me rejoint dans la cuisine.

…… Tu as été bosser ?

….. Non, je suis allée à la biblio et du coup j’ai fait mon exposé là-bas.

…. Ah ok, un exposé sur quoi ?

….. Sur l’Afrique septentrionale

….. Ah ? Et alors ?

Elle rit ……. Bah rien de bien intéressant, j’ai surtout parlé, du Maroc et de l’Egypte.

….. Et pas de l’Algérie de la Tunisie ni la Libye ?

….. Ah bah si quand même

….. Cool alors tu vas ramener un vingt à ton gentil prof

Elle éclate de rire …… Oh pousse pas mamie dans les orties.

Tout en préparant notre pitance, et en mangeant nous plaisantons agréablement.

Cette semaine se termine sur une note plaisante, le cours de ce jeune prof nous fait éclater de rire aux éclats.

En rentrant je me sers un grand verre de perrier frais, et m’installe au salon en attendant Delphine. La sonnette me surprend.

Une surprise quand j’ouvre la porte .......... Oh je suis contente de vous voir

Je fais la bise à Patrick qui sourit …... Dis-donc tu as perdu mon numéro de téléphone ?

..... Heu non, mais je vous sais occupé je vous aurais téléphoné, une fois mon ébauche faite

Il s’assoit, je lui propose un café, pendant que je le fais couler, il lit mes notes.

...... Que veux-tu démontrer par ces articles pris au hasard ?

Je pose la tasse sur la table et attends qu’il m’autorise à m’assoir, il boit son café en deux gorgées

.... Je voulais arriver à la conclusion, avec Julien nous avons fait la préface et le contenu.

..... Donne-le, moi à lire.

.... Il est dans ma chambre

...... Va le chercher

Je lui tends, debout je le regarde lire rapidement les quatre-vingt pages. Pas un bruit, à part le réfrigérateur et mon pouls qui cogne fort.

...... Assieds-toi

..... Merci.

..... Bien, et donc tu as quelle idée de conclusion ?

...... Expliquer ce qu’est la justice, la valeur morale

..... Prends ton bloc, et ferme ton ordinateur

Je baisse le couvercle et attends. Il me pose plusieurs questions, j’essaie de répondre du mieux que je peux. Il me reprend, explique son opinion et me laisse écrire

Delphine entre .......... Hello bichette. Oh bonjour monsieur

Patrick se lève et embrasse Delphine ........ Désaltère-toi et va dans ta chambre. Julien vient ce soir ?

..... Oui, il ne devrait pas tarder

..... Alors file te mettre en tenue

.... Oui monsieur

Elle disparait, nous reprenons la leçon. Julien nous interrompt en arrivant, il serre la main à Patrick et vient effleurer mes lèvres. Il va dans la salle à manger, et ferme la porte de communication. Pour la deuxième fois nous reprenons la leçon.

Jusqu’à dix-neuf heures trente, je ne lèverai pas le nez de ma feuille, écrivant quatre pages de questions et réponses

Patrick ........ Tu reprends tout ça, tu lis et tu scindes afin d’en faire un résumé au brouillon. Je passerai lire et nous conclurons

...... D’accord, merci Patrick

Il me fait un grand sourire et se lève, il ouvre la porte pour rejoindre Delphine et Julien. Je ramasse mes affaires et les porte dans ma chambre. Delphine prépare quatre verres d’eau pétillante. Je vais m’assoir avec eux, à côté de Julien

Les deux hommes parlent entre eux, Delphine me fait un sourire. D’un coup ils se lèvent

Nous nous levons aussi, Julien m’enlace je les raccompagne à la porte

...... Puce, je te téléphone tout à l’heure

...... Oui d’accord.

Il effleure mes lèvres Patrick me fait la bise. Je les regarde descendre.

Avec Delphine nous expédions le repas et le rangement. Ce soir à la télé il y un film qui nous intéresse et nous ne voulons pas le louper. J’envoie Delphine à la douche prépare mes affaires pour demain, à mon tour je file sous la douche. En riant nous nous retrouvons sur le canapé pratiquement en même temps. Le film commence.

La semaine se termine. Julien a beaucoup de travail, il prend malgré tout le temps de venir assister Delphine. Le soir il reste une petite demie heure avec moi. Nous allons dans la cuisine pendant que Delphine va dans sa chambre.
Nous parlons un peu de nous, quoiqu’il ne se dévoile pas beaucoup. Pudeur ou secret ? Je ne sais que penser.

Tantôt nous parlons des fiançailles, tantôt de mes études, ou tout autre sujet. Il boit son verre de perrier m’embrasse longuement et part. J’ai toujours gros cœur, sans vouloir laisser paraitre mon tourment

En arrivant dans la cuisine, je souris. Delphine a préparé mon petit déjeuné. Le café est tout chaud.

Je me douche et me lave les cheveux que j’enroule dans une serviette. Je vérifie mes épilations, et fais mon brushing.

Je change nos draps et refais les lits. Dehors un timide soleil, j’en profite pour mettre le tancarville sur le balcon et étale les draps dessus. Je mets deux chaises dos à dos pour faire sécher les housses de couettes. Après un grand coup de balai, je lave les sols et termine mon ménage par les poussières.

Je regarde dans le congélateur à la recherche d’une idée de repas pour le week-end.

Delphine rentre à treize heures, j’attends pour manger. L’après-midi nous décidons d’aller nous promener sur les quais, tout en gardant nos manteaux d’hiver, il fait presque bon et beau

Dimanche nous allons faire quelques achats de fruits et légumes à Montorgueil, nous déjeunons à notre petit bistrot et rentrons tranquillement.

Cette deuxième semaine de Fac, me parait moins intéressante. Les cours sont du vu et du revu, et j’ai l’impression de faire du sur place.

Christophe et les autres, papotent plus qu’ils n’écoutent le prof. Je ne prends même plus de notes. Je me secoue pour ne pas m’endormir.

Je fais le ménage, et prépare plusieurs repas, sachant que lundi c’est direction bureau et le soir nous n’avons pas vraiment le temps.
Samedi Delphine travaille jusque tard, elle est surbookée de devoirs. Je l’avance en traduisant un récit en anglais, et fais l’explication de texte, elle n’aura plus qu’à rajouter sa touche personnelle. Je vérifie ses maths, pendant qu’elle révise sa géo en vue d’un contrôle.

Enfin à vingt heures elle lève le pied en soufflant ......... Bon je finirai demain matin. Là j’en ai plein la casquette.

Je ris en allant à la cuisine mettre le couvert.

Je n’ai pas de nouvelles de Julien, et je suis déconcertée. Je ne sais que penser. Ce soir en buvant notre café, j’en parle à Delphine

..... Bichette, il est très certainement occupé. T’inquiète il pense à toi.

...... Je n’ai même pas un coup de téléphone.

..... Et pourquoi tu ne lui envoies pas un SMS ?

..... Bah je ne veux pas le déranger

..... Tu es bête ou quoi ? Peut-être justement qu’il fait silence pour voir ta réaction

..... Tu crois ?

...... Bah oui, ça se pourrait bien

Je vais chercher mon téléphone et indécise, je demande à Delphine ......... Je lui dis quoi ?

Elle éclate de rire ....... Bichette, dis-lui qu’il te manque tout simplement

Le cœur battant je tape sur touches ‘’ Une belle blonde t’aurait-elle kidnappé ? Tu me manques. Je t’aime’’

Sans relire, j’envoie avant de changer d’avis.

Je n’attends pas longtemps, mon téléphone chante. Je décroche les mains tremblantes. Delphine s’éclipse emportant nos tasses.

......... Je n’aime pas les blondes, je préfère ma puce aux cheveux doux et soyeux.

Je ris ...... Tu exagères, tu ne donnes pas de nouvelles !

Je l’entends rire dans le téléphone, j’imagine son air taquin ……… Pourquoi tu en donnes davantage ?

….. Bah non, mais je ne veux pas te dérange

….. Viens manger avec moi demain midi

….. D’accord.

….. Je t’embrasse ma chatte à demain.

Je rejoins Delphine dans sa chambre …….. Tu fais quoi ?

….. Rien, tu veux faire quoi ?

….. On regarde la télé ?

…… Je ne sais pas ce qu’il y a

Nous allons au salon et zappons sur les chaines. J’avertis mon amie que demain midi je ne suis pas là.

Je me prépare avec un soin particulier, pour mon chéri.

Julien m’emmène manger chez Viet, je me régale d’un poulet caramélisé accompagné de nouilles sautées aux petits légumes.

Après manger, il m’entraine dans une balade sur le boulevard, en cet fin mars il fait doux, je laisse mon manteau ouvert.

Je suis bien, même si nous ne parlons pas, je me sens en communion avec l’homme que j’aime.

Il me ramène à mon immeuble. ………. Chat je t’appelle.

…… Tu ne veux pas monter ?

….. Non puce, je vais au tribunal.

….. Un dimanche ?

…… Oui puce, un dimanche pour une comparution immédiate. Crois-tu que les voyous s’occupent des jours de semaine ?

Je ne répons pas, je suis dépitée. Nous nous embrassons presque rapidement. Je monte le cœur gros.

Ce lundi marque la fin d’année scolaire. Une fois les quatre semaines de stage terminé, deux semaines de Fac, les vacances et enfin la licence qui marquera le résultats de tous mes efforts. 

Jean-Bernard me reçoit chaleureusement. Tout en prenant un café nous discutons des vacances, de cette reprise de deux semaines de Fac. Etrangement il me pose la même question que son frère m’a posé un peu avant les vacances. A savoir ce que je pense de ces longues semaines de stage, et tout comme à son frère je réponds, que l’an prochain ce sera tous les jours toute l’année sans coupure

Il sourit et me sert un autre café, nous continuons de parler une bonne partie de la matinée. J’aime beaucoup ces échanges avec mon maitre de stage.

Il me confie un dossier de défense d’un accusé jugé pour agression.

Je planche sur les rapports de police et note les points cruciaux. Les journées passent vite, ce dossier est intéressant et à tout décortiquer, je ne vois pas le temps passer. Souvent Jean-Bernard est obligé de me rappeler à l’ordre, ce qui nous fait rire.

Mon dossier terminé, je le pose sur son bureau. Nous prenons un café, à brûle pourpoint je lui demande s’il connait le film La ligne verte.

…… Avec Tom Hanks ?

…… Oui vous l’avez vu ?

Il sourit ……. Oui bien sûr.

…… Et vous en avez pensé quoi ?  

Il me retourne la question, je lui donne ma pensée, soulignant que décidément être juge est un vrai cas de conscience, comment ne pas se fourvoyer et envoyer un innocent en prison.

Ce qui encore une fois remet en question ma motivation à être juge, et même avocate. Gentiment Jean-Bernard me fait remarquer qu’avec les progrès de la science, comme les recherches ADN, nous avons des atouts dans notre manche. Il n’oublie pas de me dire que ce film se passe dans les années cinquante, qu’à cette époque il suffisait de peu pour envoyer un homme de couleur à la chaise

Nous débattons une bonne partie de l’après-midi.

 Je me presse de rentrer j’espère voir Julien, je l’ai entre aperçu mercredi, comme souvent, il n’est pas resté. Des fois ça me met en colère, des fois je suis malheureuse. J’ai l’impression que pour lui ce n’est pas important.

Alors oui, il me téléphone vers vingt-deux heures pour me souhaiter une bonne nuit, mais ça ne me suffit pas.

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26 février 2003

Un repos bien mérité

Je n’ai pas emmené de révisions, j’ai envie de me vider complètement la tête. Nous fermons la porte, je glisse la clé dans mon sac, et entraine Delphine vers la gare du Nord.

Hier soir j’ai envoyé un mail à Franck, en essayant de lui expliquer ce que j’attends, ou du moins comment mettre mon plan à plat.

Notre train arrive à quai, nous compostons notre billet tranquillement.

Delphine met nos sacs dans le filet à bagages au-dessus de nos têtes. Nous nous asseyons l’une en face de l’autre. Je souris à mon amie et prends ses mains glacées.

Pendant le trajet, j’essaie de la sortir de son état dépressif. J’arrive même à la faire rire.

Mon père nous attend à la gare.

..... Maman n’est pas là ?

.... Non ma puce elle nous attend à la maison, je mange avec vous, et retourne au travail, je ne peux m’absenter

...... D’accord.

Ma mère nous reçoit avec sa gentillesse habituelle, la table est mise dans la cuisine. Nous portons nos sacs dans ma chambre, passons à la salle d’eau nous laver les mains et rejoignons mes parents.
J’observe Delphine qui n’a pas vraiment grand appétit. Mes parents me demandent mes résultats, je leur explique que les stages sont sympas, que je n’ai plus vraiment de notes, étant plutôt au bureau de mon maitre d’études.

Maman ....... Comment ça va avec Julien ?

..... Mais bien maman, pourquoi ?

Ma mère sourit ....... C’est un charmant jeune homme avec beaucoup de classe, ma puce

Je ris .......... Bah je sais maman, et c’est pour ça que j’en suis amoureuse.

...... Viendra-t-il ?

.... Il a beaucoup de travail, je ne pense pas.

Mon père son café avalé, embrasse ma mère et repart ...... A ce soir les filles

Je ris ...... A ce soir l’homme

Nous aidons maman à ranger la cuisine, elle va à sa télé nous allons dans ma chambre 

..... Delph, viens, on va faire un tour, on ne va pas rester enfermées

..... Oui si tu veux

Sitôt sorties, Delphine allume sa cigarette, je glisse mon bras sous le sien, nous allons au bourg. Installées à une table nous sirotons un diabolo fraise.

..... Tu as des devoirs pour les vacances ?

.... Julien m’a donné des maths et une dissert en anglais

..... D’ac, on fait le matin et l’après-midi selon le temps on sort d’accord ?

Elle fait oui de la tête en souriant.

Nous rentrons vers dix-sept heures, en passant par le bois, ça rallonge le trajet mais ça nous permet de causer en marchant.

Maman a préparé des madeleines pour le gouter. Nous passons la soirée à écouter de la musique, mais je sens bien que mon amie n’est pas dans son assiette. J’ai vu au repas, elle a à peine manger.

Vendredi matin, moitié allongée sur mon lit aux côtés de Delphine, je lui fais réciter son anglais, elle le parle couramment, mais tout comme moi, l’écrit est plus difficile. Nous rions en nous donnant la répartie.
la porte s’ouvre d’un coup sec, je sursaute et éclate de rire

........ Oh mais t’es vraiment un dingue

Franck vient se vautrer sur le lit et m’entraine dans une roulade ........ Alors mon emmerdeuse préférée comment vas-tu ?

Je m’accroche à son cou et le déstabilise, je saute sur son ventre ........ Et toi mon chieur préféré. Qu’est-ce que tu fais là ?

...... Je viens te voir puisque tu n’es pas capable de me prévenir de ta venue

..... Bah maman a dû te le dire !

Il me pousse se lève et va embrasser Delphine qui rougit. Il se retourne me tend la main, je me lève du lit

..... Oui évidemment.

..... Thibault est là ?

..... Non mademoiselle Clément, il ne va pas à l’école, et n’a pas de vacances, lui !

Je hausse les épaules ......... Oh sachant que sa sœur est là, tu aurais pu faire un effort

..... Et le règlement ? Je me torche avec ?

Je ris ...... Bah oui !

Nous allons à la salle à manger, Thibault droit comme un I les mains dans le dos attend. Maman revient de la cuisine.
...... Asseyez-vous mes enfants

Delphine se précipite sur son frère et tout en remerciant Franck, se jette dans les bras de Thibault qui la retient par les bras

D’une voix sûre, et masculine ....... Doucement Delphine !

Il lui fait la bise presque froidement, je suis saisie par son attitude.

Pendant le repas, Franck me titille comme d’habitude. Je réponds insolente en riant, quand j’entends Thibault qui sermonne mon amie. Je tends l’oreille

...... Tu l’as ni plus ni moins abandonnée, alors pourquoi l’avoir prise ?

Delphine répond sèchement...... Rien du tout, elle s’est mise tout le monde à dos par son attitude négative

...... Tu es l’ainée, c’était à toi de la prendre en charge et de ........
Et là, la colère monte en moi, je lui coupe la parole d’un ton sec ........ Dis donc Thibault, tu crois que si tu avais eu la même attitude désinvolte que Céline, tu serais là aujourd’hui ?

...... Elle pensait vivre avec Delphine, et ne pas couper ce lien qui nous unit.

….. Comment ça elle pensait vivre avec Delphine ? Tu crois que Delphine touche trois mille balles par mois et habite un dix pièces ?

….. Je ne dis pas ça, mais elle est paumée, et Julien l’a écarté

..... Non il ne l’a pas écarté, nous l’avons mise en garde plusieurs fois, et elle se foutait de nous, toujours à redire, elle est plus maline que tout le monde. Delphine veut s’en sortir et étudier tranquillement.

..... Il fallait, Delphine devait la protéger, au lieu de la balancer chez une vieille ou elle n’avait plus de repaires

….. Et ? Delphine étudie, va bosser pour nourrir ta saleté de frangine qui se vautre dans le mensonge et la paresse et c’est tout ?

….. Je ne dis pas ça, je dis que Céline est paumée

….. Et toi en arrivant ici, tu n’étais pas paumé ?

…… Aucune comparaison !

....... Thibault, écoute-moi bien, sa situation Céline l’a cherché, alors arrête de mettre ça sur le dos de Delphine, parce que je vais vraiment me fâcher. Tu crois quoi ? Que Céline est une sainte et Delphine une conne ?

....... Pourquoi avoir refusé de l’assister ?

.... On n’a rien refusé du tout. Avec l’accord du tuteur de Delphine et le mien, il était prévu que le samedi matin j’assiste Céline, Delphine travaille, elle n’a pas le temps. Bah figure-toi que le premier samedi elle est arrivée comme une fleur à dix heures vingt au lieu de neuf heures, disant que c’était trop tôt et qu’elle était fatiguée. Julien l’a virée. Le samedi d’après elle est arrivée à 8 heures, nous prenant au réveil. Ta sœur qu’est-ce qu’elle ne comprend pas dans neuf heures ? Elle ne sait pas lire l’heure elle est débile ou quoi ?

Thibault me regarde le visage fermé, j’attaque avant qu’il réponde ......... Alors puisque Delphine a échoué, bah démerde toi avec elle !

...... Cathy et Marc vous allez aussi les laisser dans la nature, s'ils ne plient pas doigt sur la couture à vos ordres ?

Je suis soufflée, du regard j’appelle Franck au secours. Un grand silence plane dans la salle à manger. Je respire un grand coup et lance hargneuse ........ Dis-moi, ce n’est pas ce que tu fais ? Tu ne mets pas ton doigt sur la couture de ton pantalon pour obéir aux ordres de ton supérieur ?

..... A la différence, je suis à l’armée, ce n’est pas le cas de Céline

..... Et bien figure-toi que quand on n’est pas capable de sortir une seule moyenne en un trimestre, qu’on n’est pas capable de se payer la fac, on change de rue et on va voir ailleurs. Elle est nourrie, logée blanchie chez une charmante dame, elle n’a que ses cours à penser, mais non, elle préfère s’amuser, bah qu’elle se démerde, je t’interdis de faire culpabiliser Delphine qui se décarcasse pour réussir, qui ne sort jamais, ne s’achète jamais rien, comptant ses sous un à un. Et toi, tu n’as pas trop de mal, nourri logé, avec ta solde, tu n’aides pas beaucoup les autres !

Il baisse les yeux ...... J’aide Céline comme je peux, j’ai aussi ma chambre à payer

..... Ah tu l’aides ! Pourquoi elle est au chômage ? Elle ne touche rien ?

..... Si bien sûr elle travaille

..... Et donc elle touche un salaire et ne s’en sort pas, et ça ne te pose pas de problème !

..... Elle ne gagne pas beaucoup

.... Ah bon, elle gagne combien ?

..... Aucune idée

….... Ah nous y voilà ! En fait tu n’en sais rien ! Et bien je peux te dire qu’elle gagne certainement plus que Delphine qui ne te demande jamais rien. Mais à la différence, dans deux ans, Delphine sera instit avec un super salaire et ta sœur continuera à torcher des culs pour presque rien. Tu comprends la différence ou tu es aussi débile que Céline ?

....... Je ne te permets pas

...... Eh bien moi je ne te permets pas de faire chier Delphine chaque fois que vous vous voyez. Céline se démerde, point barre ! On a fait tout ce qu’on a pu, elle n’a rien voulu savoir, n’en fait qu’à sa tête, envoyant chier son tuteur, le mien et celui de Delphine, donc on n’a plus personne à lui présenter.  Et là elle fait quoi ?

….. Elle continue ses études, et je n’ai pas vraiment le niveau pour l’aider, et pas beaucoup de temps.

...... Et ben, impeccable, elle fait comme tout le monde, elle étudie, elle écoute les profs, elle évite de sécher les cours et elle avancera. Elle a pris quoi ?

..... Sanitaire et social, ton frère l’a aiguillée

En entendant renifler je regarde mon amie, et là mon sang ne fait qu’un tour

.......... Arrête Delph, tu n’as pas à culpabiliser, tu as fait tout ce que tu pouvais.

....... Dans l’histoire c’est moi la méchante, l’égoïste qui ne pense qu’à moi

..... Ah ouais ?

Du menton je montre Thibault ........ Et en égoïste tu l’as laissé dans sa merde, tu n’as pas fait sortir non plus ta sœur ? Tu ne t’occupes pas en ce moment du reste de la fratrie ? Thibault dis-moi maintenant que tu es bien au chaud, tu fais quoi pour les petits ?

..... Je ne dis rien de tel, mais sortir Céline pour l’abandonner je trouve que ce ..........
Je le regarde droit dans les yeux et d’une colère qui explose je lui jette dans la tronche ......... Tu m’emmerdes avec Céline, je crois que tu es aussi con qu’elle, tu ne veux comprendre que ce que tu as envie. Delphine ne bougera pas, sinon je la balance à son tuteur, et je te prie de croire qu’elle passera un sale quart d’heure !

Franck ....... Laisse tomber Camille. Vous avez fait ce qu’il y avait à faire, pensez à vous, que Delphine s’occupe de ses études, elle a fait le maximum et ne peut donner plus.

Je me tourne vers Thibault ........ Dis-moi as-tu des nouvelles de ta sœur Cathy ?

Il s’empourpre ....... Non pas vraiment.

..... Ah étonnant, donc pour toi, tu n’as que Céline comme sœur, les autres tout va bien pour eux !

..... Non pourquoi tu dis ça ?

..... Et de Marc tu as des nouvelles ?

.... Il n’a pas de téléphone

…… Et Cathy elle a un tél ?

…… Non je ne pense pas.

.... Bah tu vois, Delphine tu sais cette conne, celle qui est égoïste et qui ne pense qu’à sa gueule, bah figure-toi qu’elle s’est arrangée pour que Cathy ait un téléphone, tous les mois elle envoie une carte prépayée, et elle est au courant de tout ce qui se passe chez vous. Peux-tu en dire autant ?

Il change de couleur........Je l’ignorais.

..... Alors ferme-là, avant d’accuser Delphine de tous les maux. Parce que c’est toi qui tu ne penses qu’à ta gueule. Ta gueule et celle de cette pauvre petite Céline qui dès que quelqu’un pète de travers te téléphone pour te le dire.

Thibault ne dit plus rien, maman pour une fois n’a pas mis son grain de sel, et Franck me regarde les yeux rieurs.

Je me tourne vers mon frère ....... Dorénavant abstiens-toi de l’emmener, quand on vient, ça évitera que Delphine s’en prenne plein la tronche ! Elle est ici pour se reposer, pas pour se faire engueuler par un je ne sais rien, mais j’ouvre ma gueule. Alors ramène le à la caserne, il aura le temps de s’occuper de cette saloperie de Céline

Un silence se fait autour de la table. Je suis dans une telle colère que je serais capable de le gifler, je m’aperçois qu’il est aussi abruti que Céline, et qu’il n’a pas beaucoup de respect pour son ainée. Avec lui il n’y a que la cadette qui doit être protégée, qui doit être soutenue. Et bien non.

Je vois Franck se lever et me faire signe. Nous allons dans la chambre des parents. Il referme la porte, je m’assois sur le lit

……. Qu’est-ce qui t’arrive la frangine.

…… Comment ça ? Tu trouves normal son attitude à cet abruti ?

Franck éclate de rire. …… Je ne peux m’en mêler, non je voulais savoir ton mail, c’est quoi ?

…… Bah tu sais, quand je vois le bordel que ça fait d’aider, je me demande si ça vaut le coup de poursuivre.

…… Allez, vide ton sac

….. Il y a leur sœur, je ne sais pas comment on peut l’aider

….. Comment tu as fait pour les deux autres ?

….. Oui, bien sûr mais elle n’aura 18 ans que dans six mois, si elle fugue elle risque quoi ?

Franck me regarde en souriant …….. Elle fugue, elle se fera rattraper ou pas par la police ou les gendarmes.

….. Et ils la ramèneront chez ses parents ?

….. Tout dépend, ce qu’elle leur dira, pourquoi cette fugue

….. Et c’est possible qu’elle ne se fasse pas pincer ?

….. Ça peut être possible oui !

….. Comment faire ?

…… Elle vaut le coup cette gamine ?

….. D’après Delphine oui.

Il rit ….. Comme l’autre ?

…… Non d’après Delphine, c’est une chouette fille

…… Elle part en calculant douze heures environ avant que les parents s’aperçoivent qu’elle ne rentre pas

….. Donc en gros, elle fait celle qui part au travail et elle ne rentre pas

…… Par exemple !

….. Et si elle arrive à se faire prendre, qu’est-ce qu’on risque ?

…… On avisera à ce moment-là

Je saute au cou de mon frère …….. Merci mon chieur préféré

Nous sortons de la chambre, enlacés. J’ai chaud au cœur, rien qu’à la pensée de l’annonce que je vais faire à mon amie.

Le café à peine avalé, Franck repart avec Thibault. Je suis écœurée par ce mec. 

Je réveille Delphine, je sais qu’elle n’a pas beaucoup dormi, mais il est déjà tard, et si nous voulons bouger , il faut se lever

Maman a laissé un mot sur la table de la cuisine, pour prévenir qu’elle est en courses avec papa.

Avec Delphine nous allons nous préparer, Maman met la table dans la salle à manger

….. On attend du monde maman ?

….. Oui Franck vient manger avec nous.

….. Avec Lise ?

Maman sourit. …….Non, elle sera là ce soir, d’ailleurs nous sommes invités chez Nicolas, je pense que la petite sœur sera présente

Je ne peux m'empêcher de pousser un soupir ......... Et ben, ça va être gai ! Maman je crois que maintenant nous ne viendrons plus, ou en tout cas je n'emmènerai plus Delphine si c'est pour qu'elle se retrouve dans une ambiance de merde

Maman ...... Tu ne peux priver ton amie de ses frères et sœurs

Delphine ....... Madame Clément, Camille a raison, je ne viendrai plus, sans vouloir vous froisser.

Pendant le repas, Franck me taquine, je réponds légère ce qui amène des sourires à mon amie, maman heureuse de nous entendre rire.

Je débarrasse la table et emmène le plateau dans la cuisine, je range verres et tasses dans la machine, Delphine amène le pot à café, le rince et l'essuie.

La sonnette nous surprend, Franck plus près de la porte va ouvrir, je l'entends parler, d'un coup mon cœur fait un bon. Riant et pleurant à la fois je me précipite dans l'entrée et me jette dans ses bras

..... Ma puce te voilà bien excitée.

Je me pends à son cou ....... Oh je suis trop contente

..... Je ne reste pas, je ne peux m'absenter longtemps. Je suis venu sur la demande expresse de tes frères.

Je l'entraine dans la salle, il embrasse ma mère, fait une bise à Delphine. Maman propose du café. Sans lâcher la main de Julien nous nous asseyons.

Julien demande à brûle pourpoint ....... Et chez ton frère comment ça se passe.

Franck sourit de cet air que je sais ironique ........ Tu auras un aperçu ce soir.

Julien ....... Je me doute !

La clé dans la serrure nous fait tourner la tête, mon père vient serrer la main de Julien ........ Je me rends présentable et j'arrive

Maman ....... Oui mon chéri, tu as du linge sur le lit

...... Merci ma bien-aimée

Je vais refaire du café, Delphine me rejoint dans la cuisine.

Je lui chuchote ......... Je pense qu’il y aura Céline ce soir.

..... Oui j'angoisse un peu

..... T'inquiète Julien est là, il ne va pas la laisser mettre la pagaille.

Julien me rejoint et m'enlace, Delphine sort.

..... Ma puce, nous nous réunissons ce soir, je veux annoncer nos fiançailles à ta famille, pour Pâques

....... Oui d'accord. Ce soir il y aura Céline ?

..... Oui, j'ai demandé la possibilité qu'elle soit invitée, je veux savoir où elle en est. Parait que tu t’es accrochée avec le frère.

Je souris ……. Comment tu sais ?

…… Franck m’en a vaguement parlé

J’éclate de rire ……. Oh le cafteur.

Julien me sert contre lui.

..... Thibault à pourri Delphine à midi, je me suis mise en colère.

..... Tu me raconteras ça ma puce, rejoignons-les

Mon père propre comme un sou neuf, donne le top départ. Le frère et la sœur monte avec mes parents, Franck nous conduit. Je laisse Julien devant avec mon frère.

Nous arrivons chez Nicolas. J'embrasse mon frère et ma belle-sœur, ma nièce me saute au cou, Elise et Pierre Jean sont là aussi

..... Yes tata tu es venue

Virginie nous conduit au salon et nous prie de nous assoir. Céline ne se lève même pas pour embrasser. Quelle punaise, je suis estomaquée. Avec son rictus ironique aux lèvres elle toise Julien qui ne fait pas un geste pour s'avancer vers elle. Il ne quitte pas ma main

Nous prenons place sur les grands canapés et fauteuils. Leur salon est grand, leur maison toute entière est grande. Moderne et claire

Une conversation bon enfant s'engage entre les jumeaux et mes parents. Thibault assis à côté de Céline, Delphine de l'autre côté seule. Je suis dégoutée de leur attitude. Les deux font blocs contre mon amie.

Julien de cette voix doucereuse qui me fait penser qu'un clash se prépare s'adresse à Céline.

...... Alors Céline que deviens-tu ?

Ironique elle sourit ......... Ça vous intéresse ?

Tous les yeux sont braqués vers elle.

 ....... Bien sûr que ça m'intéresse

........ Si ça vous avait intéressé vous ne m'auriez pas jetée et fait quitter mon taf !

...... Il me semble que ton boulot ne te convenait pas !

..... Et alors ? Au moins j'étais sur Paris, et vous m'avez mis dans un trou paumé

..... Beauvais est une jolie ville, si on s'intéresse à ce qui nous entoure

..... Ouais bah à Paris, j'étais bien, et je voyais ma sœur

..... Tu ne voyais pas ta sœur, tu emmerdais ta sœur, nuance !

...... De toute façon je n'ai pas envie de discuter avec vous !

..... Et je te comprends, sachant que tu as tort sur toute la ligne, tu n'as pas d'argument à avancer

.... Ouais bah vous n'êtes pas mon père, et vous n'avez rien à me dire

.... Exactement et c'est pour cette même raison, que je t'ai écartée de la vie de Delphine !

Julien se tourne vers Nicolas........ Et ça donne quoi ?

Nicolas sourit ...... Je t'avoue que je fatigue, c'est très difficile

..... A ce point ?

..... Mademoiselle Lambert a en tête de m'apprendre mon métier

Céline s'insurge ...... Mais n'importe quoi !

Franck éclate de rire ...... On peut savoir ?

Nicolas ....... Elle ne trouve pas utile de refaire une leçon qu'elle a déjà eu en étude

Julien ........ Et ?

..... J'ai expliqué à mademoiselle Lambert, qu'un six prouvait l'incompréhension, et qu'il était judicieux de revoir le cours.

Julien ...... Et ?

Nicolas sourit ....... Ce n'est que perte de temps pour mademoiselle Lambert !

Maman ......... Il faut être patient Nicolas, c'est nouveau pour cette petite

Nicolas de ce ton autoritaire que je lui connais bien .......... Maman, je suis d'une grande patience et tu le sais, mais quand tu as devant toi un mur il n'est pas utile de continuer !

Je jette un œil à Delphine, à Thibault puis à Céline pour voir leur expression. Delphine semble anéantie, Thibault n'a pas un cil qui bouge et Céline ne quitte pas ce léger rictus ironique

Julien ....... Tu as quelque chose à répondre Céline ?

........ A vous rien !

...... Et à monsieur Clément ?

..... Il me fait tout refaire, je perds du temps pour rien.

Julien demande à Nicolas ce qu'il compte faire.

..... Ecoute Julien, pour Camille, j'ai voulu rendre service connaissant Delphine posée et studieuse, Thibault s’est adapté sans problème, je me suis dit pourquoi pas, mais honnêtement il ne me sera pas possible de continuer si mademoiselle Lambert ne change pas d'attitude !

Julien d'un ton sec ........ Dis-moi Thibault, peux-tu défendre l'attitude de ta sœur ?

Thibault mal à l'aise ......... Je n'étais pas au courant.

...... Et donc sans être renseigné tu abreuves Delphine de critiques injustifiée jusqu'à la traitée d'ingrate et insensible au sort de cette peste !

Céline ........ Oh vous ne me traitez pas de peste, vous vous prenez pour qui ?

...... Je ne veux pas t'entendre, tu n'as pas la parole !

.... Ouais bah je parle si je veux.

Thibault ....... Arrête Céline

Céline geignarde ...... Tu vois Thib, ils sont tous contre moi, je n'ai même pas le droit de parler.

Delphine est pâle. Julien insiste envers Thibault ......... Je vous écoute jeune homme, qu'avez-vous à dire pour sa défense ?

Il attend quelques secondes, un silence de plomb embarrasse tout le monde. Thibault est rouge. Est-ce de l'embarras ? De la colère parce qu'enfin il se rend compte des problèmes que pose Céline ?

Julien ........ Rien, parce qu'il n'y a rien à dire !

Il s'adresse à mon frère ..............Nicolas, ne fais pas de sentiment, et ne perds pas ton temps. Agis comme bon te semble ! Son frère la prendra en charge, puisqu’elle n’est fautive en rien !

Il entoure mes épaules de son bras, Nicolas sert un nouveau verre à tout le monde. Julien d'une voix calme s'adresse à l'assemblée.
...... Ce point-ci étant éclairci, monsieur et madame Clément, je sollicite la permission de me fiancer avec Camille à Pâques.

Mon père ....... C'est avec un immense plaisir que je vous accorde cette permission

Un joyeux brouhaha emplit le salon, nous trinquons nos verres ensembles et à l'unisson, hormis Thibault et Céline qui parlent à voix basse.

Nous passons à table, Julien fait assoir Delphine à sa gauche, je me mets à sa droite. Le repas est plaisant, mes frères me taquinent, prévenant Julien que je ne sais même pas cuisiner

Je ris ...... Nous n'aurons pas besoin de manger, nous vivrons d'amour et d'eau fraiche

Mon père taquin......... Mimi, j'ai beau aimer ta mère comme au premier jour, j'ai besoin d'avoir la panse pleine.

Nous rions, la gaité est revenue, la joie d'être tous ensemble, le plaisir de partager un repas. Notre vie de famille comme je la connais et l'aime, laissant complètement de côté Thibault et Céline qui parlent à voix basse.

Vers minuit nous quittons la maison de Nicolas. Sur le parking nous nous disons au revoir. Franck repart avec Lise et Thibault. Nous partons avec mes parents.
Céline est raccompagnée par Nicolas à sa piaule.

Maman invite Julien à dormir. Il va à sa voiture et sort un sac de voyage, main dans la main nous montons. Discrètement je vais voir maman

...... Maman, ça t'ennuie si je dors avec Julien

.... Mais non ma puce, Delphine dormira dans la chambre des garçons

J'embrasse ma mère et la remercie

Je gratte à la salle de bains. Delphine la bouche pleine de dentifrice m'ouvre. ........ Ma louloute, ça t'ennuie de dormir seule ?

Elle se rince la bouche ...... Bah je m'en doute lâcheuse.

Je souris et l'embrasse, je mets une main sur la porte pour ne pas qu'elle sorte .......... Ma chérie, je ne veux pas te donner de faux espoirs, mais je crois que ta frangine a encore foutu sa pagaille.

...... Je sais, bah tant pis pour elle. Et j'espère bien que ton frère va la lâcher, elle finira par comprendre

Je hausse les épaules ........ Je crois que tu as raison, elle n'est pas nette.

Nous nous faisons la bise. Je me brosse rapidement les dents et laisse la place à Julien.

Nous nous endormons dans les bras l'un de l'autre.

A midi Julien mange avec nous. Avec mes parents, ils parlent des fiançailles, exprimant le désir de les faire dans un restaurant ici, quant au mariage, il aimerait que ça se passe à Montmorency 

Mon père se range de l'avis de mon chéri. Ils se contacteront par téléphone pour les fiançailles. C'est le cœur gros que je me serre contre lui avant de l'accompagner sur le parking, il est seize heures.

...... Je te téléphone ma puce. Recommande à Delphine de ne pas s'occuper de sa sœur

...... T'inquiète je crois que là, elle a compris

Il me fait un dernier bisou et monte dans sa voiture. J'attends de ne plus le voir pour remonter, le cœur lourd

Delphine dans ma chambre, assise sur le lit, feuillette mon magasine.

...... Bichette ça va ?

Je souris ...... Oui c'est toujours un peu dur

..... Veux-tu faire un tour ?

..... Heu ça caille dehors

..... Tu veux faire quoi ?

.... Et toi ?

..... Ton frère va laisser tomber Céline ?

..... Aucune idée, je vais lui téléphoner, j'ai quelque chose à lui demander

..... Tu veux que je sorte.

..... Ah non, je n'ai rien à cacher.

Tout en parlant je clique sur le numéro de mon frère, c'est Virginie qui me répond assez sèchement

..... Je te passe ton frère

..... Allo ?

..... Nico, j'ai un service à te demander

..... Oui !

.... Tu pourrais me prescrire la pilule ?

Il éclate de rire ....... Tu joues à touche pipi ?

..... Oh t'es un chieur

..... Fais une prise de sang et viens me voir

..... Ah gros bêta je fais comment ?

..... Tu viens au cabinet dans la semaine, prends rendez-vous avec ma secrétaire

..... Heu demain ?

..... Si tu veux. 

..... Et ça sert à quoi la prise de sang

..... A savoir si tu n'as pas de cholestérol, de diabète que sais-je

.... Et si j'en ai ?

..... Pas de pilule.

..... Et je fais comment ?

.... Tu mets un stérilet

..... Ah ok. Et pour un stérilet ?

..... Tu l'achètes et je te le pose

..... Ah !

.... Ah quoi ?

Je ris ...... Bah tu es mon frère quoi

.... Oui et ?

.... Bah je ne vais pas te montrer mon cul

..... Au cabinet il y a un gynéco, tu iras le voir

.... D'ac. Autre chose, tu vas continuer ou pas avec Céline ?

Je mets le haut-parleur ....... Si elle ne change pas d'attitude non. Je n'ai pas le temps Mimi, j'ai accédé sur la demande expresse de Julien, mais on ne peut rien en tirer

..... Et elle fera quoi alors ?

.... Ecoute, elle ne veut pas bosser, je ne suis pas magicien.

.... Mais en ce moment elle fait quoi ?

.... Elle prend des cours par correspondance, elle bosse au supermarché comme caissière

..... Ah d'accord. Et ça lui convient ?

..... Quand elle ne s'absente pas sans raison, je pense que ça va

.... Pourquoi elle manque aussi son taf ?

..... Elle ne veut pas être du matin, c'est trop tôt, elle ne veut pas être du soir, elle n'a pas le temps d'étudier

..... Ah carrément !

..... Mimi, je te laisse, j'ai les devoirs de Manon à vérifier

..... Ok merci Nico à demain, bisous

Je raccroche ...... Ma chérie, te voilà fixée.

.... Ouais, on arrête d'en parler. Je ne veux plus rien savoir d'elle.

Dès le petit déjeuner, je préviens maman qu’on va à Beauvais par le car.

Avec Delphine nous nous préparons. Nico nous reçoit avec un grand sourire et nous fait la bise sous l’œil curieux de la secrétaire médicale.

Nous pénétrons dans son antre, moderne. Il prend ma tension et griffonne sur une ordonnance une prescription qu’il me tend

..... Il serait bien à Paris que tu fasses une analyse de sang, je te la donne un mois pour commencer, tu me téléphones tes résultats et je te file pour trois mois

..... D’ac ça marche. Tu pourrais donner un décontractant ou un truc comme ça à Delphine ?

Il regarde mon amie qui s’empourpre. Il prend sa tension, lui pose quelques questions sur son sommeil, son alimentation. Elle répond honnêtement, disant qu’elle se réveille souvent la nuit en sueur et qu’elle manque d’appétit

Je rajoute ....... Je sais qu’elle pleure beaucoup

Nicolas ....... Qu’est-ce qui te fait pleurer ?

Elle baisse la tête, fuyant le regard de Nicolas qui essaie de lire en elle.

..... Bah tu sais avec sa frangine qui déconne, elle en prend plein la tête par son frère, et elle s’inquiète pour les autres

Nicolas fait oui de la tête ........ Delphine, tu ne peux te rendre malade pour ta sœur qui n’a rien compris et qui ne veut pas donner un minimum. Nous ne pouvons la pilonner, c’est sa vie elle est majeure et consciente qu’elle joue son avenir.

..... Je sais monsieur

..... Alors pense à toi, tu as fait le maximum avec ma sœur, tu ne peux faire plus. Pour l’instant elle a repris ses études mais c’est très laborieux ! Le directeur est un ami, mais à la longue il ne pourra pas la garder, elle n’est pas gérable.

Une nouvelle fois il écrit sur son ordonnancier, sans rien rajouter d’autre. Il tourne la feuille vers Delphine et de la pointe de son beau stylo il déchiffre ......... Celui-ci un matin et soir, un dans la journée si tu ne te sens pas tranquillisée, celui-là un le soir au coucher. Tu évites le café le soir, et la cigarette !

..... Oui docteur merci.

Nicolas se lève, Delphine demande combien elle doit

..... L’amitié sincère envers Camille qui t’a tendu la main.

..... Je considère Camille comme ma sœur.

Nicolas sourit et nous raccompagne à la porte. Nous l’embrassons.

J’emmène Delphine directement à la pharmacie pour être sûre qu’elle ait ses médicaments. En même temps je prends mon ordonnance.

Nous allons au café boire un chocolat. Je n’ose pas aborder un sujet de peur que mon amie éclate en sanglots. C’est elle qui démarre une conversation

..... En fait tes frères impressionnent au premier abord, mais ils sont cools

Je souris ....... Oui ce sont des grands dadais, toujours à rire et à faire une blague surtout quand ils sont ensemble. Leur métier leur donne une certaine prestance, mais en dehors ils sont comme tout le monde, ils aiment rire

..... Tu as une belle famille ma bichette.

...... Je te remercie

..... J’adore tes parents, ce sont des gens pleins de chaleur et de cœur. D’ailleurs tu m’emmèneras chercher un petit cadeau pour ta maman

..... Mais non, elle n’a pas besoin, garde tes sous

..... Le peu que ma grand-mère m’a donné comme valeur je veux les garder. Et je ne peux pas aller taper l’incruste chez tes parents sans les remercier

.... Louloute, la grosse venait tous les jours, elle n’a jamais offert une fleur du jardin à ma mère alors tu sais

Delphine sourit ........ Je ne suis pas la grosse bichette.

Je prends la main de mon amie ......... Je sais ma chérie, et j’ai appris avec toi ce qu’est la vraie amitié, tu es une fille grandiose

...... Non c’est toi qui es grandiose. Comment vous remercier, comment remercier Julien ?

Je ris .... En ramenant des dix-huit

Elle éclate de rire ...... Bon dix-huit c’est un peu beaucoup, mais c’est sûr que je bosse pour lui faire plaisir, et pour m’en sortir

..... Et tu vas t’en sortir, et tu seras la maitresse de notre enfant peut-être

.... Tu veux des enfants ?

.... Heu bah oui, mais pas tout de suite, mais oui j’aimerais bien

..... Moi aussi j’aimerais des enfants, mais saurais-je leur donner de l’amour sans en avoir jamais reçu ?

..... C’est naturel ma chérie, ça vient tout seul. Allez prend un petit cachet et sortons nous promener

Elle avale son cachet avec le fond de son chocolat. Je paie les consommations et l’entraine vers les rues piétonnes. Des soldes sont affichées en vitrine.

Delphine m’aide à choisir un très bel ensemble pantalon veste longue, et une jolie robe en lainage turquoise, faisant ressortir la finesse de mon corps tout en dessinant parfaitement mes courbes.
Elle est un peu chère, malgré les soldes, mais je me laisse tenter, maman m’ayant glissé quelques billets

En sortant du magasin je glisse mon bras sous le sien ........ Allez ma chérie, trouve-toi quelque chose qui te fasse plaisir

..... Non ça va, j’ai ce qu’il faut

Je fais celle qui se fâche ......... Bon tu te trouves quelque chose et tu me rembourseras à crédit. Je veux que tu prennes une robe ou un truc pour quand on va au resto

Elle plaisante ....... Heu comment te dire que je ne vais pas me fiancer avec un apollon. Tu l’as piqué, et à part Patrick et Claude, bah il n’y a plus personne de libre

...... Désolée ma chérie, mais tu sais je n’ai rien fait

...... Ah non juste lui taper dans l’œil alors que je me morfondais d’amour pour lui dès que je l’ai vu.

J’éclate de rire ....... Hé c’est toi qui m’as dit dès le début qu’il en pinçait pour moi

..... Bah oui babache, c’était marqué sur son nez ......... Je l’aime ....... Oh je l’aime……. Je l’aimeuuuuu

Je ris de bon cœur. Je retrouve mon amie, la drôle, la taquine.

Nous allons déjeuner à la brasserie de la place Hachette, nous nous régalons de belles tranches de rôti de porc et d’endives braisées.

Je sens mon amie, à l’écoute, plus détendue. Est-ce déjà ce petit cachet qui ferait de l’effet ? Est-ce parce que depuis longtemps elle est bien ?

Après un café, nous repartons bras dessus-bras dessous. Je réussis en mettant toute ma conviction à décider Delphine de se prendre cette jolie robe en jersey noir, agrémenté de petites fleurs blanches sur la jupe évasée, le haut ressemblant à un corsage enfilé dans un mini pull.

Soldée à 70% je l’offre à mon amie. Nous repartons en direction de la gare pour attendre le car. Elle s’arrête pile devant la boutique ‘’cadeau et plaisir’’ et entre sans prévenir. Elle fait le tour et se fige devant une étagère.

..... Oh comme c’est joli !

La vendeuse s’approche ....... C’est du cristal teinté mademoiselle.

..... Non Delph, laisse tomber

Sans s’occuper de moi elle demande prix. La vendeuse, la rassure expliquant qu’il est soldé à 30% et qu’il ne coute que 97€

.... Pouvez-vous me faire un paquet cadeau ?

..... Oui bien sûr mademoiselle

Je me récrie ........ Non Delphine tu déconnes, tu n’as pas les moyens

Elle me tire la langue ......... J’ai eu mon salaire.

Je pousse un soupir ......... Tu es une emmerdeuse

Elle éclate de rire ....... Ah bon ?

De retour à la maison, nous montrons nos emplettes à maman, qui s’extasie

..... C’est bien les filles, il faut savoir vous faire plaisir.

Je coupe net Delphine, quand elle commence à dire que je lui ai offert sa robe. Nous allons ranger nos achats et revenons demander à maman si elle veut un coup de main

..... Non ma puce, on attend papa pour passer à table

Delphine toute timide tend le joli paquet à ma mère

..... Qu’est-ce que c’est ?

...... C’est pour vous remercier de me recevoir, pour votre gentillesse avec monsieur Clément

.... Mais non ma puce, il ne faut pas dépenser tes sous. Les amies de Camille sont les bienvenues.

Delphine fait non de la tête. Mon père arrive il nous regarde tour à tour.

Maman émue ......... Delphine m’offre un présent

Mon père sourit à Delphine ...... Ce n’est pas son anniversaire

Mon amie sourit timidement ....... C’est pour vous remercier de votre gentillesse avec madame Clément

Un OH de surprise poussé par ma mère nous arrête net. ......... Oh comme elle est magnifique, c’est une fleur de lotus.

Ma mère se lève et serre Delphine dans ses bras. ……… Merci ma puce, ça me touche profondément

Mon père très peu enclin aux effusions met un terme, prétextant qu’il a faim. Nous rions.

Pendant le repas, papa explique à Delphine, qu’elle n’a aucune culpabilité à avoir même si elle est la grande sœur, elle ne peut tout autoriser à son frère.

Mon amie émue remercie mon père avec gentillesse.

14 février 2003

Fin février

Je n’ai pas fermé les volets, hier en me couchant. Un pâle rayon de soleil me réveille.

J’ai bien dormi, je me sens reposée. En me penchant légèrement je peux voir l’heure sur le radio réveil. ...... Oh neuf heures vingt !

Je saute du lit et me fais un café que je bois debout. Je range vite fait la table que Delphine a laissé à mon intention. Je file à la salle d’eau, prends ma douche et me lave la tête.

En peignoir devant mon armoire j’hésite entre ma jupe de tweed, mais il la connait, mon tailleur, ma robe noire. J’opte pour cette belle robe bleue.

Je fais mon lit et retourne boire un café. J’envoie un SMS à Julien pour savoir à quelle heure il veut que je vienne.

La réponse ne se fait pas attendre. ‘’ Dès que tu veux chat’’

Je souris, rince ma tasse et enfile mon manteau. Je mets mes belles bottes en cuir.

Dehors malgré le soleil, l’air est vif. Pressant le pas, je remonte le grand boulevard, et appuie sur le bouton de Julien. Aussitôt la porte se déclenche. Je monte l’étage à pied. Julien m’attend tenant la porte palière ouverte, Un grand sourire aux lèvres

Il écarte les pans de mon manteau ....... Tu es en beauté ma chatte. C’est pour moi ?

Taquine ...... Mais non quelle idée. C’est pour ton voisin

Il attrape ma main, et me fais rentrer d’un geste brusque. Il me plaque le long du mur, referme la porte de son pied. Il m’embrasse presque sauvagement. Quand il me relâche je suis haletante
Taquin il me dit ......... Je vais t’apprendre à draguer les vieux de soixante-dix ans

J’éclate de rire. ..... Ton voisin à soixante-dix ans ?

..... Oui mademoiselle.

Tout en parlant il m’aide à défaire mon manteau. Marina arrive de son pas souple et silencieux. Julien lui tend mon manteau. Je lui fais un grand sourire ........ Bonjour Marina

....... Bonjour mademoiselle

Julien m’entraine vers le salon. Nous nous asseyons sur le canapé, il entoure mes épaules, je cale ma tête sur sa poitrine

..... Tout va bien mon chat.

.... Oui je me suis levée à neuf heures et demi

Il rit ...... Marmotte.

Marina amène un plateau avec un grand verre de limonade et un de whisky. Julien se penche et attrape le verre de limonade qu’il me tend. Je le remercie. Il trempe ses lèvres dans son verre

...... Chat, je voudrais te parler de plusieurs choses.

.... Heu oui.

Je le regarde, son ton sérieux me fait frémir. Il dépose un baiser sur le bout de mon nez et me sourit

..... Comment vois-tu nos fiançailles ? Personnellement j’aspire à un petit comité.

.... Heu bah chez nous, nous sommes déjà neuf je ne peux pas ne pas inviter mes frères.

... Non bien sûr ma puce. Tout comme j’inviterais Johanna et Frédéric, je parle de connaissances, d’oncle et tante

Je souris ...... Ah non, rassures-toi, nous ne les voyons qu’aux enterrements. A part le mariage de Franck, parce que lui c’est son parrain

..... Et ton parrain et ta marraine ?

..... Je n’ai pas de marraine, mais deux parrains, ce sont mes frères

.... Original !

..... Et toi ?

..... Ils sont morts, c’étaient mes grands-parents.

..... Ah désolée !

.... Ne sois pas désolée, ils auraient cent ans.

Je bois un peu de ma limonade, j’aimerais qu’il me parle de lui. Je n’ose pas demander

..... Je pense que tu inviteras Delphine !

.... Ah bah oui, tu sais, elle est tellement gentille, avec elle j’ai compris ce qu’était la véritable amitié. C’est une fille en or

..... C’est une bonne petite. Elle ira loin.

..... Elle est triste en ce moment et je ne peux même pas l’aider.

..... Pour sa sœur ?

.... Bah oui, demain matin elle bosse, demain après-midi tu es avec elle, et le dimanche bah c’est mort !

...... Que veux-tu faire Tu ne peux pas sauver la fratrie, ils sont combien encore ?

... Heu je ne sais pas cinq ou six, heu non sept je crois

.... Avant que le dernier soit majeur, nous serons grands parents

J’éclate de rire ........ Oh tu es bête.

.... Dis donc chipie !

.... Sans rire, on ne peut vraiment rien faire contre ces tarés ?

.... Il faudrait que les majeurs portent plainte, écrivent à un juge d’enfants, qu’il y ait une enquête. Ce qui prendra des mois, voire une année.

.... Et on ne peut pas accélérer ? On ne peut pas mettre leur dossier un tout petit peu sur le dessus

.... Corruption mademoiselle Constant ?

Je ris .... Sois sérieux, Delphine trime à l’école, mais elle n’a pas la tête vraiment bien vissée. Elle va se rendre malade, à force de pleurer. Elle ne mange pas beaucoup, elle ne dort pas, elle ne vit que de clopes et cafés

..... Malheureusement avant d’attaquer au pénal, il y a des démarches à suivre

.... Mais tu connais peut-être un juge, un avocat, quelqu’un dans tes relations.

.... Bien sûr, mais ils ont des affaires à traiter, des dossiers urgents. Delphine et sa fratrie n’est pas le seul cas

.... Mais là il y a sept enfants à sauver

Il pose son verre et me regarde droit dans les yeux je finis par baisser les miens. De son doigt il remonte mon menton et me sourit, de ce sourire qui me fait chaud au cœur, qui fait ressortir ses fossettes.

...... Entêtée tu ne lâches jamais ?

Je souris me penche et l’embrasse en mettant mes mains autour de son cou. Je l’attire à moi. Tout près de ses lèvres je murmure .......... Je t’aime monsieur le Juge

Il m’enlace ....... Moi aussi ma chatte.

Pendant le repas, je lui raconte ce que je sais de Delphine et sa famille, avouant que je ne connais pas ses frères et sœurs

Julien me glace le sang ........ Tu sais qu’ils seront placés dans des familles d’accueil. Delphine est d’accord ?

.... Ah ! Non bah je ne sais pas. C’est obligé ?

.... Ma puce, si on met la justice en marche, ils ne vont pas laisser les enfants dans ce climat de terreur et de coups, ils seront bien obligés d’être placés

..... Faut en parler à Delphine avant.

.... Evidemment, je ne vais pas prendre les devants sans son assentiment !

Marina débarrasse le couvert, et nous porte le café au salon.

……. Je pense qu’avant de nous occuper de cette fratrie, j’aimerai que l’on s’occupe de nos fiançailles

……. Oui bien sûr.

…… Puce, j’ai des dossiers par-dessus la tête, je n’ai pas vraiment le temps de me pencher sur celui-là. Voyons ça plus tard.

…… D’accord

A peine le café bu Julien m’entraine vers sa chambre. Dans ses bras, j’essaie de reprendre mes esprits. La tête posée sur son torse je peux écouter ses battements de cœur accélérés

Il me serre fort ........ Ma chérie, tu es merveilleuse.

Je ne dis rien, savourant ce précieux moment.

...... Levons-nous ma puce.

A la salle d’eau je prends une rapide douche avant de m’habiller. Je retourne au salon espérant trouver Julien.  Il arrive du fond du couloir en rangeant son téléphone dans sa poche de veste.

Marina apporte un petit plateau avec deux cafés, je la remercie d’un grand sourire.  

..... Puce, allons-y

Nous repartons à mon appartement. J’ouvre avec ma clé. Delphine est devant ses bouquins les yeux rouges. Elle se lève aussitôt

....... Bonjour monsieur

Il avance et lui fais la bise ....... Assieds-toi

...... Merci monsieur.

..... Que fais-tu ?

..... Je révise mon anglais, lundi j’ai un contrôle

Julien sourit ....... Monsieur, Delphine !

Mon amie s’empourpre .... Oui monsieur.

..... Range tes cahiers pour l’instant, j’ai à te parler !

Je m’assois et propose à Julien quelque chose à boire.
..... Merci ma puce, ça ira. Tout à l’heure !  

Delphine revient et attends droite, je la sens mal à l’aise.
..... Assieds-toi

Elle le remercie. Julien en bout de table, Delphine en face de moi. Il change de place et vient se mettre sur la chaise libre à mes côtés.

...... Regarde-moi Delphine.

Mon amie lève son regard brillant de larmes, mon cœur se serre. Aurait-elle eu une mauvaise note ? Elle pleure à l’idée de ce qui l’attend ?

..... Pourquoi pleures-tu ?

Delphine fait non de la tête.

..... Des mauvaises nouvelles ?                  

D’un geste tremblant elle ouvre son téléphone, et la voix enrouée explique à Julien ....... Non pas de nouvelles, j’attends !

…… Demain matin, si tu as besoin, le principal est prévenu que tu risquais d’être absente !

Delphine me regarde avec un petit sourire …….. Merci monsieur

Julien ........ Bien ! Allez, vous apprêtez, je vous emmène diner !

D’un bond je me lève et vais aux toilettes. Je me lave les mains, me repeigne et vaporise un peu d’eau de toilette. Je rectifie mon maquillage.

Delphine me sourit tristement. Je presse son bras en signe d’affection. …… Ça va ?

Elle fait oui de la tête, retenant un sanglot.

En voiture Julien prend ma main, et la met sur le pommeau de vitesse, il l’emprisonne avec la sienne. Je regarde son profil soucieux.

Il se gare dans le parking souterrain de Palais Royal. Un bond dans ma poitrine, me fait savoir que nous allons retrouver la bande.

Patrick et Claude sont attablés. Je saute dans les bras de Patrick qui sourit, puis je passe dans les bras de Claude.

Nous nous asseyons, Patrick demande à Delphine comment elle va

....... Bien monsieur.

..... Tes résultats ?

.... Si, si ça va, enfin je pense que monsieur est satisfait

Julien ...... Sinon, elle connait le tarif !

Delphine sourit en rougissant. Patrick se tourne vers moi ........ Et toi mon petit ? Tu avances ?

..... Heu j’ai essayé de continuer mon mémoire, mais le chapitre est compliqué

Il fronce les sourcils ....... Et tu as perdu mon numéro de téléphone ?

Je souris .........  Non mais j’étais en stage depuis un mois, difficile de vous faire venir le soir tard.

Patrick regarde Julien .......... Et alors ? On la laisse dans la nature.

Julien ......... Mon cher c’est ton élève pas la mienne !

Patrick ...... Tu reprends la Fac ?

.... Heu oui lundi

..... Bien je serai là !

Le repas est drôle, les hommes font preuve d’humour, je sens mon amie se détendre, Julien et Patrick la taquinent à plusieurs reprises.

Julien nous dépose devant mon immeuble, il laisse Delphine monter.

…… Chat je te téléphone rapidement. Ce week-end je vais être pris, j’ai un dossier épineux à voir avec mon beau-frère.

….. D’accord.

Après un long baiser sous le porche, à la lumière du réverbère, je le regarde monter dans sa voiture, le cœur gros.

Je gratte à la porte, Delphine m’ouvre.

…… Tu faisais quoi ?

….. Je me suis mise en pyjama, et j’attendais pour aller fumer

…… Bah ouvre la fenêtre, tu veux un café ?

Elle hausse les épaules ……. Tu en prends un ?

Je souris …….. Oui bien sûr.

… .... Oui alors !

Je pose les tasses sur la table, et donne une soucoupe à Delphine, pour lui faire un cendrier.

….. Merci bichette.

….. Allez souris-moi, bon j’ai eu une idée, mais je ne sais pas encore comment la mettre en application.

….. De quoi ?

…… Je t’en parlerai quand j’aurai mis mon plan bien à plat.

…… D’accord. Moi j’ai eu ma grand-mère au téléphone, elle aimerait faire ta connaissance.

.... C’est gentil. Et elle, elle ne se déplace pas ?

.... Ah si bien sûr !

.... Et pourquoi tu ne l’invites pas ?

..... Bah comment tu veux que je fasse ?

.... Bah tu téléphones et tu lui dis de venir par exemple aux vacances. Au fait tu es en vacances ou pas ?

.... Je ne sais pas du tout, je pense que je bosse

.... Oui ou pas, puisque normalement les mômes rentrent chez eux.

.... Je demanderai.

.... Oui et on va chez mes parents, on rentre un peu avant et tu invites ou tu vas voir ta grand-mère

.... Louloute je ne pourrai pas me payer deux billets de train

..... Ah ouais, bon bah tu l’invites

.... Oui d’accord je verrai comment faire parce ......
Son téléphone bipe message, elle lit et devient blanche elle me passe le téléphone

..... Impossible demain, le père a demandé à l’intérim si je travaillais, j’ai pris une rouste

Je ne peux m’empêcher de dire ....... Oh merde !

..... Je m’en doutais.

...... Je ne sais pas quoi te dire ! Je suis désolée.

..... Tu n’y es pour rien.

Elle débarrasse les tasses, m’embrasse ……… Bonne nuit bichette

…… Bonne nuit, essaie de dormir

De la tête elle fait oui.

En me levant, ma première pensée va vers Delphine je regarde dans sa chambre, son lit est fait elle a préparé mon mug et une tartine. Malgré tout, elle est partie travailler. Mon cœur se serre, j’envoie un message à Julien

‘’Bjr Mr, bien dormi ? ‘’

J’espère qu’il va m’appeler. Je me sers un nouveau café et vais m’habiller d’un jeans et d’un sweat. J’attache mes cheveux.

Je regarde l’heure, il n’est pas tard, je passe un coup de balai par terre, fais mon lit et mets une machine de linge en route.

Au moment où je veux boire un nouveau café mon téléphone chante

….. Coucou comment ça va ?

..... Ma puce, et toi ? As-tu bien dormi ?

Je le taquine ...... J’ai eu froid cette nuit.

..... Le chauffage ne fonctionne pas ?

J’éclate de rire ...... Bah si mais je ne mets pas le radiateur dans mon lit

Il rit à son tour ....... Coquine, je te réchaufferai ce soir. Fais-moi une petite place

...... Ah cool alors.

..... Delphine est là ?

.... Elle est allée travailler

..... Et sa sœur ?

En deux mots je lui explique que le père s’est renseigné et qu’elle a pris une trempe d’un autre monde. Je l’entends soupirer

..... Vous allez chez tes parents pendant les vacances ?

Je souris .... Oui si tu ne la punie pas

Je sens qu’il sourit aussi ....... Chat, comment veux-tu que je la punisse avec les notes qu’elle me ramène. Je commence à m’ennuyer je vais prendre une petite qui a besoin d’être déculottée !

...... Oh tu vas laisser tomber Delphine ?

..... Je plaisante chat ! Mais il est certain que septembre, elle sera bien lancée je superviserai seulement

..... Ah !

.... Je te vois tout à l’heure chaton, bon appétit.

.... Merci toi aussi.

Je raccroche songeuse. Ne vais-je pas prendre ombrage qu’il s’occupe des autres ? Il faut que je me raisonne. Il m’a prévenu et je ne veux pas montrer que je pourrais être possessive

Je sors le poulet que nous avions mis à décongeler. Je l’enfourne avec des pommes de terre. Je prépare une salade d’endive avec une petite boite de maïs, je coupe des dés de gruyère et mets la table.

Devant la télé, j’essaie de relire mon ébauche, je sais qu’elle est nulle, mais j’ai l’esprit tellement occupé par plein de choses et je n’arrive pas à me concentrer sur cette fin d’études. Je range.

Devant la télé, en regardant les images défiler, j’essaie de penser sereinement. Il ne faut rien précipiter si on veut que ça fonctionne. Déjà il faut que je demande à Franck, il pourra me renseigner des conséquences.

La clé dans la serrure me tire de mes pensées. En souriant je vais à la rencontre de mon amie
.... Coucou, ça été ?

Tout en enlevant son manteau ........ Oui, ils étaient étonnés, mais j’ai dit que mon rendez-vous était reporté.
.... Ah d’accord. C’est prêt si tu as faim

..... Moyen, je vais me laver les mains

Je fais oui de la tête tout en sortant le plat chaud du four. Je sers la salade dans chaque assiette. Delphine me rejoint

Nous mangeons en papotant de divers choses, je n’aborde pas le sujet qui la fait souffrir.

..... Tu bosses cet après-midi ?

..... Ah non pourquoi ?

..... Non enfin sur tes devoirs,

..... Bah non j’avais tout fait pour être tranquille

..... Julien vient vers trois heures, mais je ne sais pas ce qu’il voudra faire. Peut-être je vais te laisser seule ma louloute

..... Ce n’est pas grave bichette. Profite de ton chéri.

En souriant elle rajoute ....... Comme ça il n’est pas sur mon dos

Je me lève et commence à débarrasser je remplis la machine, Delphine nous fait un café. Nous restons dans la cuisine, j’ouvre la fenêtre en grand

..... Vas-y fume ici. Tu sais il faudrait acheter des bougies parfumées

Elle éclate de rire ........ Excellent, et il ne va pas s’en douter !

Je hausse les épaules ...... Mais non, on lui dira que ça sent la poubelle.

Nous rions en débitant des âneries. Je sens Delphine se détendre. La sonnette nous arrête dans notre gaité. Les larmes aux yeux je vais ouvrir la porte. Julien dépose une délicate bise sur mes lèvres

..... Tout va bien ?

En essuyant mes yeux je le rassure. Delphine se lève rapidement, elle s’est refait une tête, mais ses yeux contiennent encore plein de rires.

..... Fais-moi un café Delphine, je te prie

.... Oui monsieur.

..... Tes devoirs ?

.... Ils sont faits

..... Bien j’espère

.... Oui monsieur

Je lui donne son café

..... Des nouvelles de ta sœur Catherine ?

..... Non monsieur.

Il se tourne vers moi ......... Puce sortez, allez, vous aérer je ne peux pas rester.

Déçue je fais ....... Ah bon !

Il sourit ........ Je te vois ce soir, d’accord ?

A contre cœur je réponds .......... Oui si tu as le temps

Il éclate de rire ...... Dis-moi chipie, serais-je rentier ?

Je le regarde en haussant les épaules ......... Bah non

..... Alors je me dois d’aller au tribunal !

Il se lève, va vers Delphine et remonte son menton ........ Quitte cet air de martyr !

Elle tente un sourire ...... Oui monsieur

Il vient vers moi et m’enlace ........ Allez boudeuse, accompagne-moi

Sur le palier, il m’embrasse longuement ........ Puce, tu ne peux bouder. Je n’ai pas un métier avec des heures de bureau

..... Oui bien sûr.

...... Je te téléphone en sortant du palais

..... D’accord.

Je referme la porte les larmes au bord des yeux. Delphine a débarrassé la table, elle est dans sa chambre. Je ne la dérange pas et vais dans la mienne. Je m’allonge sur mon lit avec mon bouquin. Je finis par m’endormir.

Je ne verrai pas Julien du week-end, je suis en colère, déçue. Je n’arrive pas à mettre un nom sur mon sentiment.

L’amphi est bruyant, un certain remue-ménage se fait entendre. Dès l’entrée de monsieur Delabarre le silence se rétabli comme par miracle.

Ce midi j’accompagne mes quelques potes à la cafétéria, tout en mangeant nous discutons de l’approche de notre examen, Mélanie demande qui continue après

Christophe ....... Pourquoi tu comptes t’arrêter ?

Mélanie ....... Non mais après la licence, je m’oriente. Tout compte fait le pénal ne m’attire pas vraiment

Christophe ...... Et tu comptes aller où ?

Mélanie ...... Je ne sais pas encore, je vais voir avec Delabarre, je vais lui demander conseil

Je les laisse discuter et termine ma compote. J’ai hâte d’être ce soir, de savoir.

L’après-midi ce nouveau prof, nous fait un cours léger. Plusieurs rires éclatent dans la salle.

La journée se termine je ramasse mes affaires rapidement, fais un coucou de la main aux étudiants et presse le pas jusqu’au métro.

Julien et Delphine sont installés dans la cuisine, je dépose un doux baiser sur les lèvres de Julien et fais une bise rapide à Delphine. Pour ne pas les interrompre je vais dans ma chambre.

Ce midi je ne m’attarde pas avec les potes, je décide de rentrer.

Je mange rapidement et range mon désordre. Mon Pc sur la table, j’avale mon yaourt. A l’issue d’une heure de recherches infructueuses, je me fais un café. 

En pleine lecture d’un article je suis interrompue par la sonnette. Etonnée je vais voir qui ça peut être. Dans l’œilleton je vois la petite figure de Magali. J’ouvre agacée

...... Bonjour ma grande que fais-tu là ?

...... Nous sommes mercredi, mais Claude m’a dit de venir plus tard parce que tu avais du travail

Mécontente après Claude j’ouvre grand .......... Bon bah rentre

Elle me regarde étrangement, je lui souris. Après tout je ne vais pas passer ma colère sur elle

Je la laisse enlever son affreux manteau élimé et lui propose quelque chose à boire

...... Non merci

..... Je n’ai pas spécialement préparé de leçon. Nous allons faire des révisions

.... Oui

Mon ordinateur allumé, j’ouvre mes favoris et clique sur les liens ayant trait aux leçons vues. Je mets en impressions plusieurs exercices et lance l’imprimante.

Dans ma chambre je vais chercher la dizaine de feuilles et lui tends

..... Tiens, essaie de te débrouiller, tu peux me demander ce que tu ne comprends pas.

..... Oui, merci.  

Magali me fait savoir qu’elle a terminé. Je vérifie tous les exercices et lui fais un grand sourire

……. Super ma belle, tout est bon.

Ayant moi-même du travail, je la laisse partir.

Cette dernière journée me parait interminable. Un léger mal de tête me fait aller à la pharmacie à la coupure de midi. Je n’ai pas très bien dormi cette nuit.

En rentrant je prends deux aspirines et vais m’allonger, espérant que ça passe rapidement.

Delphine vient me réveiller pour diner.

...... Bah alors bichette ? Tu es malade

..... Non juste une migraine. Mais ça va mieux

..... Tu as faim ?

Je souris ....... Grave oui je n’ai pas beaucoup mangé ce midi

Delphine me sert une grande assiette de potage. Je lui demande si du coup elle travaille la semaine prochaine et quand est-ce qu’on va chez mes parents

...... Je travaille lundi et mardi, on peut partir mercredi si tu veux

..... Ok ça marche, j’en profiterai pour finir mon mémoire.

La cuisine rangée, en pyjama, nous nous affalons sur le canapé. Au loin mon téléphone chante. Je me précipite dans ma chambre, renverse mon sac sur mon lit et décroche à temps

...... Puce, ça fait trois fois que je t’appelle

...... Désolée, il était au fond de mon sac

……. Je termine un dossier

..... D’accord. Je ne te vois pas ce soir ?

..... Je suis au tribunal.

.... Ah !

Il éclate de rire ....... Ma chérie, il faudra t’y faire

...... Oui.

Nous raccrochons sur bisous-bisous.

Je préviens Delphine et vais me coucher. Je m’endors comme une masse jusqu’au lendemain huit heures.

Delphine est déjà dans la cuisine, le café est prêt elle beurre des tartines

...... Pourquoi tu te lèves si tôt louloute. Repose-toi un peu

..... J’ai tellement l’habitude

Je ne réponds pas, pour ne pas la faire retourner dans ses mauvais souvenirs. Dès mon déjeuner avalé, j’appelle ma mère

Comme d’habitude une conversation qui devrait durer cinq minutes dure une heure.

..... Maman je t’appelle juste pour te prévenir que nous arrivons mercredi. Delphine travaille lundi et mardi

Elle me conseille d’attendre papa à la gare de Beauvais.

..... Oui maman ne t’inquiète pas 

Je coupe court et vais me préparer. Delphine est déjà sur le pied de guerre.

Je profite de ces deux jours, pour faire un peu de ménage. Celui que nous n’avons pas vraiment le temps de faire. Je nettoie les placards de la cuisine et ceux de la salle d’eau.
Je range mon bureau et trie mes cours du premier trimestre.

1 février 2003

Longue absence

En me levant, je sens une bouffée de tendresse pour Delphine. La table du petit déjeuner est prête, ma tartine est beurrée, même le sucre est mis dans mon mug.

Delphine est partie à son nouveau travail. Julien a obtenu des horaires satisfaisants. Dix heures de travail hebdomadaire pour pratiquement le double de salaire par rapport à Nathalie

J’occupe ma matinée au ménage. A treize heures je l’attends pour manger, sachant qu’elle a une bonne demie heure de trajet. Elle m’a dit se plaire, elle a en charge les CP et les CE1, une dizaine de bambins qu’elle doit aider dans leurs devoirs et surveiller la récréation. Elle est avec une collègue qui a les CE2 et les CM

C’est une institutrice en retraite depuis peu. Delphine lui demande des conseils, et en personne avisée cette dame qui a du vécu dans l’éducation nationale, lui donne de précieuses recommandations. Surtout ne pas s’attacher à un enfant au détriment d’un autre. Surveiller l’attitude d’un enfant renfermé et toujours seul. Elle lui a conté avoir eu en classe de CM1 une petite fille toujours triste, avec de grands yeux au bord des larmes. Chaque fois que cette institutrice s’approchait de l’enfant, elle avait un mouvement de recul. Il s’est avéré qu’elle était le souffre-douleur chez elle, et qu’elle était battue. L’institutrice a fait un signalement au directeur, qui a fait suivre aux services sociaux.

J’avais ouvert de grands yeux, pleine d’effroi par cette triste histoire.

Avec mon amie, que je chéris comme une sœur, je parle beaucoup. De tout sauf de Céline, je ne suis pas revenue sur le sujet et fais tout pour l’éviter

Sachant que Julien ne rentre pas ce week-end tout en dégustant notre rôti cuit au four, je demande semblant de rien

..... Dis, tu peux joindre ta sœur ?

Delphine lève les yeux ........ Heu laquelle ?

Je souris ....... Cathy.

..... Pourquoi ?

..... J’aimerais faire sa connaissance. Tu ne veux pas ?

..... Je ne sais pas. Après Céline tu sais je me méfie

.... Tu ne peux pas punir Cathy pour Céline ma louloute. Ce n’est pas juste.

Tout en débarrassant, j’essaie de lui faire comprendre que Cathy n’est en rien dans l’attitude de leur sœur.

..... Je ne sais même pas si elle peut sortir. Je n’ai plus de nouvelles de personne

.... Elle a un tél, laisse-lui un sms

.... Oui je le ferai

Je sers le café, je ne la sens pas très motivée. Pour détourner la conversation je lui demande ce qu’elle a comme travail

.... Rien, je suis à jour.

.... Ah cool. Tu veux faire quoi ?

..... Aucune idée. Ça caille dehors.

Je souris ....... Oui c’est sûr, on se mate un film ?

..... Oui si tu veux.

Delphine va fumer sa cigarette. Je remplis à nouveau les tasses de café chaud et les emmènes dans le salon. Au travers de la vitre, en riant je fais coucou à mon amie. Elle sourit et rentre

.... Houlà là il fait vraiment froid, vivement le printemps.

.... Tu m’étonnes. Tiens réchauffe-toi droguée

Elle rit et prend la tasse des deux mains.
.... Tu devrais mettre ton manteau quand tu sors.

.... Pour cinq minutes.

.... Oui mais quand même. Ne va pas tomber malade pour une clope

Je zappe les chaines, sans m’arrêter sur rien. ...... Tu veux regarder quoi ?

Delphine fait une moue qui me fait sourire ........ C’est que des rediff

.... Appelle Cathy ma louloute

Elle éclate de rire ....... Rho mais tu es aussi têtue que ton mec, pas étonnant que vous vous entendiez si bien

Je la pousse et lui saute dessus, faisant semblant de l’étrangler ......... Je vais te fracasser !

Elle me repousse, tout en me retenant, je roule par terre, elle me saute dessus. Je crie en riant, nous chahutons quelques minutes, quand j’entends mon téléphone sonner.

J’essaie de reprendre mon souffle en répondant

..... Salut l’emmerdeuse. Je n’arrive pas à joindre ton chéri-bibi, il ne serait pas avec toi par hasard ?

..... Ah non, laisse-lui un message, il te rappellera

..... Bien chef.

..... Tu veux lui dire quoi ?

.... Quelque chose qui ne te concerne pas !

.... Alors vas te faire cuire un œuf !

Il éclate de rire ......... On te voit bientôt ?

..... Bah oui, aux vacances

.... Ok, bise sœurette.

.... Bisous Franky

Je repose mon téléphone ....... C’est mon frère qui cherche à joindre Julien

..... Ah d’accord, bon j’ai envoyé un SMS à Cathy, j’attends

..... Oui de toute façon vu l’heure dis-lui de venir demain.

.... Oui 

Nous finissons par plonger dans cette émission de nouveaux talents. Sans vraiment écouter les virtuoses, je cherche à savoir ce que voulait Franky.

L’après-midi passe sans réponse au message de Delphine. Je la sens nerveuse

.... Tu veux qu’on descende manger ma louloute ?

.... Je n’ai pas de tune bichette.

.... Ouais bah tu m’inviteras quand tu en auras, viens on va se changer les idées.

Elle fait une moue ...... Pas trop envie

.... Demain midi ?

..... Oui si tu veux

..... Ok, bon bah on mange quoi ?

..... Il reste de la soupe, on peut faire des pâtes.

.... Ok ça marche.

Nous préparons notre festin, et mettons la table. Delphine me sert une louche de soupe, je mets une petite cuillère de crème et commence à manger. Le téléphone de Delphine bipe

Je vois de suite son visage se crisper à la lecture de son écran. Elle tape une réponse et repose le téléphone.

.... Alors ?

.... Elle me dit de l’appeler vers neuf heures

.... Ok ! Allez, mange.

J’envoie Delphine fumer, et débarrasse. Comme ce midi, j’amène nos cafés sur la petite table de salon. Dans ma chambre, je vais chercher mon bloc note et un stylo, pour le cas où il faudrait noter quelque chose

A neuf heures pile, Delphine envoie un message à sa sœur, savoir si elle peut l’appeler. Aucune réponse. Nous attendons un peu

..... Louloute, je vais prendre ma douche tu me diras ?

..... Oui, oui.

Je me déshabille en quatrième vitesse, me savonne et me rince en même pas trois minutes, j’enfile mon pyjama. Je retourne au salon.

..... Alors ?

.... Rien !

.... Ton père doit certainement être là, ne t’inquiète pas, elle va te répondre une fois couchée

Delphine fait oui de la tête, quand son téléphone bipe enfin.

Je la vois fébrilement appuyer sur la touche pour avoir la communication

..... Cathy ?

..... Oui Delph, comment vas-tu ? Que deviens-tu ?

Delphine met le haut-parleur. ....... Ne t’inquiète pas ma Cathy je vais bien, dis-moi plutôt pour toi, pour vous.

La sœur, chuchote, nous n’entendons pas clairement.

..... Que veux-tu que je te raconte que tu ne connaisses pas ? C’est toujours pareil

..... Tu travailles ?

..... Oui en intérim

.... Où ?

.... A l’usine de carton, tu sais à Aulnay.

.... Une longue mission ?

.... Normalement jusqu’aux vacances

.... Ce n’est pas trop dur ?

.... Si, mais c’est mieux que chez eux

.... Oui je comprends ma bichette. Tu peux sortir ?

.... Pas trop pourquoi ?

.... Par exemple demain, tu pourrais sortir ?

..... Non je ne crois pas.

.... Tu travailles le samedi ?

.... Normalement non pourquoi ?

.... Et tu peux dire que tu travailles ?

.... Je ne sais pas, pourquoi ?

.... Si tu disais que samedi prochain tu travailles, je viens te chercher et on passe la journée ensemble, ça te dirait

.... Ah mais carrément, oui.

.... Alors tiens-moi au courant.

La petite sœur est en sanglots ....... Merci Delphine, je croyais que tu nous avais oublié

..... Ma bichette, comment tu peux crois ça ?

.... Le père a dit que tu faisais la pute, et que tu avais fait un trait sur nous

.... Ne l’écoute pas, arrange-toi pour samedi, je t’expliquerai tout, et fais attention à toi, prends soin des petits

.... Oui. Tu as des nouvelles de Thibault et Céline ?

..... Oui ma bichette, tout va bien, ne t’inquiète pas.

..... Ils me manquent aussi
..... Je m’en doute je t’embrasse Cathy, à samedi. Fais le maximum. Bipe-moi, même tard, ce n’est pas grave

.... Merci Delphine, tu me manques tellement

... Toi aussi Cathy. Je t’embrasse fort, à très vite.

Les deux sœurs raccrochent Delphine pose son téléphone sur la petite table et éclate en sanglots
Je la prends dans mes bras et la console ........ Allez samedi tu vas la voir

.... J’ai dit samedi, mais je travaille le matin, et Julien vient l’après-midi.

.... Ah merde ! On va se débrouiller. Il n’y a pas moyen que tu manques ? Ou que tu quittes plus tôt ?

.... Non je ne pense pas. Nous ne sommes que deux surveillantes.

.... Pour aller la chercher, je peux m’en charger, seulement je ne la connais pas.

..... Non pas grave, laisse tomber, on remettra ça.

.... Mais non, tu ne peux pas lui faire faux bond.

.... Oui et Julien ? Il vient jusqu’à dix-sept heures au moins. Ce n’est pas utile qu’elle vienne, je n’en profiterai même pas, il faudra qu’elle reparte

.... Bon je m’occupe de Julien, ce n’est pas un problème. Nous lui expliquerons.

...... J’arrive à treize heures, ça fait peu de temps

Je fais celle qui se fâche ...... Bon écoute, on va trouver, ne commence pas à être défaitiste. On a réussi pour les autres on va y arriver

Delphine fait oui de la tête. Nous ne parlons plus.

Dimanche, Delphine n’est pas en très grande forme. A sa tête je me doute que sa nuit a été agitée.

Julien m’a averti qu’il s’absentait quelques jours, je ne sais ni où ni pourquoi et surtout combien de temps.
Il me téléphone tous les soirs rapidement, sans rien me dévoiler.
Ce soir quand il me téléphone je suis déjà couchée ce qui le fait rire
...... Te voilà bien obéissante ma puce !

Je ris à mon tour ...... Disons que je n’ai pas grande occupation alors je bouquine.

Nous parlons un peu, avant que je me décide à lui expliquer en quelques mots l’échange de Delphine et sa sœur. Il fait des hum, hum oui, sans vraiment me dire sa pensée, promettant que nous en discuterons 

.... Tu rentres ?

.... Oui ma puce, bientôt, j’ai encore quelques problèmes à régler.

.... D’accord, j’ai hâte

.... Moi aussi, tu me manques ma chatte.

Nous nous attardons sur des bisous, bisous. Je raccroche, pas très sereine ni tranquillisée

Au bureau Jean-Bernard m’a confié un dossier qui me fait oublier momentanément mon attente, mes craintes de ne pas savoir ou est mon chéri, ce qu’il fait. Ce manque se fait ressentir plus fort de jour en jour.

Je pense que je pourrais aussi être jalouse, ne pas accepter ses départs sans savoir pourquoi ces déplacements sans explications.

Le soir je me couche impatiente d’entendre la voix chaude de Julien, son rire. Il me dit être à Toulouse. Cette ville m’interpelle. Qu’est-ce qui peut bien l’emmener si loin de moi aussi longtemps, depuis dix jours ?

Ce week-end nous ne sortons pas, Delphine est en pleine révision en vue des contrôles de fin de trimestre, je l’aide au maximum.

Ce matin je me lève avec difficulté. Cette cinquième semaine de stage, va enfin boucler cette session, je m’en réjouis

Deux semaines de FAC et les vacances seront là. Non que je sois épuisée, mais je n’ai pas trop le moral.

 

Dehors un vent glacial me surprend en sortant du bureau surchauffé. Rentrant la tête dans les épaules, pour me protéger des bourrasques je presse le pas jusqu’au métro.

Madame Da Rossas, à l’air de me guetter ...... Ah mademoiselle Clément, j’ai un paquet pour vous.

J’attends qu’elle rentre dans sa loge, elle ressort avec un énorme bouquet de roses rouges qui lui cache la moitié du visage

..... On a livré pour vous mademoiselle

...... Merci madame Da Rossas.

Le cœur battant je monte les marches quatre à quatre et ouvre la porte essoufflée. Delphine assise à la table de la cuisine sursaute.

...... Bah bichette ! Oh ce bouquet, il est magnifique

Je le pose délicatement sur la table et enlève la carte accrochée au papier, par une petite agrafe.

‘’ Toutes jolies qu’elles soient, elles ne t’égalent pas. Je t’aime ma puce. Tendresse. Julien’’

Des larmes de bonheur envahissent mes yeux. Je bégaie

.... On n’a, ……… on n’a, ……. Euh ………on n’a pas de vase

Delphine éclate de rire ....... Rho la bécassine. On va bien trouver quelque chose.

Elle se lève, sort une bouteille de jus d’orange du réfrigérateur et la vide dans deux grands verres, avec un couteau à dents, elle coupe une partie de la bouteille plastique, plus bas que le goulot, le remplit d’eau et le pose sur la table

..... Voilà bichette, un vase de fortune.

Je ris en sortant les fleurs de leur emballage et les arrange dans ce vase improvisé.

J’accroche mon manteau et enfile mes mulles d’appartement. Je rejoins Delphine qui a mis la table

..... Il rentre quand ton bel apollon ?

..... Aucune idée.

..... Il a la tête à l’envers ou quoi ?

Je souris ....... Pourquoi ?

...... La Saint Valentin c’est après-demain

Je hausse les épaules ...... Oh bah je ne sais pas. Il veut se faire pardonner d’être parti dix jours.

..... C’est souvent qu’il s’absente ?

..... Quand j’étais en cours avec lui, il était porté disparu une dizaine de jours, mais sans savoir ce qu’il faisait

.... Bon il t’en parlera certainement.

.... Oui bien sûr.

Nous nous mettons à table, machinalement je lui demande si elle a des nouvelles de Cathy.

.... Non pas du tout. Je lui ai envoyé un message, quand elle veut ou peut, elle me bipe et je l’appelle
.... D’accord, peut-être ce week-end, enfin avant samedi ça serait bien pour qu’on s’organise

Delphine fait oui de la tête.

J’emmène les assiettes sur le plan de travail, et sors deux yaourts

Nous mangeons tout en parlant. Delphine me dit qu’elle a eu 16 en philo et 18 en maths

.... Woua ma louloute, tu vois que tu cartonnes.

Elle sourit ....... Et grâce à qui ?

Je souris ...... Bah à toi, je ne suis pas là pour faire ton interro.

La sonnette nous fait sursauter, on se regarde sans parler. Doucement je vais voir avec une certaine appréhension, qui ça peut bien être ? On n’attend personne. Le cœur battant j’ouvre d’un coup et me jette dans ses bras

Il me soulève d’un bras et me fait tourner. ........ Ma chatte, quel accueil

Je l’embrasse en m’accrochant à son cou. ....... Oh elles sont magnifiques

.... Qui est magnifique ma puce ?

Je ris, je pleure en même temps ....... Mais le bouquet de fleurs.

Il rit, de ce rire chaud et rentre, il pousse la porte du pied. Delphine s’est levée, elle est droite les bras ballants

..... Vous mangiez les filles ?

.... Heu non nous avons fini. Tu as mangé ?

.... Non, j’arrive directement.

..... Tu veux manger ?

..... Tu as quoi ?

..... Je peux te faire une omelette, on a du potage

.... Va pour le potage et une omelette, merci ma chatte.

Delphine sort des assiettes, des couverts et un verre.

Pendant que la soupe réchauffe, je bats trois œufs dans un bol.
..... Assieds-toi Delphine et finis ton yaourt

.... Merci monsieur.

Je sers mon chéri, qui me remercie. Tout en mangeant, il nous fait rire

.... Fameux ce potage, est-ce la touche de mon élève ou de ma bien aimée ?

 ...... C’est Camille monsieur, j’adore comment elle fait la soupe

Il me regarde taquin....... Tu es bonne à marier !

Je ris et à mon tour le taquine ...... Oui mais pas avec un courant d’air

.... Tu as raison, il n’aurait pas mon charme

Nous éclatons de rire ....... Oh bah ça va tranquille, les chevilles

J’enlève son assiette vide et lui verse son omelette baveuse dans l’assiette plate. Je lui donne le pain et le beurre

Il me regarde en haussant un sourcil ....... Tu manges du pain beurré avec ton omelette ?

..... Bah oui pourquoi ?

..... Hum ! Non comme ça.

Il sourit et englouti l’omelette. Je pense qu’il n’aura pas assez manger et nous n’avons pas grand-chose. Je lui propose un yaourt

.... Non merci, ça ira ma puce.

.... Mais tu n’as pas beaucoup mangé.

.... J’ai bien assez, je n’ai pas très faim.

Il pousse l’assiette et me demande un café. Je me lève, débarrasse la table aidée de Delphine

..... Delphine assieds-toi !

.... Oui monsieur.

...... Raconte-moi ce que tu as fait pendant mon absence.

D’une voix enjouée mon amie apprend à son coach ses bonnes notes

..... Pourquoi 18 en maths ? Qu’as-tu oublié pour ne pas décrocher un 20 ?

.... J’ai interverti une équation

.... Tu ne t’es pas relue !

Delphine baisse les yeux. Julien lui demande son classeur.

.... Tu veux un autre café ?

.... Oui ma puce, je veux bien

Il me tend sa tasse, je mets l’expresso en route et change la pastille. Delphine tend ses copies à Julien. Il lit consciencieusement et finit par poser les copies sur la table

..... Assieds-toi. Dommage cet oubli !

.... Oui monsieur.

.... Dans l’ensemble, je suis satisfait. Donc à part ces bonnes notes, le travail ?

.... Bien monsieur. Ils sont mignons les petits

Julien boit son café et sonde Delphine qui ne peut s’empêcher de rougir.  ...... Ta sœur ?

..... Je n’ai pas de nouvelles, monsieur

.... Ton frère ?

.... Non plus, je pense qu’il me fait la tête.

.... Tu ne l’as pas appelé ?

Tristement Delphine répond d’une petite voix ....... Il ne me répond pas.

Julien ne lâche pas le regard de Delphine ......... Lève la tête ton crâne ne m’intéresse pas.
Delphine, les larmes aux yeux croise mon regard et se reporte sur Julien.

..... N’as-tu rien à me dire ?

.... Heu non monsieur, à quel sujet ?

Julien fait un mouvement de son épaule ......... Aucune idée, tu as des nouvelles du reste de la fratrie ?

Au moment où Delphine va répondre, le téléphone de Julien sonne. Il décroche en me faisant un petit clin d’œil.

..... Bonsoir !

........

....... Venez au 12 de la rue, premier étage porte droite

Il raccroche prend sa mallette, qu’il a posé à terre, la met sur la table et l’ouvre. Il en sort deux paquets. Il en tend un à Delphine et me donne l’autre. Il referme sa mallette et la repose au sol.

..... Merci monsieur

Je me lève et dépose un baiser sur sa joue, tout près de sa bouche. ......... Merci monsieur

Il rit et m’enlace ...... De rien chipie !

La sonnette se fait entendre, Julien se lève et ouvre la porte, il tend sa mallette au type en costume cravate, et ses clés de voiture.

..... Rangez la voiture au garage, fermez le bureau et partez

..... Oui monsieur le juge. Bonne soirée.

..... Bonne soirée Joao.

Il referme la porte et reprend sa place sur la chaise, il met ses coudes sur la table, son menton sur ses mains croisées

Pendant ce temps j’ai déballé le paquet, ce sont des petits bonbons en forme de violette, j’en goute un et offre le paquet ouvert à Julien

..... Non merci ma puce. Alors Delphine ?

..... Oui monsieur.

..... As-tu des nouvelles du restant de la fratrie ?

..... J’ai eu ma petite sœur, j’aurais aimé la revoir

.... Et qu’est-ce qui t’en empêche ?

.... Le samedi matin je travaille et l’après-midi je suis avec vous.

..... Et le dimanche ?

Delphine fait non de la tête.

...... Pourquoi ?

..... Le samedi elle peut dire qu’elle travaille, mais pas le dimanche

.... Hum ! Et donc ?

..... Je n’ai pas de solution monsieur.

.... Et cette sœur, elle verse qui ? Delphine ou Céline

.... Delphine monsieur. Céline je ne la reconnais pas elle n’était pas comme ça.

.... Elle ne répondait pas à tes parents ?

.... Si, et elle ramassait pour ça.

..... Et l’autre ?

.... Elle est renfermée et timide. Elle n’a jamais eu l’occasion de s’extérioriser

..... Va prendre ta douche il est l’heure.

..... Oui monsieur.

J’attends que Delphine sorte je range la tasse vide dans la machine et donne un coup d’éponge sur la table je vais pour m’assoir quand Julien m’attrape et m’attire à lui. Je tombe assise sur ses genoux en riant.

Je m’accroche à son cou. Nous échangeons un long baiser c’est en entendant la porte de la salle d’eau que nous nous séparons.

Delphine vient nous dire bonsoir, je me lève pour lui faire la bise, elle ne sait quelle contenance avoir et dit simplement

..... Bonsoir Monsieur

..... Bonsoir Delphine, tu as l’autorisation de regarder la télévision dans ta chambre

..... Merci monsieur.

Elle sort, je me penche et effleure les lèvres de Julien ........ Merci pour elle, c’est cool, surtout qu’elle n’est pas en grande forme. Je sais que le soir elle pleure dans son lit.

.... Je ne suis pas un monstre Camille, tout de même. Effectivement elle n’a pas bonne mine. Qu’est-ce qui la ronge ?

.... Sa petite sœur.

.... Elle a quel âge cette gamine ?

.... Elle aura 18 ans en septembre.

..... Alors elle se doit d’être patiente jusqu’en septembre. Et que compte -t-elle faire ?

.... Je n’en ai aucune idée.

..... Allons prendre une douche.

Je le regarde sans comprendre, avec cet air d’abrutie finie. Julien éclate de rire. ....... Ne m’inviterais-tu pas à dormir ?

Toute heureuse, le cœur explosant dans ma poitrine ......... Oh mais carrément.

Il se lève, enlève sa veste et sa cravate. Main dans la main, nous allons à la salle d’eau. Julien déboutonne mon jeans et me le baisse, je passe les pieds en me tenant à son épaule. Il me presse contre lui, passe la main dans mon tanga et caresse mes fesses

....... Oh ma puce, comme tu m’as manqué.

Nous échangeons un tendre baiser avant de nous déshabiller. Julien me savonne, je me rince, à son tour il se savonne, avec la pomme de douche je l’asperge en riant.

J’enfile mon pyjama et lui tend mon peignoir. Il prend ses affaires qu’il pose sur mon bureau. Il va chercher sa veste et sa cravate dans la cuisine. Nous nous couchons

Je me blottis dans ses bras, nous ferons l’amour plusieurs fois, je me retiens de crier ma jouissance. Les gémissements sortant de ma gorge ressemblent à des râles. Nous nous endormons presqu’au petit matin.

Ce matin le levé est rude. Julien me réveille d’un doux baiser. ...... Ma puce, il faut se lever.

Je m’étends ....... Hum, oui !

Je le vois enfiler ses habits, quand il accroche la boucle de sa ceinture, une drôle d’impression m’envahit. J’enfile mon pyjama et me lève.

Dans la cuisine Delphine est en train de déjeuner. Elle se lève immédiatement à notre entrée.
..... Finis de déjeuner Delphine !

.... Bonjour monsieur, merci.

Je sers deux mugs de café chaud ....... Tu veux une tartine, chéri ?

...... Non merci ma puce, donne-moi juste un café.

Delphine me tend une tartine beurrée, je lui souris ....... Merci ma louloute.

Julien regarde sa montre ........ Puce dépêche-toi il faut que j’aille me changer et me raser.

..... Bah vas-y, moi je vais en stage

..... De fait ! Je voulais te déposer à la Fac

Je ris ....... Alors monsieur, on ne se rappelle pas ? On perd la tête ?

Il rit à son tour ........ Tu me fais perdre la tête.

Il se lève et viens effleurer mes lèvres ........ Je me sauve, à ce soir Delphine

.... A ce soir monsieur

.... Tu m’attends ce soir ?

.... Si tu ne traine pas oui !

Je hausse les épaules ...... Bah je ne traine pas, mais je quitte à dix -huit heures.

Je le raccompagne et ferme la porte. Delphine se retient de rire.

..... Qu’est-ce que tu as avec ta bouille de clown ?

.... Mais rien ma louloute. Fais ta vie

Je hausse les épaules ....... Bah oui pourquoi ?

..... Ce qui me fait drôle c’est comment je le vois maintenant avec toi.

..... Il est comment ?

.... Raide dingue, et il s’affiche carrément.

Un coup d’épingle me transperce le cœur. Oh non Delphine qu’est-ce que tu me dis ?

Je me sers un nouveau café ........ Et ça te gène ?

Elle me regarde, je ne souris plus. Ai-je été sèche en parlant ?

....... Bichette, je suis heureuse pour toi, pour vous. Il est comment dire, il est plus humain depuis que vous ne vous cachez pas.

.... Ah tu trouves ?

..... On dirait qu’il vit, enfin je ne sais pas comment te dire. Avant il était seul, tu vois, il était ...... Heu

Elle cherche ses mots. ......... Oui c’est ça, il était solitaire, l’amour le fait vivre. Comme toi bichette

Elle me sourit et reprend. ........ Bon je me méfie quand même, avec lui, tu ne sais pas si ça ne va pas tomber direct. Mais comment te dire ? Je l’apprécie bien plus qu’au début. Il fait moins heu ...... moins inabordable, moins sévère

..... Tu as peur de lui ?

Tout en se servant un café elle me sourit ...... Peur non, enfin je le crains quand même. J’en prends moins, mais quand il m’en met une je la sens je peux te le dire. Et j’ai appris à le connaitre aussi

J’avale mon café. ....,,... D’accord. Je vais me préparer sinon je vais être en retard.

.... Oui moi je file, à ce soir ma bichette

Je me douche rapidement et m’habille. Je ne prends pas le temps de faire mon lit, je l’ouvre en grand et pars. J’allonge le pas jusqu’au métro

En arrivant au bureau, je m’excuse auprès de Jean-Bernard pour mon léger retard

Il me regarde en souriant ....... Pas lieu de faire un procès. Prenez votre café tranquillement.

..... Merci beaucoup.

Je me plonge directement dans les notes d’hier sans lever le nez.

A midi mon maitre d’études me rappelle à l’ordre pour que j’aille manger. En rentrant je trouve le bureau vide, j’en profite pour imprimer mon rapport de stage et le pose sur sa table. Il me dira si ça lui convient.

Vers seize heures, la porte s’ouvre Jean-Bernard entre accompagné de monsieur Delabarre prof. Je rougis de plaisir et me lève d’un bond.

Les deux frères sourient. L’un à côté de l’autre on pourrait se tromper. Ce sont carrément des jumeaux.

Monsieur Delabarre me prend dans ses bras et sans façon me fait une bise ...... Mon élite est bien studieuse

.... Je suis contente de vous voir monsieur Delabarre.

.... Pareillement mademoiselle Constant.

Jean-Bernard fait couler le perco et m’offre un café, il en donne un à son frère et prend l’autre tasse.

..... Je vous ai imprimé mon rapport de stage.

.... Merci Camille.

Il le lit rapidement et le passe à mon prof. De son tiroir il sort une chemise cartonnée et prend une feuille qu’il tend à son frère. Mon prof sourit ....... Il n’y a rien à ajouter.

Jean-Bernard opine de la tête. Signe les feuillets et me tend mon rapport.

Je me lève et vais le chercher ........ Camille, demain je ne suis pas au bureau, avec l’accord de votre professeur principal, je vous offre votre journée. Cela ne sera pas notifié

Je rougis ....... Oh bah merci beaucoup messieurs

Mon prof. ......... Vous êtes méritante Camille.

Son frère ...... Vous pouvez vous sauvez.

..... Merci

Je ramasse mes affaires glisse mes notes dans la chemise, enfile mon manteau et prends mon sac. Je dépose le dossier sur le bureau de Jean-Bernard. Il se lève et me fait la bise.
..... A dans un mois Camille, passez de bonnes vacances.

Je souris ......Merci pour tout 

Je serre la main de mon prof et pars. Il est à peine dix-sept heures trente quand je rentre. Delphine et Julien sont dans la salle à manger, je vais embrasser mon chéri qui regarde sa montre

..... Tu es de bien bonne heure mon cœur.
...... Oui demain Jean Bernard n’est pas là il m’a donné ma journée, et il m’a fait quitter plus tôt j’avais fini mon dossier. Je vais boire un café, tu en veux un ?

..... Donne-moi plutôt un verre ma puce.

Je me tourne vers Delphine ...... Et toi Delph ?

.... Oui un verre je veux bien, merci ma bichette

Je vais poser mon sac et mon manteau dans ma chambre. Je prépare trois verres de perrier, du coup je ne me fais pas de café. J’apporte le plateau et m’assois.

Julien nous donne nos verres.

Je demande ....... Je ne vous ai pas interrompu ?

Julien ...... Non ma puce, nous avons fini, Delphine recopiera au propre pour lundi

..... D’accord. Vous parliez de quoi ?

Mon chéri sourit ....... Rien en particulier. Je vais me sauver, j’ai du travail. Si tu es là demain, viens manger avec moi.

..... Où ?

Il sourit ...... Dans ma garçonnière

Je ris ........ Ah d’accord.

Il avale son verre d’un trait et se lève je le raccompagne à la porte. Nous échangeons un baiser sur le palier. Je le regarde descendre émue.

25 janvier 2003

Inqualifiable.

Je me prépare avec grand soin pour cette deuxième semaine avec Jean-Bernard. Vêtue de ma robe tailleur, je me maquille légèrement.

En sortant de la salle d’eau, Delphine prête à partir me lance légèrement ironique

..... Woua hou bichette tu vois Julien ?

J’éclate de rire ........ Mais non je vais en stage.

..... Tu vas en stage habillée et maquillée comme ça ? Hum coquine !

Je ris ........ Rho dis donc tu vas imaginer quoi ?

..... Ah non rien.

Elle me fait une bise et part en riant.

Je vais me voir dans la glace. N’est-ce pas trop pour aller faire mon stage ? Delphine a peut-être raison. Du coup j’enlève ma robe et enfile un jeans et un sweat.

Cette semaine est toute aussi intéressante que les autres. Le soir j’ai toujours espoir de voir Julien, mais Delphine m’apprend inlassablement qu’il vient de partir.
Il me téléphone sur les coups de vingt-deux heures trente pour me souhaiter une bonne nuit. Je ne parle de rien, malgré ma contrariété de ne pas le voir de ne pas pouvoir me serrer contre lui, de ne pas gouter ses baisers.

Il me pose quelques questions sur ma journée, nous discutons environ cinq minutes, il finit toujours par je t’aime dors bien ma chatte ou ma puce

Et systématiquement je raccroche avec un sentiment de manque.

Delphine s’inquiète un peu, Julien ne lui a pas reparlé de ce job. J’essaie de la rassurer, lui certifiant qu’on a assez pour finir le mois.

Je ferme la porte de mon amie, je sais qu’elle a besoin de se reposer, ses yeux cernés prouvent que ses nuits sont courtes. Je me fais un café quand j’entends sonner. Sur la pointe des pieds je vais voir dans le judas. Je retiens ma respiration, et reste comme médusée.
Delphine arrive en trainant les pieds, elle me regarde surprise. Je mets un doigt sur ma bouche. Elle approche doucement je me pousse pour qu’elle regarde à son tour.

Je la vois pâlir. Nous ne bougeons pas. Un deuxième coup de sonnette, nous nous regardons Delphine me fait oui de la tête, j’ouvre la porte
Delphine pleine de rage ........... Non mais tu te fous de nous ou quoi ?

Céline entre, avec son aplomb habituel, limite agressive ....... Bah quoi ? Vous ne pourrez pas dire que je suis en retard

Je mets un mug sous l’expresso et donne le premier café à Delphine qui répond sévèrement à sa sœur

..... Tu es vraiment une tarée, tu as vu l’heure ? Tu crois qu’on se lève aux aurores ou quoi ? Il est huit heures dix

...... Bah faut savoir, dix heures c’est trop tard, et maintenant c’est trop tôt

Je vois Delphine devenir rouge, les yeux exorbités, je ne l’ai jamais vu comme ça. Avec colère elle répond à sa sœur

..... Tu n’es qu’une conne, tu te fous de la gueule du monde. Neuf heures tu sais ce que ça veut dire, ou tu es trop abrutie.
De plus ce n’est pas ton week-end, c’est le prochain

Céline garde son calme et avec un culot monstre répond en souriant ....... Bah non puisque samedi dernier Camille ne m’a pas expliqué mes devoirs

Delphine sans se calmer ......... Parce que tu crois que tu vas décider pour elle ? Qu’elle va t’expliquer les cours que tu sèches ?

Je bois mon café, sans en offrir à la frangine. Je suis tellement indignée de sa façon de faire, de son culot sans bornes, de son impolitesse que je n’arrive pas à comprendre comment elle peut être la frangine de mon amie

Je pose mon mug à côté de la cafetière et vais me préparer, je fais mon lit. De ma chambre j’arrive à entendre les deux sœurs s’engueuler. Céline hausse la voix sur sa sœur, et là je ne peux pas le tolérer. En colère à mon tour je retourne dans la cuisine et foudroie la cadette

..... Oh tu vas la fermer ta grande bouche, on t’entend à l’autre bout de l’appartement. Tu crois que je n’ai pas de voisins, ou quoi ?

Céline se radoucit ....... Bah ce n’est pas moi qui crie, c’est elle.

Je regarde mon amie qui tremble de colère ......... Va te préparer Delph.

Delphine sort de la cuisine, je m’assois en face de Céline et la regarde droit dans les yeux.

..... Tu penses réellement que tu vas nous emmerder longtemps comme ça ?

...... Comment ça ?

..... Samedi dernier je t’attends à neuf heures, tu arrives comme une fleur à dix, et là que je ne t’attends pas, tu arrives à huit heures. Mais tu as été élevée où ? Chez les ploucs ?

...... De toute façon avec vous, je ne fais jamais rien de bien

..... Je crois surtout que tu as un problème ma pauvre fille ! Tu n’es pas un peu dérangée ?

...... Tu n’es pas gentille de dire ça !

.... Alors dis-moi ce que tu ne comprends pas quand on te cause ?

..... Bah si je comprends

.... Et tu ne sais pas lire l’heure ? Neuf heures tu n’as pas compris ?

..... Mais si, mais je croyais bien faire en venant plus tôt

.... Pourquoi faire ? Tu crois que je vais me lever à six heures pour ta tronche ?

..... Bah non je ne te dis pas ça.

.... Et un samedi sur deux, qu’est-ce que tu ne comprends pas ?

.... Bah oui mais la semaine dernière ton mec m’a mis dehors

..... Et alors pour toi, ce samedi je suis à tes ordres ?

...... Bah tu fais quoi ?

..... Ce que je fais, primo ne te regarde pas, et secundo je ne suis pas à ta disposition tous les samedis !

Je me lève et vais voir Delphine dans sa chambre ...... Tu fais quoi Delph ?

..... Je crois que je vais la claquer.

Je souris ...... Allez viens boire un café, de toute façon ça ne changera rien

J’entraine Delphine avec moi, je fais couler du café et pose une tasse pour Céline, je mets nos mugs sur la table.

J’attends que la cafetière se remplisse tout en regardant le goutte à goutte.

En prenant la cafetière pleine, je m’assois

..... Bon tu as quoi à faire ?

Céline me regarde comme si je descendais d’une autre planète ....... J’ai quoi à faire ?

..... Tu es bien venue pour faire tes devoirs !

.... Oui bah tout.
..... Comment ça tout ?

.... Bah oui, du français de l’anglais des maths

A mon tour de la regarder comme une martienne ......... Je ne comprends pas, tu as toutes les matières ? Tu n’as fait aucun devoir ?

..... Bah non en français il faut faire des recherches, et je les fais avec quoi ?

..... Il n’y a pas de biblio à ta fac ? Il n’y a pas de salle informatique ?

..... Bah oui mais j’y vais quand ?

.... Et les autres, y vont quand ?

Elle sourit ....... Mais non les copines elles ont internet chez elle.

.... Et alors elles ne peuvent pas te photocopier un article, un blog ?

..... Bah je ne vais pas leur demander, vous avez internet et des ordis

..... En Maths tu en es où ?

.... C’est sur les fractions et les priorités, je ne comprends rien

.... En anglais ?

.... C’est un texte à traduire

.... Et donc tu n’as rien fait ?

..... Je fais comment si je ne sais pas ?

.... Tu ne sais pas où tu ne te foules pas et ne cherches pas ? Tu as bien les cours, les profs t’expliquent ? Alors tu fais quoi pendant qu’ils parlent ?

Delphine de ce ton de colère ........ Je t’ai dit de prendre des notes pendant les cours, tu le fais ?

..... Oui bah je ne vais pas copier tous les cours

..... Alors enregistre sur ton téléphone

Céline éclate de rire ........ Tu es bête ou quoi ? Mon téléphone n’enregistre pas pendant des heures

Delphine se lève, je la regarde sans comprendre. Céline à son tour se lève

..... Je vais aux toilettes !

Je débarrasse les tasses, mon amie revient avec son pc. Tout bas elle me dit

..... Envoie un message à Julien, dit lui qu’elle est là et qu’on n’arrive pas à s’en débarrasser. Fais-le Bichette parce que je crois que je vais craquer et la gifler

En chuchotant aussi ....... Il ne vient pas ce matin ?

L’agressivité subite de mon amie, me surprend ….  Bah si à dix heures !

Je ne dis rien et fais oui de la tête, Delphine pendant ce temps tape sur son ordi, Céline revient s’assoir et demande à sa sœur

....... Tu fais quoi ?

Delphine ne répond pas, et ne lève même pas la tête, je vais chercher mon téléphone sur ma table de chevet

..... Bjr, problème, peux-tu venir avant 10h ? Bisous

Je retourne dans la cuisine, Delphine me fait signe, je m’assois, elle tourne le pc vers moi. Ce que je lis me saisis d’un grand chaud-froid. Je n’arrive pas à détacher mon regard de l’écran

Au moment où Céline se lève pour regarder par-dessus mon épaule, d’un geste sec Delphine baisse le couvercle

..... C’était quoi ?

Mon téléphone chante, je l’attrape, ouvre la porte fenêtre et vais sur le balcon

...... Bonjour ma puce, que se passe-t-il ?

.... Bonjour, heu la frangine a débarqué à huit heures, et Delphine se prend la tête avec elle depuis une heure

..... Elle est là en quel honneur ?

.... Bah comme la semaine dernière tu l’as virée, elle pensait faire ses devoirs, le problème c’est qu’on n’arrive pas à nous en débarrasser, en plus elle hurle sur Delphine

..... J’arrive !

Il raccroche sans que je puisse rajouter un mot. Frigorifiée je rentre et ferme la porte-fenêtre. J’envoie un SMS à Delphine.

‘’ Il arrive’’

Je retourne dans la cuisine semblant de rien. Les deux sœurs sont en crise. Je sens Delphine prête à bondir sur Céline qui ne se départie pas de son air arrogant

Céline ...... Ah tu crois que c’est facile !

Delphine ....... Non rien est facile, il suffit de vouloir pour pouvoir

..... Ouais enfin, ne me dit pas que chez une vieille femme c’est la joie

...... Alors retourne chez eux, puisque tu étais mieux. Au moins tu n’avais pas à te préoccuper de te lever à l’heure, on te réveillait à 6h du mat pour faire la merde et la boniche. Prends tes frusques et repars.

..... Je n’ai pas dit ça non plus. Mais le soir je suis toute seule devant mes bouquins

..... Et alors je ne suis pas seule ?

.... Bah non tu as Camille

Delphine éclate de rire ........ Camille, ah oui, elle rentre à 7h elle mange et elle mate la télé, waou bravo l’aide de la copine

La frangine me regarde ...... Ah bon tu n’as pas de devoir ?

Je fais non de la tête, en retenant mon envie de rire. Je me lève au premier dring de la porte.

Julien m’embrasse comme distraitement. Il toise les deux sœurs. Je lui propose un café qu’il refuse. Les mains dans les poches de son pantalon, d’un ton froid il demande à Delphine ce que fait sa sœur

Delphine s’est levée. ..... Elle est venue à huit heures monsieur

..... Pourquoi faire ?

Delphine pâlit, elle sait que le ton de son coach n’est pas le bon, et que ça va mal se passer

..... Je ne sais pas monsieur.

..... Tu es au courant que je ne veux pas de ta sœur, hors les deux samedis impartis !

..... Je lui ai dit monsieur, mais comme la semaine dernière vous l’avez fait partir elle pensait faire ces devoirs aujourd’hui

Julien tire une chaise et s’assoit en bout de table. ........ Et tu ne pouvais pas lui dire

..... Si monsieur avec Camille on lui a dit

..... Et ?

Elle sourit ........ Bah et rien.

Julien toise Céline ....... Tu arrives à comprendre le français ? Tu arrives à percuter quand on te dit quelque chose ?

Céline un sourire ironique aux lèvres ....... Evidemment que je comprends, mais qu’est-ce que ça fait aujourd’hui ou samedi dernier

Julien de ce ton glacial. ....... Et tu penses que Camille doit être présente quand bon te semble ?

..... Bah elle n’a pas de devoirs alors ça fait quoi ?

...... Tu prends Camille pour ta gouvernante ? Tu la penses à ta solde ? Elle n’a pas de vie personnelle ?

Il toise Céline qui ne baisse pas les yeux. Son petit sourire en coin m’irrite au plus haut point.

..... D’autre part, Delphine que fait ton pc sur la table de bon matin ?

J’ouvre le couvercle et appuie sur le bouton pour l’allumer, je tourne l’écran vers lui sans un mot.

.... Fais-moi un café Delphine !

.... Oui monsieur

Il lit l’écran, je vois son regard se foncer quand il relève les yeux. Il foudroie Céline.

.... Tu étais où lundi à 9h ?

..... Bah à la Fac

...... Non ! Abs en cours d’anglais

..... Ah oui

.... Mercredi matin ?

.... J’avais mal au ventre

.... Vendredi 20 décembre après-midi ?

Céline sourit ....... C’était les vacances

.... Et tu arrêtes à midi ?

.... Bah non, mais c’était SVT, on n’est pas allées

.... Qui on ?

..... Bah mes copines et moi

..... Et donc tu comptes que Camille rattrape tes absences ? Il n’y a pas une semaine ou tu ne sèches pas un cours. Tu te paies la tête du monde ?

..... Bah je ne suis pas la seule à sécher.

...... Ce que font les autres ne m’intéresse pas. Je vais mettre les choses au point tout de suite. Camille et Delphine, vous êtes punies jusqu’aux vacances de février, pas de sortie, sauf pour la fac. C’est compris ?

Delphine ...... Pourquoi monsieur ?

..... Vous n’avez pas de temps à perdre avec une intrigante qui ne lève pas le coude et qui attend qu’on fasse son boulot ! Je t’avais prévenue je ne veux pas de sa présence ! Couchée à 22 heures, tu prends un bouquin de cours et tu étudies

Delphine la voix enrouée ...... Oui monsieur

Ses yeux se remplissent de larmes, sous la table je lui donne un coup de pied. Je sais que Julien fait exprès et qu’elle ne sera pas punie.

Il se tourne vers Céline ...... Quant à toi si jamais je te rencontre ici, je te dérouille, tu sais ce que ça veut dire ?

.... Bah vous n’avez pas intérêt.

.... Alors prends tes affaires et pars. Et surtout ne remets jamais les pieds ici, c’est un conseil !

Céline se lève rouge de colère elle enfile son manteau et avant de claquer la porte elle crie ....... Je vais le dire à Thibault

Je rentre la tête dans les épaules, la porte claque si fort que mon pouls s’emballe. Je vois Julien sortir, je l’entends descendre quatre à quatre.

Delphine éclate en sanglots.

...... Pleure pas louloute.

..... Et voilà, il y avait longtemps que je n’avais pas été punie, et il va me sucrer mes vacances

Je souris ........ Mais non, il fait exprès comment veux-tu qu’il me punisse ?

La porte se referme, je me retourne, Julien est blanc comme un linge. Il regarde Delphine.

..... Que se passe-t-il ?

Delphine se lève et va aux toilettes.

.... Elle est dégoutée d’être punie pour cette saloperie

Julien sourit et pousse sa tasse vers moi........ Donne-moi un café ma puce.

Delphine réapparait, les yeux larmoyants.

..... Delphine, il est évident que tu n’es pas punie. Par contre, tu vas me donner le numéro de ton frère, j’ai deux mots à lui dire.

.... Merci monsieur.

Je me lève chercher sa tasse et demande à mon amie si elle veut un café

.... Non bichette, je suis trop énervée.

Je souris, elle donne le numéro de Thibault à Julien qui le compose directement sur son téléphone.

Dans le silence de la cuisine, nous pouvons entendre les sonneries, quand enfin ça décroche

...... Ici Julien, je te dérange ?

.........

..... Parfait j’ai à te parler !

Il pose son téléphone sur la table et met le haut-parleur

.... Oui ?

..... Céline va te téléphoner pour se plaindre de l’attitude de Delphine.

..... Ah !

..... Oui ah ! Tu as quelques minutes ?

.... Oui, oui bien sûr.

..... Moyenne du premier trimestre 4 sur 20

.... Oui elle a beaucoup de difficultés, elle est seule, c’est compliqué Delphine refuse de l’aider

..... Delphine a autre chose à faire, il me semble

.... Oui bien sûr, mais elle pourrait expliquer les cours à Céline

.... Quels cours ?

.... Ceux qu’elle ne comprend pas

.... Comme quoi ?

Je connais Julien maintenant, et je sais qu’il est en train d’acculer le frère.

..... Je ne sais pas au juste, Céline ne m’a pas précisé

.... Alors je vais te dire, ta sœur est une roublarde, as-tu de quoi noter ?

.... Heu oui attendez.

On entend du bruit de papier ...... Oui je vous écoute

..... Demande à Céline où elle était le 8 et le 9 le 14, le 17 et le 22 janvier.

..... Pourquoi ?

..... Absente jeune homme !

..... Et elle ne vous a pas dit pourquoi ? Peut-être qu’elle travaillait

..... Dis-moi jeune homme, serais-tu aussi roublard que Céline ? Tu sais parfaitement et tu l’as compris, elle sèche, elle s’amuse et vient crier au secours pour sa paresse.

..... Non je ne sais pas.

.... Ta sœur n’attend qu’une chose qu’on fasse son travail sans lever le coude. Je lui ai interdit l’appartement des filles.

..... Mais vous ne pouvez pas faire ça. Elle a besoin de voir Delphine

Je sens Julien commencer à s’agacer ....... Alors je vais faire mieux, je vais te l’envoyer et tu vas te débrouiller avec elle. Après tout Delphine l’a sortie d’une vie de misère et elle ne lui en est même pas reconnaissante. Tu es à même de la prendre sous ta coupe !

....... Je suis en caserne, je ne vois pas comment faire.

..... Puisque tu es plus malin que Delphine, aussi roublard que Céline, tu trouveras bien une solution. Et attention je t’interdis de l’emmener chez les parents de Camille, je vais d’ailleurs en parler à ton colonel !

A l’autre bout du fil, on entend une respiration saccadée. Julien attend quelques secondes avant de reprendre

...... De plus Céline devant une somme considérable aux filles, sans intention de rembourser, tu enverras un mandat à Delphine !

.....  Heu beaucoup ?

Julien me regarde et du menton me demande muettement

..... 420€ à Delphine et 200€ à moi.

..... As-tu entendu ?

.... Mais pourquoi lui avoir prêté autant d’argent ?

.... Parce qu’en juillet et août au lieu d’économiser ta charmante sœur à tout dilapidé, les filles lui ont avancé son premier trimestre, sa cantine, ses fournitures ! Elle n’a pas pour payer le deuxième trimestre, débrouille-t-en !

..... Je rembourserais en deux fois, je ne peux pas en une fois, j’ai aussi ma piaule à payer

.... En deux fois, et tu te débrouilleras avec Céline pour retrouver tes fonds ! Ce n’est pas mon problème. Sur ce, bonne journée.

..... Delphine est là ?

.... Oui, et punie pour avoir reçue Céline contre ma volonté ! Au revoir

Il raccroche d’un coup sans pouvoir laisser Thibault parler. J’ai envie de rire devant la bouille de Delphine.

Julien ...... Je ne te l’ai pas passé, pour ne pas qu’il te fasse une leçon de morale. Je ne veux plus entendre parler de ta sœur c’est compris ?

..... Oui monsieur.

..... Chat appelle Franck.

..... Heu oui.

Je déroule ma liste et clique sur Franky.

..... Allo ?

.... Salut Franky

.... Salut l’emmerdeuse, qu’est-ce qui t’amène de bon matin ?

Je mets le haut-parleur et en souriant ........ Comment tu vas ?

.... Tu m’appelles pour prendre des nouvelles de ma santé ? C’est nouveau ?

Je ris ....... Mais non, Julien voudrait te parler.

Julien se lève enfile son manteau et mon téléphone en main, il sort.

..... Hum ma louloute je crois que ça va chier

...... Il va dire quoi ?

Je hausse les épaules et me lève pour débarrasser ........ Aucune idée mais à mon avis ta frangine a tout perdu, surtout que Franck est du même acabit que Julien.

...... Ce n’est pas faute de l’avoir prévenue. Je savais qu’elle était spéciale, mais je la croyais plus sérieuse. Tu vois ça me fait peur pour Cathy.

.... Qu’est-ce qui te fait peur ?

..... De la sortir de là et qu’elle nous fasse la même. Je ne comprends pas. Franchement ça me dépasse

..... Tu me dis que Cathy est plus sérieuse.

.... Oui bien sûr, mais une fois libre, comment réagira-t-elle ?

..... Dis-moi si on l’invitait un dimanche ?

..... Je ne sais pas

Ses yeux s’emplissent de larmes, je la prends dans mes bras ....... Ne pleure pas louloute. Sans savoir on ne peut pas décider, et tu te dois de la sortir de là aussi.

Elle fait oui de la tête, Julien entre au même moment et me tend mon téléphone.

..... Les filles je n’ai pas le temps de rester, puce je viens te chercher à 18 heures. Fais tes devoirs Delphine, je les verrai ce soir

.... Oui monsieur

Il vient m’enlacer et m’entraine sur le palier .......... J’ai rendez-vous à treize heures. Je t’expliquerai ce soir. Nous irons diner dehors.

..... D’accord. Je peux sortir avec Delphine ? Elle n’a vraiment pas le moral

Il sourit ...... Oui allez, vous aérer, après ses devoirs.

Je me hisse sur la pointe des pieds et m’accroche à son cou. Je dépose un baiser sur ses lèvres chaudes. Il m’enlace et force mes lèvres pour me donner un baiser comme j’aime, un baiser qui fait tout de suite arriver une envie de me fondre en lui. Je me serre tout contre son torse musclé, comme pour prendre un peu de sa force virile.

Doucement il s’écarte ....... Tu me rends fou !

Il descend rapidement je rentre chamboulée. Delphine a disparue de la cuisine, je vais voir dans sa chambre, elle est assise à son bureau

..... Tu as beaucoup à faire ?

..... Non en fait j’ai recopié ma dissert et mes maths sont faits. 

..... On peut sortir

..... Heu je ne sais pas

.... Si je viens de lui demander

.... Tu veux aller où ?

...... On va manger à Montorgueil ?

.... Oui si tu veux.

.... Allez, ma louloute souris. Tout va s’arranger.

.... Elle va se retrouver à torcher des culs toute sa vie, pourquoi elle ne comprend pas ?

.... Ecoute, ta sœur est une imbécile qui s’entête, elle n’a rien compris parce qu’elle ne veut pas comprendre. On lui a tendu la main, elle n’a pas saisi sa chance. On a tendu la main à Thibault et lui a su la saisir. Que veux-tu faire de plus ? Elle a cru que c’était la fête, bah non ! Thibault était chez des gens inconnus, il a été bossé à l’usine avec comme directeur mon père, et il n’est pas venu récriminer. Elle, bah c’est une conne que veux-tu

..... Je ne sais pas. Je suis dans l’incompréhension la plus totale

.... Bah dis-toi qu’il n’y a rien à comprendre, c’est comme ça. Elle se réveillera mais plus tard, et on verra à ce moment là

..... Non bichette, je laisse tomber tant pis pour elle

Je ne réponds pas et laisse Delphine finir tranquillement ses devoirs.

Je donne un coup de balai sur les sols de la salle et de la cuisine, et passe la serpillère, je vais dans ma chambre le temps que ça sèche.

Nous nous régalons devant un pied de veau sauce gribiche accompagné de frites maison.

Malgré le froid, nous faisons un tour de marché, j’achète un kilo de mandarines, des bananes et des pommes.

Nous rentrons vers trois heures, et prenons un mug de chocolat chaud pour nous réchauffer. Mes pieds son gelés.

Au moment de reposer ma tasse, mon téléphone chante. Je décroche le cœur battant, il va me dire qu’on ne se voit pas

...... Ma puce, tu es où ?

.... A l’appartement.

.... Delphine ?

.... Dans sa chambre, et moi dans la cuisine.

..... Je t’expliquerai ce soir, ton frère va régler le problème Céline.

.... Ah ! Comment ?

.... Je n’ai pas le temps, je sors de mon rendez-vous, j’arrive ma puce.

..... D’accord je t’attends.

Je raccroche et répète à mon amie.
Delphine la mine triste ....... Ils vont faire quoi ?

En haussant les épaules je souris ....... Aucune idée ma louloute. Tes devoirs tout est fait ?

..... Oui, oui.

.... Tu veux que je te fasse réviser ?

A son tour elle hausse les épaules ...... Heu mon anglais ?

..... Oui si tu veux.

Elle va chercher son classeur et me donne sa leçon. Je lui pose des questions faciles, reviens sur celle qu’elle n’a pas bien su, et continue. Elle a fait d’énormes progrès, elle parle presque couramment aussi. Je la reprends quelques fois, nous finissons par rire. Elle finit par se détendre.

La sonnette nous interrompt. Je m’empresse d’ouvrir. Julien m’enlace et m’embrasse

..... Tout va bien ? Vous n’êtes pas sorties ?

..... Nous sommes allées à Montorgueil prendre quelques fruits et manger

..... Bien.

Julien ramasse la copie de Delphine, il l’interroge pendant 20 minutes. En souriant il lui tend sa copie

..... Parfait ma grande. Continue de t’accrocher

..... Oui monsieur

Il se tourne vers moi ........ Es-tu prête ?

.... Heu tu veux que je me change ?

.... Non ça ira !

J’enfile mon manteau. Il prend ma main, nous descendons la rue et allons jusqu’à son appartement.

...... Nous serons tranquilles pour discuter.

Je fais oui de la tête

..... Veux-tu boire quelque chose ?

Il parle tout en m’aidant à enlever mon manteau.

..... Non pas pour l’instant merci.

Nous allons nous assoir sur ce beau canapé dans le salon. Il me prend dans ses bras et m’embrasse à pleine bouche. Je passe mes mains dans son dos sur sa chemise. Ce qui me procure une envie folle de faire l’amour 

Julien me soulève comme une plume et m’emmène dans une chambre très masculine. Il me déshabille avec lenteur, me caresse, faisant vibrer mon corps. Haletante je lui dis de venir.
Il me fait l’amour avec tant de volupté que j’ai une montée d’adrénaline qui m’arrache un cri au moment de la jouissance.

Julien me fait rouler sur lui, je cache ma figure dans son cou

Il rit ...... Ma chérie, tu es faite pour l’amour, arrête de te cacher

Il relève ma tête et déverse une pluie de petits bisous sur mon visage. Il descend sa bouche sur mon mamelon qu’il attise de sa langue. Aussitôt une onde me transperce, il me fait gémir sous ses caresses

Nous nous levons, je ramasse mes affaires et pudiquement les mets devant moi. Julien ouvre une porte et me pousse.

.... Rafraichis-toi ma puce !

Une salle d’eau assez grande, une large cabine de douche. Je me glisse sous l’eau avec plaisir. Mon corps enfiévré a besoin de fraicheur

Je m’habille rapidement, cherche une brosse à cheveux. Juste un peigne, je démêle mes cheveux mèche par mèche. 

Julien dans la chambre, les cheveux humides m’attend.

..... As-tu faim mon chat ?

..... Oui un peu.

.... Descendons à la pizzéria.

Devant nos pizzas dégoulinantes de fromage, Julien m’explique ce qu’il a convenu avec mon frère. Il lui a raconté l’attitude de Céline, les efforts de Delphine pour mettre la frangine aux études. Ne voulant rien savoir et rien comprendre.
Mon frère du même caractère que Julien, a pris de suite les choses en main. Il tient Julien au courant rapidement.

..... Mais vous allez faire quoi ?

Julien sourit ....... Ton frère va lui trouver un travail ou elle sera logée sur Beauvais

..... Pourquoi sur Beauvais ? Il est à Amiens

.... Exact, tout simplement pour ne pas qu’elle côtoie trop son frère et mette la pagaille dans sa vie. Ils ne se verront qu’un week-end par mois

..... Pourquoi un week-end par mois ?

..... Franck fera en sorte que le frangin n’ait qu’une perm un week-end par mois

..... D’accord. Tu sais s’il va chez mes parents ?

.... Non pas sans y être invité je pense. De toute façon, Franck va lui dire qu’il est hors de question que la frangine aille chez eux

.... Oui je préfère, je n’ai pas envie qu’elle raconte des conneries à mes parents

.... Tout à fait ma puce.

Je repousse mon assiette, Julien sourit ...... Tu as fini ?

.... Elles sont grosses, ça me fait trop.

..... Veux-tu un dessert ?

Je fais non de la tête ...... Un café si tu en prends un

Il commande deux cafés et me demande ce qui me chagrine

Je souris ...... Non rien, mais tu vois Delphine était prête à aider leur sœur Cathy et du coup elle n’a plus envie

..... Et cette sœur verse qui ?

Je hausse les épaules .... Je ne la connais pas.

.... Une doit-elle payer pour l’autre ?

..... Bah non, c’est ce que j’ai dit à Delphine.

.... Alors ne la laissez pas dans cette misère !

.... D’accord.

.... Que voulais-tu me dire ou savoir ?

Je le regarde sans comprendre ....... Heu non rien.

Il sourit ...... Tu en es sûre ?

En faisant une moue, je hausse les épaules.

.... Puce, arrête de hausser les épaules quand tu es dans l’embarras, dis-moi ce qui te chagrine.

..... Tout et rien en même temps.

.... Qu’est-ce le tout ?

..... Pourquoi le soir tu pars si vite ? Tu ne m’attends pas ?

.... J’ai des dossiers lourds à m’occuper, je dois faire des investigations, joindre les avocats, les enquêteurs. Les cours de Delphine me prennent beaucoup de temps. J’ai beau amené mon travail, je ne suis pas opérationnel. J’ai besoin d’avoir la tête vide, et ne pas avoir à m’occuper d’une dissertation ou d’un devoir de maths

Je fais oui de la tête, il me regarde tendrement ........ Je m’arrange pour avoir tous mes dimanches, pour être avec toi, je ne peux faire mieux. Quand nous serons mariés, je délèguerai, c’est promis. Pour l’instant je me dois de mettre mes dossiers à jour. Certains attendent depuis deux ans leur jugement. Nous avons un retard considérable

..... Oui je comprends.

..... J’en suis ravi. Je préfèrerais passer mon temps au lit avec toi.

Je me sens rougir. ..... Oh !

Taquin il demande ...... Pas toi ?

Je rougis de plus belle, et essaie de sourire pour cacher mon trouble.

..... Je vais te raccompagner. Veux-tu que je passe demain dans l’après-midi ? Nous sortirons un peu

..... Si tu as le temps.

Il se lève ....... Je te téléphone.

.... D’accord.

J’enfile mon manteau pendant qu’il paie.

Main dans la main, il me raccompagne en bas de mon immeuble. Il entre avec moi dans le hall et m’embrasse tendrement. Il me regarde monter.

Dimanche malgré mes espoirs, il me téléphone pour m’avertir qu’il ne pourra pas venir. Avec Delphine nous restons au chaud.

Je lui raconte le peu que Julien m’a confié.

..... Mais ils vont faire quoi ?

..... Alors là ma petite chérie, je n’en sais rien, je t’ai dit ce que je savais.

Désabusée elle me répond, que Céline n’a que ce qu’elle mérite.
Nous n’en parlons plus. Notre soirée sera calme devant la télé

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15 janvier 2003

Questionnement

Ce matin je me maquille et d’un rapide brushing je replace ma mèche. Delphine me fait une petite bise avant de partir en cours. Je la suis de près. Hier en rentrant je l’ai trouvé triste je n’ai pas osé lui demander ce qui se passait, je pense lui demander ce soir.

Monsieur Delabarre frère me reçoit avec sa gentillesse coutumière. D’emblée il me fait la bise et dépose une tasse de café sur mon bureau

Nous passons la matinée à papoter de ce nouveau stage. Je lui avoue que les cours sont moins prenants et presque moins intéressants. En riant je lui dis que sans devoir je me sens oisive.

Il rit et plaisante sur ma franchise, me mettant en garde de ne pas me faire manger toute crue par ma spontanéité. Un adversaire se frotterait les mains

Je lui confesse que le droit tout en étant captivant, le métier d’avocate m’attire moins.

Il hausse ses sourcils de la même manière que son frère prof ......... Auriez-vous fait tout ce chemin pour rien ?

..... C’est difficile en fin de compte, c’est chaque fois un cas de conscience. Défendons-nous un coupable ou un innocent ?

.... Qu’en pense le juge Devallon ?

Je le regarde en rougissant sans savoir quoi répondre.

..... Mon frère m’a fait comprendre que vos résultats venaient de l’aide qu’il vous apportait. Je n’en suis pas étonné.

..... Il ne m’aide pas dans mes devoirs, il m’aide à comprendre ce que je ne saisis pas il me fait le double du cours, il m’apprend à comprendre une loi et son double sens.

Il sourit ...... Oui, nulle n’était mon intention de vous faire un procès

..... Je ne lui en ai pas parlé, enfin je lui ai fait part de mon peu d’envie d’aller au-delà de la licence.

..... Cela me semble dommage, vous êtes perspicace, vous avez la rapidité pour voir les failles.

.... Les dossiers étaient simples, il n’en sera pas toujours ainsi

..... Vous savez que vous avez une place ici, si tel est votre désir

..... Merci Jean-Bernard.

Il se lève et se dirige vers la cafetière, muettement il me demande si j’en veux un, je souris et opine de la tête.

Tout en buvant mon café je réfléchis est-ce que je me sens capable d’être avocate au pénal ?

Ce soir en rentrant, je trouve Julien et Delphine en plein cours. Je ferme la porte de la cuisine, pour les laisser tranquilles et prépare le repas en faisant le moins de bruit possible.

Vers dix-neuf heures nous prenons un verre tous les trois. J’invite Julien à partager notre repas, il décline prétextant du travail. Je le raccompagne à la porte, sur le palier il m’embrasse de cette manière qui éveille en moi toutes sortes d’émotions

Tout en mangeant je demande à Delphine ce qui la perturbe

..... Pourquoi tu me demandes ça ?

.... Parce que depuis que je suis rentrée de week-end je te trouve tristounette.

..... Je suis désolée.

.... Allez dis-moi, c’est Julien ?

Elle sourit ...... Non ça va. A part l’autre jour, il est patient et m’explique bien. Puis nous parlons, il est à l’écoute, j’apprécie beaucoup.

....... Ton frère ? Ta sœur ?

Elle fait non de la tête, en finissant son yaourt.

..... Bon alors dis-moi je donne ma langue au chat.

Elle éclate en sanglots. Je la regarde sans comprendre ....... Qu’est-ce qui se passe ma louloute ?

..... Je vais me retrouver sans travail.

.... Comment ça, tu vas te retrouver sans travail ?

..... Nathalie m’a fait comprendre qu’elle ne pourra pas me garder au prix où elle me paie elle aurait une fille pour le double d’heure.

..... Ah merde qu’est-ce qui s’est passé ?

.... Je crois que Patrick lui a téléphoné en l’engueulant, disant qu’elle n’était pas réglo sur les horaires.

..... Arrête de t’inquiéter, nous trouverons autre chose et sinon bah on se serrera. D’autant que moi je vais être payée pour les cours de Magali.

..... Je ne peux pas être à ta charge, je ne me sentirai pas bien

..... Et donc ? Tu comptes faire quoi ?

..... Je ne sais pas.

..... On va réfléchir, ne te mets pas la paillasse à l’envers. Allez va fumer et te déshabiller, je m’occupe de la cuisine

..... Merci bichette.

Je débarrasse et range la vaisselle dans la machine. J’envoie un sms à Julien. ‘’ J’ai à te parler, quand tu peux, bisous’’

Je lave la casserole, essuie la table et fais couler deux cafés. You raise me up s’élève dans la cuisine

Je décroche aussitôt ........ Ma puce qu’est-ce qui t’arrive ?

..... Elle t’a parlé Delphine ?

..... Parlé de quoi ?

.... De son travail ?

.... Non pourquoi ? Que se passe-t-il ?

..... Sa patronne lui a dit qu’elle n’allait pas la garder, parce qu’elle doit payer trop cher pour le peu d’heures, et Delphine fait que pleurer elle sait que sans travail elle est morte, je crois qu’elle a peur de t’en parler

..... Merci ma puce, je verrai ça

.... Avec qui ?

..... Avec Delphine, dans un premier temps.

..... Merci alors.

Son rire raisonne à mon oreille ....... Je t’embrasse ma puce, je suis sur un dossier

..... Oui, bon courage, gros bisous

J’entends le déclic, j’ai remarqué qu’il ne s’attarde jamais au téléphone. Je souris malgré moi. Oh comme je l’aime ce mec. Est-ce parce que c’est mon premier amour ? Tiens, il faudra que j’en parle avec Delphine qui arrive dans la cuisine

..... Tu as fait le café bichette ?

.... Oui ma louloute, ça va mieux ?

Elle hausse les épaules. ….. Je suis dans la merde, hein !

Je lui souris ......... Ne t’inquiète pas, à nous deux, on va y arriver.

..... Et mon trimestre ? Je n’aurais pas assez, j’ai un peu économisé mais pas toute la somme.

.... Ton frère ne pourrait pas t’aider pour ton trimestre ?

Ses yeux larmoyants, me font de la peine ....... Je ne veux rien lui demander, il me dira, tu vois, tu jettes la pierre à Céline et tu n’es pas mieux

.... Mais non il ne peut pas te dire ça, ou alors il est injuste

..... Je ne sais pas.

.... Depuis quand tu le sais ?

..... Vendredi.

.... Ecoute, consacre-toi à tes études, le reste est secondaire. Nous allons nous débrouiller. Je vais voir madame Da Rossas si elle n’aurait pas quelque chose comme ta sœur sans dormir sur place. Et pour ton trimestre je vais te prêter, et puis pourquoi tu ne donnerais pas les cours à Magali ? Claude paie bien

Elle fait oui de la tête.

Je lui fais un bisou ...... Je vais à la douche ma louloute.

..... Oui.

Nous nous retrouvons devant la télé, la soirée est calme chacune dans nos pensées. J’essaie de chercher une idée, j’ai beau me creuser la tête, je ne trouve rien, et mon histoire de mamie à garder je sais que ça ne tient pas la route, et Magali pas sûr que Julien accepte avec les devoirs qu’elle a

Delphine se lève ........ Je vais me coucher bichette.

..... Oui moi aussi

J’éteins la télé embrasse mon amie en la serrant dans mes bras.
Allongée dans mon lit, les mains sous la tête, je me torture l’esprit dans le vide.

La semaine passe vite, le dossier que Jean Bernard m’a donné, m’occupe suffisamment l’esprit pour ne pas penser à autre chose que mon travail.

Vendredi en rentrant, Julien est là, je ne l’ai vu que mercredi, et encore il est parti dès mon arrivée, il m’attendait.

Nous nous embrassons pendant que Delphine ramasse ses livres et cahiers. Julien m’entraine dans la cuisine.

...... Comment vas-tu ma puce ?

.... Bien, je m’occupe d’un dossier intéressant.

..... J’ai eu ton maitre de stage au téléphone.

Je le regarde en fronçant les sourcils ....... Mais pourquoi ?

Il sourit ........ Il voulait m’entretenir sur un dossier. Nous n’avons pas parlé de toi, ou si peu. Ne lui as-tu pas appris que nous allions nous fiancer ?

..... Heu je n’ai pas pour habitude de raconter ma vie

Il rit ...... Alors j’ai joué les délateurs, je lui ai appris ! Il m’a fait moults compliments sur sa stagiaire

Je respire de soulagement. ..... Ah ! Il a dit quoi ?

Je vois Julien lever la tête ....... Viens t’assoir Delphine !

.... Merci monsieur

...... Il a dit quoi ?

..... Que te dire, que tu ne saches déjà ? Tu es l’élite ma puce.

Je hausse les épaules ...... Tu te moques

Il rit de ce rire de gosse, de ce rire qui montre qu’il a fait une bonne farce ........ Que veux-tu que je te dise de plus ?  Arrête de bouder et offre-moi un verre

Je me lève, et remplis trois verres que je pose sur la table.
Julien ...... Delphine, n’as-tu rien à me dire ?

.... Non monsieur sur quoi ?

.... Aucune idée, la Fac ?

Elle sourit ...... Bah à part mon huit non tout va bien

..... Ta sœur ?

..... Elle vient demain normalement

.... Oui deux heures, ensuite elle repart.

..... Oui monsieur, j’espère qu’elle ne fera pas de crise

.... Je serais là, nous devons accélérer.

.... Oui monsieur.

.... Ton travail ?

Je vois Delphine blêmir, elle boit son verre sans répondre.

..... Delphine ton travail ? Comment ça se passe ?

..... Pas trop bien.

.... Qu’est-ce à dire ?

..... Nathalie ne va pas me garder, je ne sais même pas si je dois y aller demain.

..... Une raison particulière ?

Je connais mon amie, je sais qu’elle retient ses larmes. D’une voix enrouée elle explique à Julien ce qu’elle m’a confié.

Je le vois prendre son téléphone, chercher un numéro, il met le haut-parleur
..... Nathalie ? C’est Julien

.... Salut beau Julien, qu’est-ce qui vous amène ?

.... J’ai appris que tu ne voulais pas garder Delphine !

.... Oui effectivement, elle ne me convient pas.

.... Pourquoi ?

.... Rien en particulier, mais voilà elle bosse à peine dix heures, et Patrick m’a demandé de rallonger son salaire, je ne peux pas me le permettre

..... N’oublie pas que tu ne paies pas de charge sur ses salaires

..... Oui mais si je dois sortir plus qu’elle me rapporte ça ne m’intéresse pas, je vais prendre une intérimaire au moins elle sera présente tous les jours et je paierais le même prix !

.... Oui si tu la déclare.

.... Oui enfin, là je peux m’arranger et faire moitié-moitié

.... Bien, alors fais, mais tu seras hors loi !

.... Bah elle peut venir demain, je n’ai pas de vendeuse

.... Non Nathalie, Delphine n’est pas ton bouche-trou. Son pseudo contrat s’arrête là. Elle viendra chercher son salaire dans les prochains jours

.... Quel salaire ? Elle n’a pas travaillé toute la période de Noël alors que c’est là que j’ai le plus de monde

.... Je te rappelle, qu’elle est étudiante et que les vacances sont nécessaires !

Ironique Nathalie répond.... Bah alors qu’elle prenne ses vacances.

..... Un conseil d’ami Nathalie paie lui les jours que tu lui dois et ses congés payés !

.... Oui bah qu’elle passe !

.... Elle passera !

Il raccroche en pestant. ...... Non mais elle a un toupet celle-ci.

Delphine essuie furtivement une larme. Je suis malheureuse pour mon amie.
Julien ........ Delphine, ne te mets pas dans cet état-là. J’attends une réponse pour un petit job, par contre il se peut que tu travailles le samedi jusqu’à treize heures et le mercredi après-midi

..... Ce n’est pas grave monsieur

..... Bien, tes horaires seraient mercredi après-midi et samedi matin. Il n’y aura rien d’autre, au tarif en vigueur. Peut-être un soir ou deux pour deux heures uniquement

..... Merci monsieur, je peux savoir dans quoi ?

Il sourit ...... Tu peux savoir oui !

Elle le regarde sans comprendre qu’il ne lui dise pas, j’ajoute mon grain de sel ........ C’est dans quoi ?

...... Dans une école !

Delphine le regarde avec sa bouille de clown ....... Une école pourquoi faire ?

..... Plus exactement un internat, tu seras surveillante. Cela te convient-il ?

Ses yeux brillent ........ Oh oui monsieur. Ce sont des élèves de quel âge ?

...... Primaire, je tiens à t’avertir qu’il se peut que tu travailles la moitié de vacances, tout dépend des élèves qui restent sur place. Et ce serait la journée. Sauf les congés d’été.

...... D’accord.

.... Sur ce, les filles je vais vous laisser. A quelle heure arrive ta sœur demain ?

.... Aucune idée monsieur.

..... Demain neuf heures ! Camille lui donnera un cours jusqu’à midi ensuite elle rentre. Sois prête à dix heures. Sans tenue puisque ta sœur sera là.

.... Oui monsieur

Il se lève et range sa chaise ........ Ma puce tu m’accompagnes ?

..... Oui bien sûr.

A mon tour je me lève et vais sur le palier avec lui ......... Ne dites pas à la sœur que je viens dans la matinée.

..... Non bien sûr. Tu veux la prendre par surprise ?

..... Je veux savoir si elle écoutera ce que tu lui dis sans rechigner sinon elle dégage.

.... D’accord, oui et l’après-midi la petite Magali elle vient quand ? Je croyais que Claude la prenait le samedi.

..... Tu ne l’auras pas Claude s’est arrangé

.... D’accord.

..... Veux-tu sortir demain soir ?

.... Tu veux ? Tu as le temps ?

.... Bien sûr ma puce, le dimanche nous appartient.

Je souris .... Ah, cool.

Je me hisse sur la pointe des pieds et m’accroche à son cou il passe son bras autour de ma taille pour m’attirer à lui, nous échangeons un long baiser.

Je le regarde descendre et rentre. Delphine a débarrassé les tasses et mis la table.

...... Voilà ma louloute, tu vois tout s’arrange.

.... Tu lui en avais parlé ?

..... Bah oui évidemment. Je ne trouvais pas vraiment de solution

.... Tu es ma bichette.

Je souris ...... Et avec mon petit plus, tu vois ça va aller. Et les vacances bah on ira chez mes parents, nous ressourcer un peu.

Elle fait oui de la tête. Je la sens émue. ...... En fait je gagnerai mieux que chez Nathalie, et ce sera moins fatigant

..... Et en plus avec des petits, tu vas être dans ton élément

...... Carrément, oui.

Nous finissons notre soirée devant la télé tout en bavardant, de tout de rien. Sautant du coq à l’âne et riant.
N’ayant rien suivi du programme télé je vais me coucher en même temps que mon amie.

En me levant, j’essaie de ne pas faire de bruit pour la laisser dormir. J’éclate de rire en arrivant dans la cuisine

..... Tu es déjà sur le pied de guerre !

.... Ton monsieur arrive à dix heures et Céline à neuf.

.... Tu l’as prévenue ?

.... Oui hier soir je lui ai téléphoné elle a commencé à râler que c’était trop tôt

..... Bah elle veut venir à quelle heure ?

..... Pas elle veut venir, plutôt elle comptait venir vers onze heures et squatter toute la journée.

J’éclate de rire en me servant un café ........ Ah bah là, ça va se corser.

En se levant Delphine riposte un peu sèchement ...... Elle verra bien, moi je ne m’en occupe pas. Ton mec n’est pas ce qu’on appelle complaisant, et je n’ai pas envie de me faire engueuler pour elle

Je la regarde sortir, sans savoir quoi penser. Jamais, Delphine fait montre de mauvaise humeur. Qu’est-ce qui se passe ?

Je débarrasse, essuie la table et vais faire mon lit. Delphine sort de la salle d’eau je prends sa place en m’activant un peu, il n’est pas loin de neuf heures

Assises dans la cuisine, devant une tasse de café je demande à mon amie si elle a passé une mauvaise nuit

..... Non pourquoi ?

Je hausse légèrement les épaules. ..... Je te trouve de mauvais poil.

..... Non ce n’est pas après toi bichette. Hier au soir je me suis pris la tête avec Céline.

..... Ah merde, pourquoi ? 

.... Regarde il est neuf heures vingt et elle n’est toujours pas là.

.... On verra bien arrête de t’en faire. Allez va fumer ta clope, ça te détendra

Elle sourit et va sur le balcon en tirant la porte vitrée sur elle

Je prépare mon bloc et un stylo que je porte sur la table de la cuisine, la sonnette retentie. Je vais ouvrir sans regarder sachant que c’est Céline avec presque trois quart d’heure de retard. Mon cœur fait un bond
Julien me soulève et ferme la porte du pied ......... Comment va ma puce ?

Je m’accroche à son cou et applique ma bouche sur la sienne. Il sent bon le dentifrice. Quand il me repose, je suis toute palpitante.

.... Où est la copine ?

.... Heu je l’ai envoyé fumer sa clope, elle n’a pas la grande forme.

.... Pourquoi ?

..... Elle a peur que sa sœur soit pénible

.... Et elle est où la sœur ?

Je souris ...... Alors là aucune idée.

..... Fais-moi un café ma puce, s’il te plait

Delphine arrive ....... Bonjour monsieur

..... Bonjour Delphine, va brosser tes dents, je n’ai pas envie de respirer ton haleine fétide

..... Oui monsieur

Je me tourne d’un bloc ....... Oh tu n’es pas gentil.

.... Elle n’a pas besoin de fumer !

Il tire une chaise et s’assoit, tout en me regardant m’activer pour faire les cafés.

Je pose les tasses, Delphine se place devant une chaise les mains dans le dos

...... Assieds-toi Delphine.

..... Merci monsieur

..... Où es ta sœur ?

...... Aucune idée monsieur.

.... Ne lui as-tu pas dit neuf heures ?

..... Si bien sûr

...... Et ? Il est dix heures.

..... Je ne sais pas monsieur elle trouvait que c’était tôt.

..... Et elle pense que Camille est à sa disposition ? Que l’après-midi elle n’a pas autre chose à faire ?

Delphine baisse la tête, et tourne son café sans répondre. La sonnette me fait sursauter. Je n’ai pas le temps d’ouvrir Julien est déjà à la porte, qu’il ouvre d’un coup sec.

...... Bonjour jeune fille tu n’as pas vu l’heure ?

.... Bah quoi ?

... Ta sœur ne t’a pas dit neuf heures ?

Tout en parlant elle entre et va embrasser sa sœur elle me fait une bise rapide comme par obligation. Mon pouls s’accélère de colère. Elle s’assoit et demande un café à Delphine

Julien de ce ton sec, ce ton qui me fait savoir qu’il va exploser ........ Où as-tu appris la politesse ?  Te serais-tu crue en terrain conquis ?

Céline le regarde sans comprendre ........ Bah vous buvez un café.

.... Il fallait arriver à l’heure !

..... C’est samedi, je ne vais pas me lever aux aurores alors que toute la semaine déjà je me lève à sept heures

..... Tu es fatiguée ?

..... Bah quand même !

.... Alors tu peux repartir, et aller te reposer !

Elle le regarde en souriant ironiquement ...... Bah non je ne vais pas repartir, je ne suis pas venue pour rien

Julien change de tête il est blanc de colère, ses yeux lancent des éclairs je ne dis rien Delphine est mal à l’aise.

D’un coup il tonne ......... Bouge Céline ! Quand tu apprendras le respect, nous pourrons nous occuper de toi. Sors d’ici !

Elle se lève et sort en claquant la porte avec une telle force, que mon cœur fait un bond.

Je range les tasses, Delphine va chercher ses classeurs et livres.
Dans ma chambre j’allume mon ordinateur et cherche pour continuer mon mémoire. Je n’ai aucune idée, j’ai la tête ailleurs. Je suis en colère contre Céline, non seulement elle arrive une heure après le rendez-vous et en plus elle répond avec incorrection.

Je passe le restant de la matinée à essayer de monter ce nouveau chapitre, je sais que rien n’est bon. Que je n’ai pas su.

Je referme mon pc et range mes feuilles, il n’est pas loin de midi et comme ils sont dans la cuisine, difficile de préparer à manger.

J’attends encore un peu et me décide à aller voir.

Delphine les bras croisés sur la table discute avec Julien

...... Ma puce j’allais partir.

..... Ah !

Il se lève et sourit. ....... Tiens-toi prête vers dix-huit heures je passe te chercher, prépare un petit sac.

..... D’accord.

Il embrasse Delphine et m’attire sur le palier. Il dépose un doux baiser sur mes lèvres avant de descendre.

Je rentre dépitée. Je regarde dans le congélateur, Delphine me rejoint

..... Tu veux manger quoi Delph ?

.... Aucune idée, ce que tu veux.

J’éclate de rire ...... Bah justement je n’ai pas d’idée.

.... Il nous reste des ravioles ?

Je regarde dans le placard ...... Oui !

.... Allez fais ça, on ne va pas se casser la tête.

Tout en mangeant nos raviolis gratinés, je fais part de mon inquiétude à Delphine. ....... Tu vois avec ça, bah je n’ai plus une minute à moi. Je voulais aller m’acheter des fringues, je ne peux même pas.

...... Pourquoi ?

.... Et j’y vais quand ? Le soir je quitte à dix-huit heures et quand je n’ai pas stage j’ai Magali

Delphine tourne la tête vers le four ....... Il est midi quarante, si tu dois être prête pour six heures, on a le temps d’y aller

...... Tu crois ?

.... Oui allez, hop on part à une heure on rentre à cinq. Ça te va ?

Je ris ........ Carrément, merci ma louloute.

On dévale les escaliers en riant et allons au métro presqu’en courant.

..... Tu sais ce que tu veux ?

Je hausse mon épaule dans ce signe de négation ........ Deux ou trois tenues un peu féminines et habillées. Je suis toujours en jeans. J’ai des belles bottes et même pas une robe

Elle éclate de rire ........ Oh ma pauvre bichette qui va cul nu.

Bras dessus, bras dessous, en riant nous allons vers les boutiques que nous connaissons. Après bien des recherches, des hésitations, des essais des habillages et déshabillages, je finis par me trouver une jolie robe noire moulante à manches longues, Delphine et la vendeuse me font compliments, La robe épouse parfaitement mes courbes. Une autre robe tailleur, à la coupe élégante. L’encolure à revers est en V légèrement plongeant. Un triple boutonnage croise un pan sur l’autre. De fausses poches agrémentent l’ensemble. Je me sens bien dedans, sa couleur bleu marine la rend seyante et habillée avec ses revers blancs, sans être classique

La vendeuse me propose un tailleur jupe courte et spencer qui me plait moins. Le prix des deux robes grève un peu mon budget, mais sachant que je serais payée pour Magali je m’offre cette folie.

Tout en nous baladant, Delphine me montre dans une vitrine une jupe courte en tweed à carreaux blancs et noirs
..... Regarde avec un corsage blanc, et une veste noire, ça claque !

..... Oui elle est jolie

.... Viens, on rentre.

J’écarte le rideau de la cabine d’essayage. Avec mon pull, la jupe ne donne pas grand-chose. Delphine me tend un corsage blanc, d’une grande simplicité, si ce n’est les poignets qui se terminent par un petit volant

.... Essaie avec ça

Je retourne en cabine.

...... Oh ma bichette tu es trop canon, comme ça.

Elle me tend une veste mi-longue noire, pour essayer

..... Ah mais carrément ! Ton apollon va tomber à la renverse

Je ris ...... Tu es bête !

Je demande les prix, Delphine additionne les étiquettes, ce qui dépasse vraiment mes moyens

..... Allez bichette fais toi plaisir, et avec tes bottes noires, tu vas tout casser. Habille-toi comme ça ce soir

Je cède à la tentation. En sortant je fais remarquer à mon amie, qu’elle me rend dépensière.

..... Ouais bah aussi tu ne sors pas avec le péquin du coin de la rue !

...... Je voulais me prendre une eau de toilette.

..... Bah viens, tu prends un tout petit flacon et le mois prochain un plus grand.

..... Allons déjà voir les prix.

A la parfumerie la vendeuse très gentiment nous conseille, nous fait respirer plusieurs petites languettes. J’arrête mon choix avec l’accord de Delphine sur une eau de toilette légère d’un grand couturier

J’offre un verre à mon amie. ...... Tu ne voulais rien te prendre ?

.... Bah je vais attendre un peu, parce que les fonds sont en baisse.

Nous rentrons, contentes d’être un peu sorties. Pas que le temps soit au beau fixe, mais nous avons rarement l’occasion de trainer les boutiques

J’enlève les étiquettes des vêtements, et les range soigneusement dans mon petit sac de voyage, je laisse sur mon lit, la dernière tenue achetée.
Je me maquille avec soin, et m’habille. Je prends à tout hasard mon pantalon de tergal noir, ma trousse de toilette, et celle de maquillage, je ferme mon sac et l’emmène dans la cuisine

Assises sur le canapé, sirotant un verre de perrier, Delphine me fait rire

...... Rho ma bichette tu es ...... Oh tu es trop belle. Il va tomber raide dingue

.... Ah bon, à cause d’une jupe ?

..... Ah mais tu ne te rends pas compte comment ça te change. Tu es trop à croquer

Je ris, la sonnette se fait entendre je vais ouvrir. Julien me regarde de la tête aux pieds .......... Ma puce, tu es ravissante.

Je rougis ....... Merci.

...... Tu es prête ?

..... Oui.

Il m’aide à enfiler mon manteau, recommande à Delphine de ne pas fumer, et m’entraine.

Nous roulons un peu plus d’une heure, Julien entre dans une grande propriété, style château. Un voiturier vient à notre rencontre.

.... Les bagages sont dans le coffre

.... Bien monsieur

Un autre type en pantalon noir, veste bordeaux à boutons dorés nous reçoit. Nous entrons dans un magnifique hall, aux lustres de cristal.

Il nous guide vers une réception. Julien donne son nom. Un autre type habillé du même costume que l’autre, nous conduit vers un ascenseur capitonné. Il appuie sur le 1

Il ouvre la porte d’une immense chambre, toute tendue de tissu soyeux beige. Le lit est recouvert du même tissu avec des coussins marron foncé. Je suis époustouflée.

Le type d’en bas monte nos bagages qu’il pose sur un genre de banc, il repart discrètement en refermant la porte sans bruit.

Julien me prend dans ses bras et m’embrasse tendrement ....... As-tu faim ma puce ?

..... Oui un peu.

Je me sens si petite dans cette grande chambre

Nous descendons dans une sublime salle à manger. Des petites tables rondes, recouvertes d’une nappe blanche et d’un carré rose. De larges fauteuils club, une vaisselle en fine porcelaine, des verres à pied en cristal.
Je suis éblouie par tout ce luxe. J’ose à peine respirer dans ce grand cadre de rêve

...... Tout va bien ma puce ?

Je tourne la tête vers Julien, sur la table deux coupes de champagne.

Je souris intimidée d’un coup ....... C’est tellement beau.

Par-dessus la table, il vient chercher ma main. ....... Ma puce, je veux t’ouvrir à la vie, te faire connaitre autre chose.

..... Pourquoi ? Tu ne me trouves pas assez dégrossie ? Trop provinciale ?

Il éclate de rire ...... Non ma puce, tu es très bien comme tu es. Tu es d’une éducation parfaite, simplement je veux te faire connaitre un monde plus large. Je vogue dans des sphères différentes. Autant dans la misère que dans la richesse

Nous ne nous quittons pas du regard, je me sens rougir sous sa prunelle me détaillant.

..... De plus, il nous est difficile de parler à l’appartement. Non que je craigne une indiscrétion de Delphine ! Seulement il y a des sujets qui ne la regarde pas.

...... Comme quoi ?

..... Connais-tu le proverbe, pour vivre heureux, vivons cachés ? Je ne vais pas te parler de nos futurs projets en sa présence. Après si toi, tu veux te confier ça te regarde, mais n’oublions pas que je suis son coach, pas son copain.

..... Oui d’accord.

Il prend sa coupe en main et viens trinquer à la mienne ........ A nous deux mon chat.

Je souris et fais pareil ...... A nous deux mon chéri

Je trempe mes lèvres dans le nectar fruité et pétillant.

...... Ma puce, tes parents sans être rétrogrades, sont malgré tout de l’ancienne génération. Et de ce fait, par respect je voudrais annoncer nos fiançailles prochainement.

....... Ah ! Tu sais Franck n’a jamais été marié avec la mère de son fils, et mes parents n’ont pas trouvé ça étrange, ils savant que les jeunes ne se marient plus

...... Ne veux-tu pas te marier ?

Je souris pleine de trouble. Cette voix chaude et naturelle, me rends fébrile, à moins que ce soit le champagne

..... Si bien sûr.

..... Camille, je t’aime ! J’ai eu des aventures, des maitresses, tu dois bien t’en douter ! Je n’ai jamais ressenti ce sentiment avec les autres. Je veux te faire femme, je veux te faire ma femme. Comprends-tu ?

..... Si ! Oui bien sûr.

..... Alors tout est pour le mieux. Nous nous aimons, nous concrétisons

Prenant mon courage à deux mains, en baissant les yeux, je lui fais part de mes incertitudes.

...... Je suis si jeune par rapport à toi, je ne connais rien de la vie. Tu es tellement instruit, tellement beau, les filles te détourneront de moi.

Je sens les larmes arriver dans mes yeux. J’essaie de respirer à fond. Mon pouls bat à mille à l’heure.

..... Ma puce, je ne vois pas les autres. Delphine toute mignonne qu’elle soit, ne m’attire aucunement

..... Tu ne l’aimes pas ?

Il sourit ...... Je l’apprécie, tout en la considérant comme une élève, sans plus. C’est une jeune fille intéressante, et non je ne l’aime pas.

Une jeune femme nous apporte nos assiettes, nous n’avons rien commandé, ou alors je n’ai pas fait attention.

Je me régale d’un carpaccio de saumon sauvage. Je mange doucement, savourant chaque bouchée.

Julien repose ses couverts, essuie ses lèvres de cette serviette de coton épais, et bois une gorgée de sa coupe.

...... Ma puce, je te sens songeuse.

A mon tour je pose mes couverts de la même manière que lui. ....... Non ça va.

..... Tu as des doutes ? Des questions ?

...... Pourquoi ?

..... Pourquoi quoi mon chat ?

...... Pourquoi octobre ?

...... Pourrais-je te faire oublier ce triste épisode de notre vie ?

...... Qui me dit qu’en colère tu ne recommenceras pas ?

Il rit ........ Ma puce, tu n’es plus mon élève. Je ne fesse pas tous les gens qui sont en contradiction avec moi.

Je n’ai rien à objecter, mais il ne répond pas à ma question.

La jeune femme vient débarrasser, une autre nous place de nouvelles assiettes garnies de deux tranches de gigot et d’un panaché de légumes

Je croise son regard rieur ......... Tu n’as pas répondu à ma question.

..... Alors je vais te le dire, dès le début, dès le premier jour ou ton minois moqueur me détaillait, j’ai été attiré par cette petite chose qui semblait fragile, mais qui en réalité a du caractère. Rappelle-toi le jour où je t’ai demandé d’ôter ta culotte ! Tu m’as répondu que tu allais t’enrhumer.

Je souris à ce rappel, comment peut-il s’en souvenir ?

Il me dévisage, et sourit, de ce sourire qui me rend toute chose, qui me fait frémir. ....... Je me protégeais contre cette attirance. Patrick s’en est aperçu bien avant moi. Il était impossible de conjuguer ton suivi et une idylle. Je m’en défendais tous les jours. Puis est venue cette histoire avec l’autre garce, j’ai vu rouge. Il était hors de question que tu te tournes vers un autre.

Il prend une grande inspiration .........Ta fuite m’a fait l’effet d’une bombe. Je t’avais perdu. J’étais comme un fou. Claude m’a conseillé d’aller te chercher, j’ai longuement parlé avec lui, il m’a fait savoir que tu éprouvais des sentiments pour moi.
Je vais pour lui répondre, d’un geste de la main, il me fait signe de me taire ........ Laisse-moi aller jusqu’au bout mon chat.
Quand je t’ai vu malade, au fond de ton lit avec de la fièvre, délirant dans ton sommeil, mon sang n’a fait qu’un tour, je t’ai veillé jour et nuit. Et j’ai su, à ce moment-là que mes sentiments étaient plus forts que tout ! Le mariage de ton frère a tout déclenché, je ne pouvais plus ni taire ni cacher mon amour. Voilà ma puce !

...... Pourquoi cette sévérité ? Avais-je mérité que tu me traites comme ça ?

..... Je comprends ton ressenti. Cette sévérité était pour me détacher de toi. J’attendais que tu mettes fin à notre contrat, tout en espérant que tu ne le fasses pas. Quand je te quittais je m’en voulais, j’aurai tant aimé te prendre dans mes bras, m’excuser, t’expliquer. Mais que te dire ? Camille je t’aime, et pour cette même raison je te fais vivre l’enfer.

Je n’ai pas de réponses. Je sais que je l’aime de tout mon être, mais comment ne pas douter ?

....... Parle-moi mon chat, dis-moi à quoi tu penses !

..... Je ne sais pas.

..... Que ne sais-tu pas ?

...... Comment savoir si on se dispute, tu ne vas pas me tomber dessus ? Comment savoir si notre différence d’âge, de milieu, et d’instruction, ne seront pas des obstacles ?

..... Ma puce, je ne frappe pas mes compagnes. On s’explique on fait moitié de chemin ensemble et on trouve un accord. Et sur quoi veux-tu qu’on se querelle ?

..... Je ne sais pas, une conversation qui ne nous convient pas, des mots prononcés sur l’instant.

..... Tu ne m’as jamais montré que tu étais rancunière.

.... Non bien sûr, mais comment connaitre l’avenir ?

..... Chérie, dis-moi depuis quand tes parents sont mariés ?

..... Heu quarante ans, par là

..... N’y a-t-il jamais eu des hauts et des bas ? Et pourtant quand on les voit, on les sait amoureux l’un de l’autre

Je fais non de la tête ...... Je ne les ai jamais entendu se disputer, ma mère est très tolérante

Il sourit ...... Et ton père ?

Je ris ...... Mon père à le caractère Constant, il est totalitaire, comme Franck.

....... Il semblerait que mademoiselle Constant, ait le même tempérament.

..... Et toi aussi, tu es dictatorial, donc il y aura automatiquement des conflits.

..... Puce, un couple sans désaccord, n’existe pas. Cela voudrait dire que tu es soumise, et ça ne m’intéresse pas.  J’aime ta personnalité. Ce côté malicieux, ta volubilité, ton rire. Je t’aime tout simplement. Telle que tu es, telle que je veux que tu restes. Comprends-tu ?

...... Je n’appartiens pas à ton milieu, Julien sois-en conscient. Je ne suis qu’une petite provinciale, imagine tes amis, ils ne pourront jamais être les miens. Je mange mes frites avec mes doigts, je me régale d’un hamburger je bois du coca

...... Chérie, je t’amène à gouter des mets, t’en plains-tu ?

Je souris ...... Non bien sûr.

...... Mes amis t’accepteront telle que tu es, sinon ce ne sont pas des amis.

...... Regarde chez ta sœur, je me sens si petite, elle est si belle, si sûre d’elle, si instruite.

...... Camille ma sœur t’adore !

...... Ah ! Et ton beau-frère ?

..... Frédéric aussi ! J’ai leur bénédiction que veux-tu de plus ?

Il écarte une à une mes incertitudes. Les questions trouvent leurs réponses comme par enchantement. Je ne sais plus quoi penser

..... Dis-moi que tu ne m’aimes pas !

..... Si bien sûr que je t’aime. Mais je ne connais rien de la vie. Ne te détacheras-tu pas de moi ?

...... Camille, crois-tu que je sois une girouette ? Crois-tu que je ne sache pas ce que je veux, que je suis dans le doute ? Crois-tu que je m’amuse à te faire la cour juste pour le plaisir d’avoir une jeunette à mon bras ? C’est le peu de confiance que tu m’accordes ?

Son ton sec me fait froid dans le dos. Il me dévisage pendant de longues secondes, jusqu’à me faire rougir.

...... Sur quel ton dois-je te dire que je t’aime ? Me prends-tu pour un insensible sans cœur et sans sentiment ?

D’un signe de son menton il me demande de répondre

..... Non ce n’est pas ce que je dis.

...... Alors marions-nous. Je te veux à moi, te faire mienne, te chérir jour après jour.

Une grosse boule au fond de la gorge m’empêche de répondre. C’est les larmes aux yeux que je réponds ‘’Oui’’

Julien commande un café gourmand, j’ai à peine touché à mon gigot pourtant très bon.

Le repas se termine en silence, chacun dans nos pensées. En fait je ne pense à rien. Je repasse ses paroles en boucle dans mon cerveau enfiévré.

Malgré le froid, nous allons faire quelques pas dans le parc du château. Une petite demi-heure plus tard nous remontons dans notre chambre. Julien allume le grand poste de télévision, accroché au mur face au lit

Je le vois se diriger vers la salle de bains, je m’adosse à la tête de lit et zappe les chaines.

...... Puce, je t’ai fait couler un bain, va te relaxer.

Je lève la tête et lui souris ........ Merci

Je me coule dans l’eau chaude moussante essayant de me détendre. Les paroles de Julien se bousculent dans ma tête.

J’enfile mon pyjama en moi je souris. Hum pas très glamour ! Enveloppée dans le peignoir de l’hôtel, en éponge douce, je rejoins Julien.

.... Ça t’a fait du bien ?

..... Oui merci

Il éteint la télé et m’entraine vers ce grand lit. Le cœur battant je me couche, il me prend dans ses bras, m’embrasse tendrement.

..... Dors mon chat.

Je me blottis contre lui pour m’endormir doucement.

Une main enlève la mèche qui barre mon visage, j’ouvre les yeux. Je vois le regard taquin de Julien penché sur moi.

Je m’accroche à son cou et l’embrasse sur la bouche. Notre baiser devient passionné, il pose une main sur mon sein, ce qui a l’effet d’inonder mon bas ventre d’une douce chaleur
Avec délicatesse et tendresse dans des gestes caressants faisant monter en moi une effervescence à ce jour inconnue, il me fait sienne.
Nous reposons dans les bras l’un de l’autre. Je suis complètement perdue, comme sur une autre planète que je viens de découvrir. Mon cœur bat à mille à l’heure.

..... Mon chat dis-moi quelque chose.

Je tourne ma tête vers lui, je sais mes yeux brillants d’un indescriptible bonheur. Je reste muette et me serre contre lui en enfouissant ma tête dans le creux de son épaule.

D’un geste tendre, il caresse mes cheveux. ..... Mon amour ?

Je souris, remonte le drap sur ma nudité et l’embrasse sur la bouche. Cette bouche que j’aime tant.
Nous repartons dans ce monde merveilleux, avant de nous endormir repus et fatigués

....... Chat il va être onze heures.

J’ouvre les yeux, encore endormie. Je caresse son ventre, n’osant pas allez au-delà par pudeur et timidité.

D’un geste brusque il arrête ma main et me retourne comme une crêpe, il s’allonge sur moi, je peux voir ses yeux rieurs emplis d’amour, son baiser est tellement sensuel qu’une sourde envie de me donner à lui monte de mon ventre

Nous nous levons une heure plus tard.

Prêts nous descendons à la salle de restaurant. Tout ça m’a donné faim. Après un petit déjeuner copieux, nous prenons la voiture pour aller nous balader. Le temps dehors est glacial. Julien nous emmène dans l’ancien pays, j’apprends par les panneaux que nous sommes dans la vallée de Chevreuse.

Nous rentrons en fin d’après-midi à l’hôtel après avoir visité une abbaye et le château de la Madeleine.

A l’hôtel nous prenons un copieux gouter, et remontons dans la chambre, refaire notre sac

Dès la porte fermée, Julien me prend dans ses bras et m’attire vers le fauteuil de la chambre

..... Ne bouge pas je reviens !

Je l’entends farfouiller dans la salle de bains. En souriant je ne bouge pas un ongle comme il dit

Il revient et s’assoit sur l’accoudoir du fauteuil, il me tend un petit paquet tout en longueur. Je le regarde

..... J’ai compris que chez tes parents les cadeaux n’étaient pas de mise. Je ne pouvais donc pas te l’offrir ma puce

Je tends la main. Emue je défais le joli papier cadeau pour découvrir un écran en velours bleu. Je l’ouvre les mains tremblantes. Une fine chaine en or avec une très jolie médaille représentant deux cœurs entrelacés très finement ciselés

Julien la détache de la petite barrette et l’accroche autour de mon cou. Pleine d’émoi, allant jusqu’aux frissons je lève la tête en souriant timidement, il penche légèrement la sienne et pose sa bouche chaude sur la mienne. Je m’accroche à son cou pour lui faire passer dans ce baiser tout mon amour.
Il me porte sur le lit, et m’allonge, il me déshabille avec des gestes tendres, sans arrêter de m’embrasser. D’un tour de main il se déshabille, je suis pleine d’attente, pleine de frissons, impatiente de me donner entière et sans pudeur.

Nous arrivons sur Paris un peu avant vingt heures. Julien monte avec moi. Delphine s’apprête à diner.

Je vais l’embrasser, Julien lui sourit et me demande un verre d’eau pétillante

Delphine ...... Vous voulez partager notre repas monsieur ? Il y a suffisamment

Julien lui sourit ...... Je te remercie ma grande, une autre fois. Ta journée ça été ?

..... Oui monsieur

..... Qu’as-tu fait ?

Elle sourit ........ J’ai recopié la dissertation, et réviser ma géo.

Julien avale son verre d’un trait et se lève ...... Parfait !

Il m’enlace et m’embrasse à pleine bouche dans mon oreille il chuchote ........ Mon amour !

Je m’accroche à son cou et glisse dans la sienne ......... Merci pour cette magnifique journée. Merci pour tout.

Il m’entraine vers le palier pour m’embrasser, et se détache comme à regret ...... Ma puce, il me faut y aller

..... Tu me téléphoneras ?

..... Oui !

Je le regarde descendre soudain envahie d’une grande tristesse avec un sentiment d’abandon. Qu’est-ce qui le presse un dimanche soir ?

Je rentre en refermant doucement la porte. Delphine a rajouté une assiette.
Je m’assois et me sers un grand verre d’eau. ...... Je n’ai pas faim on a mangé

..... Ah d’accord. Bon bah je termine alors

.... Oui, oui vas-y, je vais défaire mon sac

Triste je range mes affaires. Sous la douche je suis pleine d’incertitude, me posant mille questions. Après tout je ne sais rien de la vie de Julien, il ne se dévoile pas. Certaines choses, certaines attitudes sont difficiles à comprendre.

Au travers de la porte Delphine me demande si je veux un café. J’éteins l’eau et sors

..... Oui je veux bien

En pyjama douillet, je brosse mes cheveux et rejoins mon amie dans le salon

...... Ça va bichette ?

..... Heu oui pourquoi ?

Elle me regarde en souriant ....... Parce que ton regard me dit que tu as un souci

Je souris ...... Non ça va, fatiguée un peu. Et toi ?

..... Pas grand-chose à raconter, j’ai planché sur ma disserte que j’avais préparé avec ton homme et j’ai révisé ma géo pour le contrôle demain

..... D’accord. Je vais aller me coucher ma louloute

.... D’accord.

Nous nous faisons bisous. Je vois le regard interrogateur de Delphine, mais par discrétion elle ne me pose pas plus de questions
Dans mon lit, j’essaie de faire les questions et les réponses. Les mains sous la nuque, fixant le plafond, le cœur battant et les larmes aux yeux.

Ma porte s’ouvre à la volée. Delphine me tend mon portable

..... Bichette tiens, il a sonné deux fois j’ai fini par répondre

Je me redresse d’un coup et prend le téléphone que je colle à mon oreille. Delphine allume la lumière et ferme la porte en sortant.

..... Allo ?

.... Ma puce tu es déjà au lit ? Tu es malade ?

Mon cœur s’emballe ....... Non pas du tout. J’avais besoin de réfléchir

J’entends son rire résonner ...... Réfléchir à quoi ma puce ? Tu regrettes ?

..... Ah non pas du tout. Ce n’est pas ça

....... Alors qu’elle est ta préoccupation ?

J’essaie de réfléchir à toute vitesse. Comment lui dire les questions que je me pose ? Comment ne pas passer pour une inquisitrice ?

...... Camille ?

..... Oui je suis là

.... Qu’est-ce qui se passe ?

Je sens une boule se bloquer dans ma gorge, je n’arrive pas à répondre

..... Dis-moi ce qui ne va pas !

...... Rien laisse, ce n’est pas grave.

...... Je vais terminer mon dossier, assez tard, je te vois demain, nous discuterons

Je murmure un oui et lui souhaite bon courage. Je raccroche avant lui. Je pose mon téléphone, vais éteindre la lumière et me couche. J’éclate en sanglots. Je ne sais même pas pourquoi ces larmes. De l’avoir entendu ? De ne pas avoir réussi à lui dire mon tourment ?

Je finis par m’endormir.

10 janvier 2003

Week-end bonheur

Je suis sur un petit nuage, de savoir que je vais passer ce week-end avec mon chéri. J’ai mis Delphine dans la confidence.

Dès qu’il part, je prends une douche, me lave la tête, et fais un brushing. Je vernis mes ongles de pieds et rectifie mes épilations, je prépare mon sac. Je prends mon pantalon noir, à cet instant, je pense qu’il va me falloir m'habiller autrement, devenir plus féminine. Pendant le repas, je fais part à Delphine de mon envie d’aller faire les magasins.

Mon amie sourit je lui demande pourquoi

...... Et tu y vas quand ?

..... Je ne sais pas pourquoi ?

..... Il ne te reste pas beaucoup de temps libre et moi je peux à peine respirer avec ton mec, il accélère la cadence

Je prends un air boudeur qui fait rire mon amie ....... Oui je sais.

..... Bichette ne te vexe pas mais je pense que c’est pour t’occuper qu’il t’a mis la gamine dans les pattes

..... Comment ça ?

Elle prend un air gêné ....... Ne le prends pas mal, mais je pense que c’est pour éviter que tu traines avec les étudiants, je le soupçonne d’être jaloux

Je regarde mon amie avec des yeux tout ronds ......... Oh tu crois ? Il n’a pas confiance en moi ?

...... Si, il a confiance en toi, mais il se rassure sachant que tu es là avec Magali.

Je suis sidérée d’entendre les propos de mon amie. Delphine essaie de plaisanter

..... Il t’aime, ce n’est pas d’hier, ça fait un an, et je pense que c’est pour ça qu’il te laissait si peu d’amplitude.

..... Ouais.

Je n’ai plus faim et repousse mon assiette.

Dans mon lit je repense aux paroles de mon amie, et fini par me ranger à son avis, quelque peu contrariée.

Nous arrivons chez Johanna et Frédéric un peu avant midi. Johanna me reçoit très chaleureusement

...... Ravie de te revoir Camille

Intimidée je me sens rougir ...... Merci

Julien sans lâcher ma taille embrasse sa sœur et demande où est son mari

..... En plaidoirie, il sera là cet après-midi.

Une jeune femme vient avec la petite fille et un bébé dans les bras. Johanna sourit

..... Je te présente ton neveu Christopher

Johanna prend le bébé et le tend à Julien qui très adroitement le prend dans ses bras ....... Bonjour jeune homme !

Il dépose un léger baiser sur le front du bébé et le rend à sa sœur. Il soulève sa nièce dans ses bras ......... Alors terreur comment vas-tu ?

..... Bonjour parrain, t’as vu mon petit frère

..... Oui je l’ai vu, est-il sage ?

.... Il pleure tout le temps

Julien sourit et repose la petite par terre, elle s’agrippe à moi ...... Bonjour madame

Je me penche et dépose un bisou sur sa joue ...... Bonjour Ambre

La jeune femme emmène le bébé nous laissant la sœur. Johanna nous fait assoir au salon.

....... Qu’as-tu décidé ?

..... A quel sujet ?

..... Déjà la tante, et ta vie

.... Egale à elle-même

..... J’aurais aimé lui rendre visite, Frédéric n’est pas chaud, il dit qu’elle risque de censurer notre fils.

..... N’aurait-il pas raison ? Tu la connais, elle ne pourra s’empêcher d’être mêle brin

..... Nous lui devons tant

Sèchement Julien répond ........ Rien, nous ne lui devons rien. Elle a été assez habile pour nous spolier

....... Nous avons fait de grandes études

..... Tu as la mémoire courte, ou l’accouchement t’a provoqué une amnésie ?

Johanna sans se perturber éclate de rire ........ N’étions-nous pas mieux ? N’avons-nous pas appris à nous en sortir et à grandir plus vite ?

.... Il est certain qu’à quinze ans se lever à quatre du matin pour faire les marchés aide à grandir !

Je suis estomaquée d’entendre leurs échanges. Je découvre un léger voile que Julien et sa sœur soulèvent. Je vois qu’en fin de compte je ne connais pas grand-chose de la jeunesse de mon chéri

Johanna ......... Bon et ta vie ?

...... Nous aimerions nous fiancer pour Pâques, par respect pour les parents de Camille

..... Oui bien sûr.

Elle me regarde en souriant ........ Tu es d’une grande famille ?

..... J’ai deux frères mariés

..... Chez nous, nous ne sommes que nous, fréquentant rarement la famille paternelle et pas plus le côté maternel.

Julien ......... La famille de Camille, est une famille très unie et très chaleureuse ! Elle sera dorénavant ma famille

La sœur prend un air peiné ...... Chez Frédéric ce n’est pas vraiment le cas, je n’ai pas été acceptée, je ne sortais pas de leur milieu

....... Vis pour la famille que tu as construit, ne t’occupe pas des autres.

..... C’est ce que je fais, mon mari est tellement merveilleux.

Une jeune femme apporte une bouteille de champagne dans un seau à glace, Julien fait le service. En me tendant mon verre, il effleure mes lèvres. Sous l’œil rieur de sa sœur je me sens rougir

...... Vous fêterez vos fiançailles sur Paris ?

..... Non je ne pense pas, les frères de Camille ont des métiers prenants, ce sera en Picardie

..... Ah bien ! C’est jolie la Picardie, avec Frédéric nous sommes allés dans la baie de Somme.

Le frère et la sœur continuent de parler, m’intégrant souvent dans leur débat. Nous passons à table. Les mets sont fins je mange de bon appétit, si ce n’est la gêne d’être dans ce décor de luxe. Johanna est très gentille, et malgré ses quelques manières qui pourraient faire penser qu’elle est prétentieuse, il n’en est rien, elle est d’une simplicité charmante.
En fait je crois que sous ses airs elle cache une grande timidité.

Nous retournons au salon, le temps dehors ne permet pas quelques pas dans ce beau parc. Dans l’après-midi son mari vient nous rejoindre. L’ambiance devient plus plaisante, moins guindée. Il met de suite de l’animation

Les heures tournent rapidement, le soir nous allons tous les quatre au restaurant. Frédéric demande à son tour pour les fiançailles. Julien le renseigne en souriant. Le beau-frère va un peu plus loin

..... Et le mariage ?

Julien sourit ...... Contentons-nous d’organiser les fiançailles dans un premier temps. De toute façon je ne suis pas sûr d’attendre un an, malgré tout, j’aimerai que Camille soit débarrassée de sa licence

Frédéric plaisante ....... Pressé de sauter le pas ?

..... Il me tarde, ça n’a que trop duré.

..... Et pourquoi pas septembre ? Nous ne sommes plus aux temps féodaux. Nous étions dans l’obligation, ta tante ne lâchait pas.

..... J’en ai souvenance !

.... L’inviteras-tu ?

.... Que nenni, ça n’apporterait rien. Les parents de Camille sont des gens simples

..... Alors préserve-toi.

..... Ne te fais pas de souci pour moi, une visite trois fois par an, pour régler les paperasses, ça s’arrête là

.... Bien ! J’ai vu que tu avais frappé fort dans l’affaire Portera

..... Peine incompressible, c’est tout ce qu’il méritait

..... Son avocat ?

.... Il voulait faire appel, nous l’avons dissuadé

.... Qui était-ce ?

.... Irision

Frédéric éclate de rire ...... Avec toi il était fichu !

Julien sourit. Le repas se termine en note plus joyeuse. Johanna met fin à cet échange de boulot en rouspétant. Frédéric la taquine.

En rentrant nous prenons le temps de boire un café tous ensemble avant de monter

En haut des escaliers, Julien me pose une question à laquelle je ne sais pas répondre

...... Veux-tu dormir seule ou partager ma couche ?

Je me sens rougir ...... Heu je ne sais pas.

Il m’entraine vers une chambre, nos deux sacs sont sur le lit. Mal à l’aise je reste plantée dans le milieu de la pièce

..... Veux-tu aller te rafraichir ? Tu as la salle de bains ici

En parlant il va ouvrir une porte. Je fais oui de la tête, le cœur battant fort. Dans mon sac je prends mon pyjama et ma trousse de toilette.

J’enjambe la baignoire et prends une douche rapide. Tout en me frictionnant avec la grande serviette je médite. Comment faire, il doit avoir tant d’expérience, je suis complètement novice. La peur me prend aux tripes. Le cœur battant je retourne dans la chambre. Julien entre au même moment en pyjama, les cheveux humides

Il m’entraine vers le lit qu’il ouvre, délicatement il me prend dans ses bras ....... Dors ma puce, je sais que tu n’es pas prête !

Il m’embrasse passionnément, amenant par ce baiser une onde dans mon bas ventre. Je m’endors blottie dans ses bras

Un doux baiser me réveille, j’ouvre les yeux pour voir un regard rieur. Je mets ma bouche en O Julien se penche et m’embrasse, prenant mon visage en coupe dans ses grandes mains.

...... Allez ma puce debout !

En me levant, je le vois habillé et rasé........ Tu es levé depuis longtemps ?

..... Vingt minutes environ. Dépêche-toi, je t’attends

Je file à la salle de bains, me rafraichis rapidement et m’habille en quatrième vitesse. Cheveux et dents brossés, je rejoins Julien dans la chambre.

Il prend ma main, nous descendons et allons dans cette immense salle à manger, qui est vide. Julien me sert une grande tasse de café, j’ajoute un peu de lait et un sucre.
..... Veux-tu un petit pain.

Je fais non de la tête, Julien prends le temps d’en manger un.

Il demande à la jeune fille de l’entrée nos manteaux. Il m’aide à enfiler le mien, met le sien et entoure mes épaules, nous allons faire quelques pas dans ce joli parc qui est en sommeil du fait de l’hiver et du temps froid.

..... As-tu bien dormi ma puce ?

Je souris ...... Comme un bébé.

.... Raconte-moi la petite Chrétien !

..... Je ne sais pas quoi te dire, elle est mignonne, elle ne râle pas, et retient tout ce que je lui dis. Elle y met de la volonté

...... Nous verrons la suite. Elle a beaucoup de lacunes et de retard, nous ne pourrons pas l’emmener loin dans les études.

.... Pourquoi ?

.... Comment veux-tu qu’elle prépare un Bac ? Un Cap peut-être

Je n’ai pas la réponse ........ Heu bah vous pouvez l’emmener le plus loin possible quand même.

.... Oui bien sûr, mais pas en tertiaire elle serait à 30 ans à la Fac.

..... Oui, mais si elle apprend vite, elle peut sauter des étapes. Tu sais quand tu arrives, elle panique, essaie d’être plus cool, elle a peur.

.... Nous verrons. La secouer un peu attirera son attention. Autre chose, je te le répète, je ne veux pas que tu te mettes en travers de Delphine et moi, nous allons nous quereller et je n’y tiens pas !

.... Je connais ce prof, rappelle-toi à mes débuts, je n’avais jamais plus de dix avec lui. La meilleure note qu’elle pourra t’amener c’est dix ou douze. Je le sais, et je ne trouve pas juste qu’elle dérouille à cause d’un abruti

..... Alors elle me ramènera des douze, je ne veux pas de huit, auquel cas, ses fesses chaufferont, et si tu te mets en travers, je doublerai, ton amie en pâtira !

Son ton sec m’empêche de répondre. Il me tourne vers lui d’un geste brusque et remonte mon menton, je croise son regard. Je n’y déchiffre rien, ni colère, ni sourire

...... Tu as compris ?

.... Oui !

..... Alors c’est parfait !

En silence nous remontons vers la villa. Johanna nous reçoit avec un grand sourire. Je ne laisse rien paraitre, malgré tout je suis en colère.

La journée se passe en rires et humour des deux hommes. Nous les quittons en fin d’après-midi. Johanna me prend dans ses bras ...... Ramène-moi vite mon frère, il me manque tellement

Je lui souris ...... Je ferais de mon mieux.

Le trajet du retour se passe en silence. Je sens Julien dans ses pensées. Mal-être ? Nostalgie ? Cafard de quitter les siens ? Je ne sais que penser.

Il se gare le long du trottoir et se tourne vers moi. ......... Tu es en stage ma puce demain ?

..... Non la semaine prochaine.

..... Bien, tu prends la petite Chrétien ?

...... Oui mais samedi matin j’ai la sœur de Delphine

..... Tu n’auras pas petite, et la frangine dehors après le cours !

..... Je peux te demander quelque chose ?

..... Bien sûr.

J’hésite, je cherche mes mots ....... Heu tu m’as mis Magali dans les pattes pour ne pas que je reste oisive ?

Il rit ........ Tu m’as dit t’ennuyer je t’ai trouvé de l’occupation.

.... Ce n’est pas plutôt pour ne pas que je traine avec les étudiants ?

.... Qu’est-ce qui te fait penser ça ?

..... Je n’ai plus une minute à moi.

...... Que te donnerait de trainer avec les étudiants ?

...... Tu es jaloux ?

Il éclate de rire et de cette voix tendre qu’il prend des fois ......... Ma puce, c’est évident que je suis jaloux.

...... Pourquoi ?

..... Mais parce que je t’aime, alors la peur n’évite pas le danger, me diras-tu, mais je n’imagine même pas que tu puisses te tourner vers un plus jeune que moi.

...... Mais non pourquoi tu dis ça.

...... J’ai dix ans de plus que toi, je suis sérieux je ne ris pas à tout bout de champ, je ne sors pas en discothèque !

..... Mais je m’en fous de ça, moi aussi je t’aime, je ne regarde même pas les autres je les trouve justement jeunes et pas intéressants, ils sont juste des potes

Il se penche et m’embrasse presque violemment. Je me sens toute retournée. Une onde me vrille le bas ventre. Quand enfin il se détache.

...... Oh Camille, tu me rends fou.

Je m’accroche à son cou......... Monsieur Devallon je vous aime alors arrêtez de vous poser des questions. Vous êtes mon premier et grand amour, et le resterez. Compris ?

Il sourit ....... Bien mademoiselle Clément !

..... Après tout, qui me dit que tu ne vas pas non plus tomber sur une fille de ton âge plus sophistiquée, plus féminine, plus autrement que moi ? Je suis si insignifiante

..... Camille, je ne veux pas que tu te déprécies, je t’aime pour ta fraicheur, je t’aime pour ta beauté, je t’aime pour la fille que tu es ! Compris ?

..... Oui

..... Tu ne peux être sans savoir, que bien sûr, j’ai eu des idylles, des femmes sophistiquées comme tu dis. Des femmes artificielles, ou le laissez paraitre compte plus que tout. Ce n’est pas ce qui m’intéresse. J’aime ta candeur, ta franchise, ton innocence. Je t’emmènerai sur le chemin de la félicité, vers le bonheur. Tes parents m’ont montré ce qu’était un couple heureux, nous le serons aussi ma chérie. Je t’en fais le serment

Des larmes de bonheur aux yeux, je m’accroche à son cou, je ne sais que répondre

...... Merci mon cœur, d’être ce que tu es. De m’offrir la paix en moi. Je me ressource à tes côtés, ta jeunesse me fait revivre.

..... Merci à toi aussi.

Nous nous embrassons tendrement. Il me souhaite bon courage pour demain.

Je remonte le cœur léger.

6 janvier 2003

requête

C'est avec un certain plaisir que je pars pour la Fac, que je vais revoir monsieur Delabarre et les potes. En moi je souris, quand je suis en stage je voudrais être en cours, et quand je suis en cours, je me languis d’être en stage.

Après les bons vœux d’usage, nous prenons place sur les gradins dans un bruit proche d’une volière. Monsieur Delabard entre en frappant dans ces mains.
Il allume le micro et nous présente ses vœux de bonne année. Il fait quelques recommandations aux deuxièmes années, nous faisant remarquer comme les autres années, qu’il y a bien du vide, qui continuera après les vacances de février. Sur ces quelques mots il commence son cours. Je souris je trouve les troisièmes années un peu dissipées.

A midi, je décide d’aller manger avec Mélanie et Christophe, je les apprécie vraiment, ils ne se prennent pas la tête. Mélanie n’est pas une fille à papa, toute simple, c’est une fille qui se marre tout le temps.

En rentrant, je me fais un café et sors mon classeur. Je vais chercher mes fiches et mon ordi. Je planche sur ma feuille pendant deux heures, sans en sortir grand-chose. La clé dans la serrure me fait lever la tête de mes écrits, étonnée de l’heure à laquelle Delphine rentre

…… Hello bichette.

Je souris ….. Hello louloute

Je ramasse mes affaires, et mets le couvert. Delphine me rejoint dans la cuisine.

…… Tu as été bosser ?

….. Non, je suis allée à la biblio et du coup j’ai fait mon exposé là-bas.

…. Ah ok, un exposé sur quoi ?

….. Sur l’Afrique septentrionale

….. Ah ? Et alors ?

Elle rit ……. Bah rien de bien intéressant, j’ai surtout parlé, du Maroc et de l’Egypte.

….. Et pas de l’Algérie de la Tunisie ni la Libye ?

….. Ah bah si quand même

….. Cool alors tu vas ramener un vingt à ton gentil professeur

Elle éclate de rire …… Oh pousse pas mamie dans les orties.

Il est à peine dix-neuf heures, je fais chauffer le potage et mets le couvert. Nous aimons bien manger tôt pour avoir l’impression d’avoir une longue soirée.
Tout en mangeant nous plaisantons agréablement.

….. Tu as des devoirs ?

….. Un truc à lire, je regarderai bien le film ce soir sur la une.

…. Ah c’est quoi ?

…. C’est avec Tom Hanks, la ligne verte, tu as entendu parler ?

Je cherche ……. Non ça parle de quoi ?

…… C’est un gars qui a des pouvoirs surnaturels, mais c’est un beau film, j’ai lu les critiques.

Je hausse une épaule et souris …….. Bah on peut regarder.

…… C’est en deux parties, l’autre c’est demain 

…… Cool alors. Va fumer ta clope je prépare les cafés.

Je mets l’expresso en route, et vais rapidement à la douche, je sors en même temps que Delphine rentre de dehors, en soufflant dans ses mains.
Je souris ……. Ah comme dirait Julien faut avoir chaud pour se payer une clope.

A son tour elle va à la salle d’eau se préparer, je fais couler les cafés

Pelotonnées chacune à une extrémité du canapé, nous sommes captivées par l’histoire d’un homme voulant sauver une petite fille, accuser à tort et jeter en prison.
On sent que ce colosse noir est un gentil. Des larmes se noient dans mes yeux, tellement l’histoire est belle et triste. Discrètement je les essuie.

The end, apparait sur le petit écran, Delphine les yeux larmoyants me sourit …….. Alors ? C’est beau hein ?

…… Carrément, voilà un bel exemple d’erreur judiciaire, mais on ne connait pas l’agresseur de cette petite fille, dommage il aurait pu la sauver, si les flics n’étaient pas arrivés.

….. On saura demain

Nous allons nous laver les dents tout en commentant le film. A la porte de ma chambre, nous nous faisons bisou

…… A demain bichette

….. A demain ma louloute bonne nuit.

Ce matin en arrivant, je me rencarde à savoir où est Galvez

Mélanie en souriant ....... Elle a une plainte pour harcèlement contre une fille de seconde

 …….. Ah bon comment ça ?  

……..Comme chaque fois elle s’en est pris à une fille qui paraissait sans défense, sauf que la fille a porté plainte

.... Carrément

….. L’année dernière quand elle a vu que sur toi ça ne fonctionnait pas, elle s’en est prise à une autre, mais avant elle te faisait une réputation grave, comme quoi tu couchais avec Delabarre

….. Ouais je sais, mais ça n’a pas pris, je crois que Delabarre avait porté l’histoire devant le rectorat et il me semble même qu’elle a reçu un blâme

Mélanie sourit …… C’est une malade cette fille. Que veux-tu elle ne pouvait pas gagner à tous les coups

Je reste méditative, et sans voix. Le prof nous fait cours sur la récidive. Je prends quelques notes pour la forme.

La fin du cours sonne, nous sortons dans un brouhaha joyeux. Aller manger au self ne me dit pas grand-chose, je décide de rentrer.

Dehors quelques flocons de neige viennent s'écraser sur la chaussée ou le trottoir. Je me presse pour m'engouffrer dans le métro, dans un semblant de chaleur, pressée de rentrer au chaud. Au fond de mon sac mon téléphone chante. Tout en ouvrant la porte je décroche

..... Allo !

.... Tu es où ma puce ?

.... Heu je viens de rentrer pourquoi ?

..... Attends-moi je t'emmène manger, j'ai à te parler.

..... D'accord.

..... Descends, j'arrive.

..... Oui.

Je prends le temps d'aller aux toilettes et de me laver les mains. Je redescends quatre à quatre les escaliers. Julien est dans le hall il m'enlace et m'embrasse fougueusement.

Quand il me lâche je ris et me pends à son bras.

..... Une pizza ça te dit ? Je n'ai pas beaucoup de temps, à quinze heures je dois être au tribunal

.... Oui, oui bien sûr.

A table en attendant d'avoir notre commande, je lui demande si sa matinée a été

..... Oui ma puce et toi ?

.... Oui tranquille.

.... Qu'as-tu vu ?

.... On a parlé avec les deuxièmes années de la récidive.

..... Pas de travail ?

Je hausse les épaules ...... Non rien. En fait on révise plus ou moins l'an passé, puisqu'on est mélangé avec les deuxièmes

.... Oui cette année faite de stages est allégée.

....C'est vrai, mais après les deux années intenses, je m'ennuie presque

Il éclate de rire ...... Et bien ! Voilà autre chose

Je me penche et réclame un bisou, il effleure mes lèvres et me regarde en souriant.

Il paie, nous montons boire le café à l'appartement. Alors que je pose les tasses sur la table de la cuisine il me saisit avec son discours

.... Puce, avec Claude, nous avons une requête à te faire. Comme tu le sais, Claude ne peut prendre la petite Chrétien que le samedi. Difficile de lui donner un soutient,

..... Et ?

....... Claude l'a inscrite en troisième, mais elle est hors circuit, complètement déconnectée. Elle n'a aucune base sachant à peine lire et écrire. D'après Claude elle donne le maximum mais comment apprendre si tu ne comprends pas ?

Je l'écoute ne sachant pas où il veut en venir

Il sourit ...... Du fait que tes cours soient allégés, je sais que tu n'auras aucun devoir, Patrick étant avec une gamine qui doit aussi rattraper un retard considérable, verrais-tu un inconvénient à t'en charger ?

.... Chrétien c'est Magali ?

.... Oui mon chat

.... Et quand ? parce qu'il y a aussi Céline un samedi sur deux.

.... Les après-midis quand tu n'as pas cours. Enfin au moins deux après-midi.

..... Heu mais je ne vais pas savoir.

Il sourit ....... Elle a un niveau à peine de sixième

..... Je ne comprends pas, pourquoi l'avoir prise, si personne n'a le temps de s'occuper d'elle ?

...... Chérie, nous ne pouvions laisser cette gamine sur le bord de la route ! Si ?

..... Je croyais que tu ne sentais pas trop cette fille.

.... Ce n'est pas exactement ça, nous attendons de savoir de quoi elle est capable, ce qu'elle va faire pour s'en sortir. Si à Pâques il n'y a pas de résultats, même le plus petit, alors nous changerons notre fusil d'épaule

Je pousse un soupir, ça ne me dit rien du tout de jouer à l'instit. En fait je n'ai plus de temps libre, soit je suis à la Fac soit je donne des cours la semaine et le samedi à Céline. Oh je ne fais pas des études pour être prof

..... Et mes stages ?

.... Je la ferais travailler en parallèle.

.... Franchement je ne me sens pas vraiment .... Heu, je n'ai pas vraiment envie. 

.... Ma puce, je te pensais plus charitable.

Je me rembrunis vexée. .... Oh pourquoi tu dis ça ? Tu me crois égoïste ?

.... Non justement, je sais que tu es toujours prête à voler au secours de ton prochain.

.... Mais là c'est différent, c'est une lourde tâche. Je n’ai pas fait des études pour ça

.... Je te préparerai les cours, et n'oublie pas je serai là pour t'assister

.... En fait Claude ne s'en occupera pas alors.

.... Si le samedi.

... Où ?

.... Je lui ai mis le marché en main, tu prends la gamine la semaine, il se débrouille le samedi, chez lui.

.... Et tu ne connais personne pour s'occuper de cette fille ?

.... Difficile, nous ne pouvons la mettre que dans les mains d'un soft. Claude est le plus apte.

Je ris ...... Ouais, Marion a ramassé dur avec lui

Il sourit .... Ma puce, n'était-ce pas ce qu'elle cherchait ?

.... Pas à ce point-là, je pense que c'est ça qui l'a rendu méchante. Elle n'était pas comme ça avant.

Il fait une moue ...... Hum ! Je reste dubitatif. Elle est très aguicheuse, et se faisait déculotter par plaisir, je l'ai vite compris.

..... Mais je ne comprends pas, si elle va à l'école comment je peux lui donner des cours l'après-midi ?

..... En fait pour l'inscription, elle a passé un genre de test, et elle n'a pas les acquis pour intégrer une troisième, sixième à peine. Son éducateur refuse de faire les frais d'une scolarité.

.... Et elle veut apprendre ?

.... D'après Claude oui ! Essayons de lui faire confiance, et de voir. Pâques est mi-avril. Nous avons trois mois pour nous rendre compte si oui ou non elle veut étudier.

..... En fait ce sont des cours de fin de primaire. Elle a tout à apprendre.

..... Exactement

..... D'où mon étonnement quand elle m'a demandé pour calculer un périmètre, parce que si mes souvenirs sont bons, on apprend ça en CM

...... Exactement ! Quelle sera sa vie ? Elle n'a que 19 ans, rien n'est perdu. Croyais-tu arriver là il y a trois ans ma puce ?

.... Non bien sûr.

.... Si Michel ne t'avait pas tendu la main, si je n'avais accepté de te prendre sous mon aile ? Tu aurais été avec un abruti comme l'autre

Je ris ...... Ah bah avec si, on en fait des choses

Il sourit ........ Tu as raison mais sans ces si, toi, Delphine et tant d'autres ou navigueriez-vous ? Tu leur as tendu la main, elle son frère et sa punaise de sœur. Ne peux-tu tendre la main à Magali ?

...... Au mois de septembre, Delphine voudrait sortir sa petite sœur de là-bas, alors comment feront-on ? Elle aura aussi tout juste 18 ans.

..... Nous aviserons à ce moment-là. Ma puce chaque chose en son temps.

...... Je peux te poser une question ?

Il me regarde intensément, cherchant à savoir ce qui se cache derrière mes yeux. ...... Je t'écoute !

..... Pourquoi vous prenez toujours des filles à problèmes ?

.... Comment ça ?

.... Des filles livrées à elle-même, comme cette Magali

Il sourit, faisant apparaitre ses dents bien blanches, bien alignées ......... Ma puce, étais-tu livrée à toi-même ?

.... Bah oui quand même, toute seule à Paris.

... Qu'est-ce mieux ? Aider une pauvre fille pour qu'elle s'en sorte, ou une fille à papa qui a tout ce qu'elle veut ?

.... Heu oui, vu sous cet angle.

.... Nous mettons le marché en main, d'entrée de jeu, vous avez le droit de refuser, dans ce cas-là il ne faut pas venir nous chercher.

De sa main, il soulève mon visage et me détaille, baissant ses yeux sur mes lèvres. Il se penche légèrement et les effleure

..... Ma toute douce, que décides-tu ?

..... Si tu me guides, oui je veux bien essayer. Et Céline j'ai dit aux vacances de février, parce que je n'ai pas envie de perdre mon énergie avec elle.

.... Je te donne entièrement raison. De toute façon, un samedi matin sur deux, elle n'ira pas loin. Elle a perdu en déboutant Claude !

...... Pourquoi ?

.... Sois lucide, comment veux-tu en deux matinées par mois, rattraper un programme ?

..... Bah alors ça ne sert à rien.

.... Effectivement !

..... Pourquoi m'avoir dit oui alors ?

Il sourit ...... Camille, il n'est pas question que nous entrions en conflit pour les autres, j'ai donc accédé à ta demande, simplement pour ne pas batailler. Si je t'avais dit non, tu m'aurais prouvé par A plus B que c'était injuste et tout le reste. Donc à toi de faire tes preuves

.... Tu veux me faire comprendre que je vais perdre mon temps  

.... Tu te dois de faire tes armes, ma puce ! Suivre tes idées tes envies

..... Pourquoi ?

..... Tu es mon égale, je n'ai pas à te dicter ce que tu dois faire ou pas, tout comme tu ne peux par exemple m'interdire de continuer mon rôle de coach. Tu désires aider la sœur de ton amie, fais !

Je m'entête ......... Pourquoi ?

..... Camille, réfléchis un peu. Si je t'avais dit non, tu aurais rué, tu aurais boudé ! Je ne veux pas d'une relation faite de tension. J'ai besoin en dehors du bureau ou du tribunal d'être serein, je me refuse de batailler avec la femme que j'aime pour les uns ou les autres. Une élève je la déculotte, et la fait taire, ce qui ne peut plus être le cas pour nous deux.

Il me parle d'un ton sec, je baisse les yeux et murmure un ........ Bon d'accord !

.... Camille, crois-tu que dans un couple l'un doit dépasser l'autre ? Crois-tu que je vais accepter que tu m'interdises de déculotter une demoiselle si ses résultats ou son attitude ne me conviennent pas ?

..... Heu bah non pourquoi tu dis ça ?

.... Prends l'exemple de Nathalie qui a obligé son type à quitter le milieu. Penses-tu réellement que c'est une relation équilibrée ? De quel droit mène-t-elle sa vie ?

........ Bah non bien sûr

.... Il est évident que j'aurais de l'ascendant sur toi, je ne vais pas te laisser t'éparpiller, de par mon caractère, mon métier, mon âge, je te guiderai, mais jamais je ne te brimerai, comprends-tu la différence ?

..... Heu oui d'accord !

...... Sache d'autre part, que tu seras rémunérée pour ce travail

..... Ah !

Il sourit ...... Dis-moi tu travailles gratuitement ?

Je ris ...... Bah non bien sûr mais comme c'était comme un service

.... Tu nous enlèves une épine du pied, il est logique que Claude te verse un salaire

..... Bah cool alors

Il rit ....... Tu ne peux pas t'exprimer autrement.

Je le regarde en me retenant de rire .... Bah quand même, a-t-on idée !

Il m'entraine sur le palier et tire la porte à lui sans la fermer. Il me prend dans ses bras, je passe mes mains autour de son cou et me hisse sur la pointe des pieds, quémandant un baiser. Il m'embrasse passionnément en caressant mon dos sous mon pull, ce qui me fait gémir de plaisir.
Il se détache et me serre fort contre lui .......... Oh Camille, tu me rends fou.

Je ris et dépose plein de petits bisous d'une fossette à l'autre en m'arrêtant sur ses lèvres chaudes et douces.

..... Le midi tu manges avec les étudiants ?

..... Heu oui des fois

.... Pourrais-tu rentrer pour 14 heures ?

.... Oui pourquoi

..... Magali arrivera à cette heure-là, et vous travaillerez jusqu'à dix-neuf heures ça te va ?

.... Cinq heures ?

..... C’est trop ?

..... Bah après quatre heures d’amphi, je vais avoir une tête comme un ballon

..... Puce il faut vraiment accélérer, elle sait à peine lire et écrire.  

..... Alors quinze dix-huit heures ?

Il me sourit ...... Mercredi ?

J'éclate de rire devant son air penaud .... Bah oui demain !

...... Ma puce, si je n'ai pas le temps de te voir, je te dépose une leçon dans la boite aux lettres.

..... Oui !

Ce soir avec Delphine nous regardons la deuxième partie de notre film. Dès le générique nous débattons un petit quart d’heure sur cette histoire poignante.

Je rentre directement à la fin du cours. Dans la boîte aux lettres une enveloppe que j'ouvre tout en montant.
De sa belle écriture, Julien a écrit

Puce, fais-lui un cours avec à/a – et/est – son/ sont.  Aide-toi d'internet pour trouver des exos. Je passe en fin d'après-midi. Je t'aime. Julien.

Je me fais un sandwich au fromage, prends mon ordinateur et tout en mangeant je farfouille sur le net, je tombe sur un blog ''L'école à la maison'' je lis en diagonale et m'aperçois qu'une mamie institutrice à la retraite, s'est proposé de faire la classe à ses petits-enfants à domicile. Elle critique ouvertement les nouvelles méthodes académiques et a ajusté son savoir au programme obligatoire. Son blog monté avec clarté, permet de trouver tous les niveaux du primaire séparés par matière.

En CP, l'apprentissage de la lecture avec des fiches en méthode syllabiques. Je vais directement aux leçons de cours moyens. Les règles de grammaire, le vocabulaire, la conjugaison. Les groupes de verbes, le sujet, les compléments d'objets directs ou indirects. Les maths la géométrie, les quatre opérations, la compréhension d’un problème, et tous les autres cours. Je ne m'attarde pas sur ces derniers

J'enregistre ce site dans mes favoris pour le montrer à Julien et s'il m'autorise à m'en servir je préparerai mes cours à l'avance, avec son aval
Je déniche justement une leçon sur ce que m'a demandé Julien. Quelques exercices avec corrections sont donnés.
Je mets ce lien en favoris pour le retrouver facilement. Je constitue un dossier et des sous-dossiers par matière

Je ramasse les miettes de pain sur la table, et me fais un café. Tout en le sirotant je cherche des exercices sur ces règles de grammaire sur d'autres sites. Je trouve tout un panel ''Le français facile'' J'enregistre aussi ce site

Je vais m'installer sur le canapé, j'ai une bonne heure devant moi. J'allume la télé et mon pc sur mes genoux, je lis consciencieusement le blog de cette mamie.

Mon téléphone me sort de ma lecture. Je m'empresse d'aller le chercher sur la table de la cuisine

..... Allo ?

..... Bonjour ma puce, comment vas-tu ?

..... Bonjour, bien et toi ?

Je sens le sourire dans sa voix ........ Bien, que fais-tu ?

Je lui explique en quelques mots ce que j'ai trouvé, et comment je vais m'organiser

...... Parfait. Je passerai vers dix-sept heures.

..... Heu oui, tu n'as pas confiance ?

Il éclate de rire ....... Delphine est en plein examen blanc, il me faut être présent.

.... Ah d'accord.

.... Alors si tu es d'accord, c'est parfait

Je ris ...... Oh bah d'accord, pas d'accord, tu feras bien comme tu veux

..... Exactement mon chat, à tout à l'heure

..... Bisou

Il raccroche, je me fais un café et retourne sur le canapé, ma tasse et mon téléphone en main. Je finis par me concentrer sur l'émission de la télé.

Il est quinze heures vingt, et toujours pas de Magali. Je peste un peu, j'ai un doute sur sa venue. Je zappe sur les chaines, ne sachant pas trop quoi faire. Je sens que ça commence à m'agacer. Quinze heures trente-cinq la sonnette chante. J'éteins la télé et vais ouvrir.

.... Bonjour, je suis désolée, je me suis perdue.

..... Comment ça ? Personne ne t'a expliqué le chemin ? Tu as fait comment pour rentrer dimanche ?

.... Si dimanche ça été, mais là en sortant du métro je suis allée à droite et je ne trouvais plus ta rue, j'ai demandé à une dame.

..... Bon d'accord. Essaie d'être à l'heure la prochaine fois

..... Oui.

Je l'emmène dans la salle à manger ........ Tu as quoi pour travailler ?

.... Comment ça ?

..... Tu as un cahier, un classeur ?

.... Heu non, Claude ne m'a rien dit.

Je la regarde sans comprendre ....... Et tu comptes travailler comment ?

Elle baisse la tête ...... Je ne sais pas, je n'ai pas pensé.

Je vais chercher un bloc neuf dans mes affaires et des stylos.  

..... Julien m'a expliqué qu'il fallait te faire reprendre les bases, nous allons commencer par une leçon simple en plusieurs étapes

Elle fait oui de la tête.

Sur une feuille je note en gros Et – EST, je commence mon explication élémentaire, tout en écrivant je lui explique, et lui donne quelques exemples oralement.

... Si je te dis, ce cours et où est difficile ?

Je la regarde, elle ne quitte pas la feuille des yeux et semble réfléchir. Peu sûre d'elle, elle me répond était ?

.... Oui, et si je te dis Magali et où est arrivée en retard ?

.... Est parce que je peux dire était

Je lui donne plusieurs phrases, jusqu’à ce qu’elle réponde sans regarder le modèle, puis je lui demande de me donner à son tour des exemples

En souriant elle me dit …… Camille est avec moi parce que je peux dire était.
…… Oui super. Tu as compris ?

..... Oui je crois.

... On va passer aux deux A, tu as le, a du verbe avoir, et le à qui est une préposition

.... C'est quoi une préposition ?

..... C'est un petit mot qui sert à faire une liaison, par exemple Magali est à l'école.

.... D'accord.

Je lui donne plusieurs exemples, et lui demande à son tour de m'en donner. Quand je vois qu'elle a compris je passe à une autre règle.

Je lui fais répéter plusieurs fois, avant de passer à la suivante.
En à peine deux heures, nous avons vu les règles et le petit plus pour s’en rappeler des, ces et ses, ''sont et son'' les ou et où

En à peine deux heures, nous avons vu les règles avec le petit plus pour s’en rappeler. Je lui fais répéter plusieurs fois, comme une leçon à apprendre.

Je lui propose un verre d'eau pétillante pour souffler

En apportant les deux verres, je lui donne une feuille de chaque exercice, et retourne les autres, face contre table. Je veux qu'elle réfléchisse sans s'aider, et même si elle se trompe, ce n'est pas grave, nous corrigerons et je lui montrerai ses erreurs.

Sans faire de bruit je prends mon ordinateur et continue de lire et relire le blog de mamie instit. Je le trouve hyper bien conçu. Je regarde les maths, le niveau qu'elle devrait faire. J'ai envie de sourire devant la simplicité des exercices, en pensant aux maths de Delphine.

Vingt minutes plus tard, Magali me tend les feuilles recouvertes d'une écriture presqu'enfantine. Je survole, rien, il n'y a rien à dire. Tout est parfait

..... Tu piges vachement vite, tout est bon !

Elle sourit timidement. ...... Merci

.....Il reste un peu de temps, tu veux faire quoi ?

..... Je ne sais pas.

.... Si on fait une dictée de phrases avec ces exemples, tu es ok ?

.... Oui bien sûr.

Sur l'ordi je clique sur une autre série d'exercices. Je commence à dicter lentement en mélangeant toutes les règles. Je la laisse relire tranquillement, la sonnette brise le silence. Je me lève pour ouvrir.

Julien m'enlace et me fait tournoyer. Je ris en m'accrochant à son cou. Doucement il me demande comment ça se passe

.... Bah écoute super, elle comprend vite, nous avons fini, du coup je lui ai fait les ''sont et son'' les ou et où et les ces ses et une dictée de phrases en mélangeant

..... Bien !

Il me dépose par terre et me demande un café, pendant que je le prépare il va dans la salle à manger.
Je mets la tasse de café à sa portée de main. Il est assis à ma place et lit le blog, il me regarde en souriant

...... Pas mal, ta trouvaille. Sert-en !

Magali, le regarde ....... Tu as fini ?

.... Oui

.... Oui monsieur

Elle répète. ..... Oui monsieur

Il prend ses feuilles et suit du bout du stylo les lignes, il barre les mots de vocabulaire, tourne la feuille et continue sa correction. En bas de la page il note 17 fautes.

..... Les mots ayant trait à la leçon, sont bons, tu ne sais pas que le pluriel prend un S ?

La tête baissée elle ne répond pas.
..... Regarde-moi quand je te parle

Livide elle lève la tête, croise mon regard une seconde .... Non.

..... Non monsieur

Elle répète ...... Non monsieur.

...... C'est la dernière fois que je te le dis ! Compris ?

... Oui monsieur.

Il se tourne vers moi ....... Tu lui expliqueras les règles !

Je fais oui de la tête, je n'ai pas entendu la porte, par contre j'ai envie de rire quand j'entends ....... Hello bichette !

..... Coucou Delph.

Delphine arrive sourire aux lèvres, qui s'efface de suite en voyant Julien ....... Bonjour monsieur, bonjour Magali.

Julien ....... Va te mettre en tenue, tu as trois minutes

...... Oui monsieur.

Elle fonce dans sa chambre. Julien de sa belle écriture, note toutes les fautes de la dictée.

..... Tu les copieras dix fois chacun !

.... Oui monsieur.

Il regarde sa montre ...... Je pense que pour aujourd'hui ça ira. Tu peux rentrer !

..... Merci monsieur

Elle plie les feuilles en deux, et rapidement enfile son manteau, à la cantonade elle nous souhaite une bonne soirée, la porte se referme

..... Ma puce, elle ne peut pas travailler sur des feuilles volantes, il lui faut un classeur.

De sa poche intérieure il sort un beau portefeuille en cuir, tire deux billets de vingt euros
..... Descends à la papeterie, et achète-lui un classeur, des feuilles grands carreaux et des intercalaires

..... Oui d'accord.

Je me penche pour lui faire un bisou.

Je prends un classeur basique, deux paquets de feuilles et un paquet d'intercalaires plus un paquet de pochettes plastique pour protéger les cours que je pense lui imprimer

Je vais pour déposer mes achats sur la table de la salle à manger, quand je m'arrête net au seuil de la porte. Delphine en pleurs au coin, les fesses cramoisies.

Je ne peux m'empêcher de lancer un ''Oh non !''

Julien lève les yeux ....... Ne commence pas à t'apitoyer !

Il me tend une copie double, en haut dans l'encadré réservé aux profs. Ressaisissez-vous ! 8/20

D'un ton froid il me demande ....... C'est acceptable ?

Je hausse les épaules sans répondre, emmène les achats dans ma chambre. Sur mon lit, je déballe les articles des blisters et range les feuilles dans le classeur, à intervalles réguliers les intercalaires, les pochettes plastic en fin du classeur.

Je prends un bouquin et m'allonge sur mon lit. D'un coup me vient une idée, je me mets à mon bureau prends une fiche dans mon petit classeur  

Je fais un titre '' a ou à '' Je souligne et saute un carreau. J’écris les explications que je lui ai donné pendant le cours. Je tire un trait, écris c'est où s'est et fais pareil en citant des exemples

Je finis avec et – est

Derrière la fiche je note les ''sont et son'', les ou et où

C'est clair souligné et compréhensif. Contente de moi, je note l'achat d'un petit classeur et des fiches bristol. Ça ne coûte rien et ça lui servira bien

Ma porte s'ouvre à la volée. Julien se penche pour lire mes fiches.

..... Tu boudes ma puce ?

..... Non, mais ce n'est pas juste, elle bosse comme une tarée. Un devoir pas réussi ça peut arriver, en plus ce prof je le connais il note toujours bas.

..... Chat, je ne veux pas que tu interviennes, ni que tu montres ton mécontentement. Si je ne dis rien, elle ne fera pas d'efforts, elle est capable de mieux faire !

Je ne réponds pas, de peur de me mettre en colère. Il me fait lever et de son index sous mon menton m'oblige à le regarder

..... Tu en as pris, tu n'es pas morte. Tu es là où tu es parce que malgré les sentiments toujours plus forts que j'éprouvais, j'ai tenu bon. Je ne relâcherai pas avec ton amie. Elle en prendra autant qu'il faut !

Je me dégage, il me fait une bise sur la joue et part. J'ai gros cœur. Cette situation va je le crains être difficile à vivre et mettre de la tension entre nous. J'en suis dépitée.

Dans la salle personne, j'enfile mon manteau, prends mon porte-monnaie et descends quatre à quatre. Je retourne à la papeterie qui est sur le point de fermer. Le prix du classeur est presque le double du super marché. Tant pis, allez je lui prends, j'ai un paquet de bristol d'avance, ça fera l'affaire. J'achète une baguette de pain frais avant de remonter

Delphine dans la cuisine est en train de mettre le couvert. Je vais ranger mon manteau et déposer mes achats sur mon bureau

..... Je te fais quoi Delph ?

.... Rien, c'est prêt.

.... Tu as dérouillé cher !

Elle sourit tristement ...... Grave, mais je m'en doutais, quand j'ai vu ma note

.... Qu'est-ce qui s'est passé ?

..... Une interro surprise et je n'avais pas révisé

.... Ah merde. Il a dit quoi ?

..... Bah qu'il n'allait pas perdre son temps avec une merdeuse qui ne voulait rien faire, qu'il allait me faire comprendre la vie, et là il m'a hissée sur sa jambe et déculottée, il m'a mis une sacrée tannée

..... Tu as le cul en lambeau ma pauvre

..... Je m'en doute, je l'ai senti passé, j'ai craqué à la dixième claques.

.... Cent ?

Elle sourit ........ Oui, il aime bien, c'est son chiffre

Je ris ...... Je sais ma pauvre chérie. Il est dur en affaire !

...... La vache, comment je vais regretter mon papounet. Quand même tu n'es pas sympa.

...... Pourquoi ?

..... De tomber amoureuse de ton mec, et de me le refiler

J'éclate de rire ........ Ah bah hein, ça ne se commande pas !

Nous mangeons tranquillement. Je lui parle de Magali qui comprends vite. Je lui explique le cours d'aujourd'hui.

Nous papotons tout en mangeant, j’essaie de détendre mon amie. La cuisine rangée, nous terminons la soirée devant la télé.

Jeudi nous avons ce nouveau prof, qui nous fait des cours ludiques. Il nous met souvent devant une situation à double audience. Le cours se termine généralement en éclats de rire, entre l’équipe défense et l’équipe coupable.

Vendredi Magali est à l'heure. Je lui donne le grand classeur et lui conseille de remercier Julien. Pour le petit je lui explique l'utilité des fiches, elle me remercie très émue.

Je lui fais réviser le cours de mercredi, quelques petits pièges, qu’elle arrive à déjouer. Je la félicite

Nous abordons la construction d'une phrase simple avec un verbe du 1e groupe

Je développe en lui expliquant chaque mot, et en montant ma phrase au fur et à mesure

Je chante. Je lui explique le pronom personnel et lui note les six en conjuguant chanter au présent. Je lui donne la petite astuce de toujours mettre je pour savoir si elle peut conjuguer ou pas.

Je chante une chanson. Je lui détaille les articles indéfinis et définis, et pour finir je passe au sujet.

Je l’interroge sur les articles à savoir s’ils sont définis ou indéfinis

 ……. Si je te dis, je prends un livre

…… Indéfini parce qu’on ne sait pas lequel

…… Oui, super et si je te dis, je prends la casserole

…… Défini parce qu’on sait laquelle.

….. Carrément super.

Je lui fais un grand sourire et lui écris une phrase simple, je lui demande de me faire l’analyse. Verbe, sujet, article,
Peu sûre d'elle, elle prononce à haute voix avant d'écrire et attend mon assentiment.  Je lui remets une feuille comportant une dizaine de phrases simples.

Elle s'en sort impeccablement.

Je lui détaille les groupes de verbes, lui cite un exemple et la laisse en chercher d'autres. Je m'attarde sur le deuxième et troisième groupe, qui peut prêter à confusion, sans oublier de lui expliquer l'astuce de finir le verbe du deuxième groupe par ''issant'' comme grandir grandissant, ou finir finissant

Nous nous amusons à en chercher, elle a vite capté et me donne le bon groupe sans réfléchir. Je termine le cours par une dictée de verbe, et lui fait mettre le groupe.

Quelques erreurs que je lui laisse corriger pour qu'elle s'en rappelle.

Julien passe un peu avant l'arrivée de Delphine, il vérifie le travail de Magali, et l'interroge sur le cours. Il voit les erreurs faites au cours de la dictée. De cette voix tranchante il lui demande si je n'ai pas su expliquer ou si elle n'a pas écouté.

Bégayant, elle essaie de répondre. Il demande alors pourquoi elle n'a pas su faire, pourquoi c'est faux.

Elle pâlit, se bloque, et ne répond plus. Il lui donne alors plusieurs polycopiés de devoirs pour lundi.

La bruit de la clé dans la serrure, je sais que Delphine arrive ........ Hello bichette ?

Je souris, Julien lève son sourcil ....... Je suis là louloute.

Elle vient nous dire bonsoir. Magali ramasse ses affaires et part. Je reste dans la cuisine avec mon PC, pour préparer la prochaine leçon.

Il va être dix-neuf heures trente, à feu doux je fais chauffer la soupe, et ferme mon ordi, je commence à mettre le couvert quand la porte s’ouvre. Julien vient m'embrasser, je le raccompagne à la porte palière. Il me demande d'être prête demain pour dix heures.

4 janvier 2003

Nouveaux contrats

Sur le quai je vois tout de suite Julien, grand, beau, son sourire qui tue m’arrive en pleine face et emballe mon cœur. Il embrasse Delphine et me serre contre lui

...... Bonjour ma puce, comment vas-tu ?

Je ris ...... Bien et toi ? Tu as été sage ?

..... Et toi ?

.... Dans mon bled, je ne peux qu’être sage.

.... Ce qui veut dire qu’à Paris je dois te surveiller ?

J’éclate de rire et me pends à son cou dans son oreille je lui glisse ........ Je ne vois rien, n’entends rien

Il m’enlace prend mon sac et ma main. Il nous conduit à sa voiture garée sur l’aire extérieure.

Je retrouve l’appartement avec joie. Bien sûr, j’étais bien chez mes parents, mais ces vacances ne m’ont pas paru aussi reposantes et agréables que d’habitude. Était- ce le manque de Julien ? La présence de Thibault attaquant sans cesse mon amie ? Un peu des deux je pense.

Julien dépose mon sac sur mon lit. Du placard, comme s’il était chez lui, il sort trois verres et une bouteille d’eau pétillante. Je souris.

Avec Delphine nous le rejoignons dans la cuisine. Comme à son habitude il attaque directement Delphine.

..... Delphine j’ai donné mon aval pour que Camille apporte une aide à ta sœur. Préviens-là qu’au premier refus de travailler selon le programme de Camille, le soutien s’arrêtera et il lui sera interdit de revenir. Tu verras ta sœur en extérieur. Compris ?

..... Oui monsieur.

.... Je ne tiens pas à ce que la frangine perturbe ta vie et tes études, alors soit elle ferme son caquet, et fait ce qu’on lui dit, soit elle retourne d’où elle vient !

.... Oui monsieur.

..... De toute façon, ne t’y trompe pas je serai là en cas de problème. Vous avez besoin d’étudier dans la sérénité.

.... Oui monsieur.

.... Bien allez, vous rafraichir, je vous emmène diner.

Nous nous levons et allons ensemble à la salle d’eau. Je me recoiffe et me lave les mains, j’attends Delphine

Julien nous conduit à leur fief. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine, je sais que nous allons retrouver Patrick et peut-être Claude.

Bingo, ils sont là, je ne vois qu’eux. Heureuse je me jette dans les bras de Patrick, pendant que Claude fait la bise à Delphine, puis nous changeons de bras

Claude ...... Dis-moi ma belle, tu m’as l’air bien épanouie

En rougissant je lève les yeux vers Julien qui sourit ......... Ah tu trouves ?

Il éclate de ce rire franc ........ Notre ami Julien en serait-il responsable ?

.....  Aucune idée, à ton avis ?

Julien tire une chaise, je prends place, à ce moment-là je vois une jeune fille qui nous dévore des yeux.

Claude ...... Je vous présente Magali qui reprend ses études à la base. 

En même temps que Delphine je lui dis bonsoir. Elle nous répond avec gentillesse.

L’apéritif commandé, j’écoute les hommes discuter, Delphine et Magali font connaissance. La jeune fille parle doucement, je n’arrive pas à entendre

Le menu en main, j’étudie les plats, mais surtout j’attends que Julien me guide. Quand il m’enlève la carte des mains, je souris.

Juste avant le dessert Patrick prend la parole ......... Magali est la nouvelle élève de Claude ! Camille tu dois comprendre que Julien ne pourra plus te suivre en tant que coach. Pour la simple et bonne raison, que votre relation résilie le contrat d’office.

Je sens mon pouls s’emballer. ........ Mais il ne pourra même pas m’aider ? Je vais me retrouver seule ? Cette dernière année est importante pour mon mémoire.

Patrick sourit ....... Bien sûr qu’il peut t’apporter de l’aide, mais en tant qu’ami, amant. Le relationnel ne peut convenir dans cette situation, comprends-le.

Je fais oui de la tête. Patrick reprend ........ Te vois-tu punie par Julien ?

J’éclate de rire ....... Oh bah non !

..... Donc, en accord avec Julien, après avoir délibéré entre nous trois, il est arrêté que je te prends sous mon aile, et Delphine ira avec Julien

Je croise le regard de Delphine qui dit en riant .......... Mais non monsieur, ce n’est pas possible

Patrick fronce les sourcils ……….. Et pourquoi mon petit ?

……. Monsieur je vais mourir.

On éclate de rire

Patrick .......... Mon petit, tu es sortie d’affaire, ce n’est que la suite de ton cursus.

Delphine ........ Ouais enfin, chez monsieur la pression monte vite, il ne faut pas grand-chose pour agiter sa main

Patrick sourit....... Voudrais-tu me dire que la main est leste

Delphine taquine Julien ......... Je crois que le mot n’existe pas, leste est en bas de l’échelle

Julien ......... Jeune fille, si dès le début nous t’avions laissé faire à ta guise, en serais-tu là ?

.... Bah ça c’est sûr.

..... Quand nous trouvons des éléments capables, nous donnons le maximum, à vous d’en faire autant !

.... Oui mais mon papounet était content de moi.

Patrick ...... C’est vrai. J’ai envié Julien d’avoir une élève comme Camille, et je l’avais trouvé en toi. Tu as été ma fierté

Delphine rougit ....... Oh monsieur c’est gentil

Patrick sourit ........ Je te place entre bonnes mains, tu iras loin avec notre ami

...... Oui et je vous remercie

Il se tourne légèrement vers moi ......... Camille dans le sens, où tu es en fin de cursus, que ton temps est davantage pris par tes stages, que notre ami va t’accaparer, je vais en parallèle prendre une jeune fille qui a vraiment besoin de mon aide. Je serais près de toi, chaque fois que tu m’appelleras, chaque fois que tu auras besoin. D’accord ?

.... D’accord merci.

Je le regarde, ses yeux francs et bons me donne confiance ........ Je peux vous poser une question ?

..... Bien sûr !

.... Heu comment je dois vous appeler ?

Il sourit ......... Patrick me convient très bien ! Nous n’en sommes plus au monsieur

..... D’accord, merci Patrick.

Dans un élan de joie, je me lève et vais lui faire une bise. Ce qui fait rire tout le monde. C’est toute rouge que je me rassois

Claude ...... Ah Camille, Camille !

Je ris. L’ambiance est détendue et joyeuse.

Julien ........ Demain après-midi nous passerons pour les nouveaux contrats.

Avec Delphine en riant nous répondons ......... Oui monsieur !

Julien demande quelques renseignements à Claude sur cette nouvelle élève.
Claude ...... Magali à toi de te présenter.

Sans quitter Julien du regard, en souriant elle se dévoile ....... Magali Chrétien.

.... Tu as quel âge ?

... 19 ans

..... Tu fais quoi ?

.... Comment je fais quoi ?

... Tu travailles ?

.... Non

Julien jette un œil vers Claude qui en souriant lui dit ......... Ça date de mi-décembre. Elle n’est pas affranchie !

.... Tu vis où ? Chez qui ? Tu vis comment ?

.... Je suis dans un foyer à Nation, je touche le RSA jeune, mais il va s’arrêter

..... Pourquoi ?

.... Je vais avoir vingt ans. Et mon responsable légal m’a conseillé de reprendre mes études pour en bénéficier jusqu’à vingt-cinq ans

..... Parce que tu ne comptes pas travailler ?

..... Je ne trouve pas grand-chose, je n’ai pas d’étude et Pierre dit que je devrais être capable.

..... Comment as-tu connu Claude ?

.... Non je ne le connais pas. C’est Pierre qui me l’a présenté.

Julien demande à Claude. ..... Pierre Watrel ?

Claude ...... Oui !

..... Et pourquoi ne l’a-t-il pas pris en main ?

...... Difficile, comprends bien !

Julien hoche la tête 

Claude ...... Je la pense réceptive, c’est une novice, avançons pas à pas, elle me semble intéressante

..... Bien. Patrick tu en penses quoi ?

..... Je me range de l’avis de Claude, tu es toujours dans la suspicion. Donnons-lui une chance, nous aviserons après

.... Oui espérant ne pas retomber sur une Céline

Patrick fait un geste de la main ........ Comme je viens de te le dire, nous aviserons selon la situation

..... Camille va l’assister deux samedis par mois, pas un de plus. Aucun dimanche, les filles ont besoin de respirer, parce qu’elle bouffe de l’énergie. De plus Delphine a l’interdiction de l’aider sous quelques formes que ce soit.

Patrick lui coupe la parole ......... Penses-tu que Camille ait du temps à perdre avec une gamine qui ne veut rien savoir ?

...... Figure-toi que chez Camille il y a le frère, qui a mené la vie dure à Delphine une semaine durant. J’ai donc pris la décision de donner mon aval. Mais un refus, un seul, et elle retourne d’où elle vient. Où elle plie, ou elle se démerde. Ce n’est pas plus compliqué que ça !

..... Et comment feras-tu ?

..... Delphine a ses devoirs le samedi après son travail ! Donc je serais présent

.... A ce sujet, j’ai eu Nathalie au téléphone. Elle me parait moins encline à la bienveillance.

.... Pourquoi ?

..... Les vacances, et j’ai allégé les horaires

..... Et ? Au prix où elle rémunère, elle a de la main d’œuvre pratiquement gratuite, elle ne se paie pas la tête du monde ?

Patrick sourit ...... Que veux-tu ? Il en faut toujours davantage. Au mois d’août elle a fait 8 heures six jours par semaine du ménage avec la mère

..... Je vais régler ce problème avec Michel. Hors de question qu’elle bourlingue comme Camille le faisait, rentre crevée sans force pour étudier et perde son année.

..... Auras-tu gain de cause ?

..... Il n’y a pas de contrat, n’oublie pas

.... Ils la vireront.

... Alors je les menacerai. Pas plus compliqué. Ils ne vont pas venir me provoquer longtemps. Tu sais ce que je pense d’eux !

..... Fais !

J’écoute très attentive cet échange. Je sens que Julien s’impatiente. Delphine me sourit et me fais signe qu’elle a envie de fumer

...... Patrick on peut sortir ?

..... On ?

Je souris ....... Delphine et moi, et Magali si elle veut.

..... Toi oui, quoique je doute que tu fumes. Delphine voit avec Julien et la petite avec Claude

Julien ......... Oui !

Claude regarde la nouvelle ....... Sors, tu pourras t’empoisonner aussi

Delphine remercie Julien, Magali prend son manteau sans un mot. Nous nous retrouvons dehors. Pas que j’aie vraiment envie d’aller dans le froid, mais je pense qu’ils ont besoin de parler sans nous. Julien me dira peut-être ou peut-être pas. Je souris en moi.

A peine la porte passée, Delphine éclate de rire ......... Oh ma bichette je vais mourir avec ton mec.

Je ris ....... Mais non, plus maintenant.

Magali sort un paquet de tabac, et consciencieusement roule sa cigarette. Nous nous mettons à l’abri du froid, sous le grand auvent.

Magali ....... C’est ton mec le plus jeune ?

..... Oui !

..... Tu fais quoi comme études ?

..... Du droit

.... Et eux ils font quoi ?  

..... Apprends une chose, leur vie reste privée, et nous ne nous posons pas ce genre de question

.... Tu ne sais pas quel métier fait ton mec ?

.... Si bien sûr, par contre je ne crois pas que ça te regarde.

Elle me dévisage, son regard est insondable. Ai-je parlé sèchement ? Je souris, elle baisse les yeux.

Julien vient me chercher, en priant les deux autres de prendre leur temps.

..... Viens ma puce !

Claude ........ Camille, nous avons un souci. Magali doit être rentrée au foyer à vingt et une heures, peux-tu la loger pour cette nuit ?

Je regarde Julien qui reste impassible ....... Heu oui, mais bon je ne la connais pas, et franchement Claude, je ne veux pas que ça devienne une habitude. Déjà j’ai eu du mal à me débarrasser de Céline.

Claude passe sa main sur son menton, semblant réfléchir. ..... Oui je comprends !

Julien ....... Exceptionnellement, mais à l’avenir évite de l’inviter le soir ! Camille a raison, leur tranquillité sera vite perturbée entre la frangine et elle.

..... Je ne pense pas que Magali vienne troubler leur tranquillité sans invitation

..... Je la trouve bien hardie ta protégée.

Claude sourit ....... Elle va vite rentrer dans le rang.

Les filles arrivent, Julien répond ....... Je l’espère !

Claude essaie d’atténuer ce moment de mécontentement. ........ Le poison était bon ?

Delphine ...... Ça aide à digérer.

Julien plaisante ........ Je connais une excellente façon de t’aider à digérer

Delphine rit ........  Heu, non monsieur ça ira.

Sur cette dernière note plus plaisante, Patrick se lève pour aller régler la note. Nous l’attendons avant de sortir.

Nous allons toutes les trois avec Julien qui nous conduit à l’appartement. Il monte avec nous.

..... Tu veux un café ?

.... Oui ma puce, merci

Je tends mon manteau à Delphine et prépare quatre cafés.

Magali ...... Je ne bois pas de café

.... Ah d’accord, tu veux un perrier ? Un jus d’orange ?

.... Oui si tu veux.

Delphine revient, Magali s’est assise avant qu’on lui dise. Je vois le regard de Julien se foncer. Je lui fais les gros yeux. Il me sourit

Delphine attend, les mains dans le dos.

Julien ...... Assieds-toi Delphine

..... Merci monsieur

Je pose les tasses sur la table, et un verre de jus d’orange. Je vais m’assoir. Julien met un sucre dans ma tasse.
Je souris ...... Merci monsieur.

Il me fait un petit clin d’œil, et tout en mélangeant son sucre dans sa tasse, il s’adresse à Magali de ce ton détaché limite, froid

...... Magali il est des règles à respecter. Claude t’en parlera. Comme tu as pu le remarquer Delphine ne s’assoit pas sans mon autorisation, tu te dois de faire de même !

.... Je ne savais pas.
.... Tout comme tu commences et finis tes phrases par monsieur. Nous ne sommes pas tes potes !

.... Ah !

..... Dans le sens ou ton foyer ferme ses portes à vingt et une heures, Camille a la gentillesse de t’accueillir pour cette nuit. Ne te trompe pas. Tu ne viens ici que sur invitation. Inutile d’espérer squatter l’appartement sans être conviée.
Compris ?

..... Oui bien sûr

Il lui sourit gentiment ......... Oui monsieur

..... Oui monsieur

.... Bien ceci étant dit. Delphine le coucher est 22 heures 30, tu es responsable de Magali. Attention aux conséquences ! Camille étant avec Patrick, n’a pas d’horaire !

.... Je serais couchée, n’aies crainte.

.... Mon cœur, je te fais confiance !

.... Tu peux, j’ai été à bonne école

Il éclate de rire ...... Tu n’es qu’une insolente.

..... Et attends tu n’as pas tout vu

..... J’ai eu un large panel ! Bien, demain nous serons là à quatorze heures. Soyez prêtes. Delphine, pas de frangine demain !

..... Non monsieur.

…….. Je vais vous laisser, soyez sages. Delphine tu deviens responsable, sans oublier qu’ici c’est chez Camille

.... Oui bien sûr monsieur

Il embrasse Delphine, fait une bise sur le front de Magali, qui rougi et m’entraine sur le palier.

.... Tu descends avec moi ?

..... Oui bien sûr

Main dans la main, nous descendons l’étage ........ Puce, ne laisse pas Delphine se faire bouffer par Magali

.... Tu sais elle a du répondant

.... Cette Magali je la trouve roublarde

..... Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

.... Reprendre ses études juste pour toucher les primes de l’état !

.... Tu veux que j’essaie de discuter avec elle ?

..... Oui, merci, et tu la fais dormir sur le canapé.

.... Bah je peux dormir avec Delphine, ça ne nous dérange pas

..... Non, si elle voit qu’elle a la possibilité d’avoir une chambre, vous serez envahie

.... Ah oui d’accord.

A la porte qui sépare les escaliers du hall, il me prend dans ses bras et m’embrasse à pleine bouche. Je me pends à son cou et me serre tout contre lui. Sa main caresse mon dos. Une onde de bonheur mélangé à un élancement dans mon bas ventre me fait gémir.
Il me serre ....... Oh ma chérie !

D’un coup il me repousse gentiment ........ Séparons-nous avant de faire n’importe quoi !

Il effleure mes lèvres ....... Remonte vite, et n’attrape pas froid

..... A demain, bonne nuit

.... Toi aussi ma puce.

Il referme la porte, je remonte le cœur en fête. Les filles sont dans la cuisine, en train de discuter. Delphine me demande comment on dort.

..... Magali va dormir sur le canapé, je pense que ça devrait aller.

Delphine parait soulagée ........ Oui. Bon alors raconte.

Je ris ...... Tu veux savoir quoi curieuse ?

..... Ce que t’a dit ton tortionnaire

.... Ah non rien de plus que ce qu’il t’a dit.

.... Ok !

Magali nous écoute, allant de l’une à l’autre. Je lui souris. ....... Tout va bien Magali ?

.... Oui

.... Si tu as des questions, vas-y, nous pouvons te renseigner. Au début on est toujours un peu inquiète

.... Comment ça se passe pour les études ?

.... Tu es dans quelle filière ?

....... Je n’ai pas de filière, Claude m’a fait passer un test pour connaitre mon niveau

.... Tu as quitté l’école à quel âge ?

..... A quatorze ans je suis allée dans un LEP pour apprendre la couture, et à dix-huit la DDASS te met dehors, c’est mon éducateur qui m’a trouvé cette place au foyer de Nation.

.... Et tu ne bosses jamais ?

... Si je suis inscrite en intérim et je fais des petites missions, mais c’est dans le ménage, ou garder des mômes ou des missions de trois jours

.... Et tu voudrais faire quoi ?

.... J’ai parlé avec Pierre, peut-être éducatrice, il pourrait m’aider

.... Tu aimes les enfants ?

.... Non pas vraiment, mais je n’ai pas envie de rester toute ma vie, une va nu pied

Je souris ......... Si tu n’aimes pas les enfants, il faut t’orienter vers autre chose

..... C’est dur le droit ?

Delphine éclate de rire ...... Ah non mais là, laisse tomber

Magali ....... Pourquoi ?

.... Non mais Camille, c’est comme son mec, c’est une encyclopédie vivante

Je souris ...... Oh n’exagère pas.

..... En fait mon rêve ce sont les voyages. Mais Pierre dit que les études sont dures, il faut parler trois langues !

Je lui fais gentiment remarquer qu’on n’a rien sans rien.

Delphine ....... Faut que tu oublies ton Pierre, Claude va t’aider et tu iras là où tu veux, si tu t’en donne la peine

Je demande si elle aime l’histoire

..... Oui ça va.

.... Déjà c’est un bon point

.... Vous êtes en grandes études. Je suis nulle, et c’est très dur, en plus Claude m’a inscrit début décembre. Je suis complètement perdue

Je demande ...... Il t’a inscrit où ?

..... Dans une école près de Nation

.... Oui mais quelle école ?

.... C’est une école pour les élèves en retard, je suis dans une classe qui représente la troisième de collège

Je regarde discrètement Delphine. En souriant je souligne à Magali qu’elle est jeune et qu’elle va y arriver en se donnant les moyens d’étudier

..... C’est difficile au foyer. Nous devons nous occuper des repas, du ménage, du linge, et comme je suis en cours la journée, je dois faire le soir.

Je ne sais pas quoi répondre ...... Ah !

Delphine ...... Il faut que tu étudies le mercredi après-midi et le week-end. Tu dois sacrifier les sorties et l’amusement si tu veux y arriver.

..... Je ne sors pas beaucoup, juste avec ma copine de chambre. Ma copine elle fait esthéticienne, elle me dit que c’est bien

Delphine lui sourit ...... C’est à toi de voir mais il te faut choisir une bonne fois pour toute ton orientation.

..... Oui, mais je n’ai pas d’idée pour faire toute ma vie le même métier.

..... Tu dois aller au forum des métiers et te renseigner

..... Ah c’est où ?

J’interviens ...... Nous regarderons demain sur internet si tu veux

..... Oui je veux bien. Est-ce que vous savez calculer les périmètres ?

Delphine ...... Oui bien sûr, mais on verra ça demain matin aussi, là il est l’heure de se coucher.

Elle me regarde en riant ....... Enfin pour nous deux. Camille peut bien sortir en boite

J’éclate de rire ........ Heu je ne suis pas sûr qu’il apprécie

Delphine range les verres et tasses dans la machine, pendant que j’emmène Magali à la salle d’eau

...... Je vais te prêter un pyjama, par contre je n’ai pas de brosse à dents. Tu peux laver tes sous-vêtements et les mettre à sécher sur le radiateur

.... D’accord merci

Je rejoins Delphine dans la cuisine et lui chuchote ....... Qu’est-que tu en penses ?

Delphine hausse les épaules ........ Je ne sais pas pourquoi ?

...... Julien ne la sent pas, il dit qu’elle est roublarde

... Ah ! Pourquoi ?

En quelques mots je lui raconte ce qu’il m’a dit. Delphine plus indulgente, me fait remarquer, que quand on n’a pas la possibilité de s’en sortir, on s’enfonce dans la galère.

...... Si ma collègue ne m’avait pas parlé de Claude, si je n’avais pas fait ta connaissance, je serais chez ces connards à m’occuper de mes frères et sœurs et à faire la boniche.

.... Oui bien sûr, mais j’ai tout de suite senti en toi quelqu’un de bien. Une amie. Une frangine, et la preuve je ne me suis pas trompée

.... Et là ?

.... Je ne sais pas. Je la trouve mignonne, mais effectivement un peu comment te dire ........ Heu un peu sans éducation.

.... En foyer tu ne dois pas vraiment apprendre les bonnes manières. Elle a changé six fois de famille d’accueil depuis ses cinq ans

.... Et pourquoi elle a été placée ?

..... Parents incapables de s’occuper d’elle, elle a deux sœurs plus grandes, qui ont fait leur vie, sans jamais lui donner de nouvelles.

.... Ah carrément, c’est quoi ça encore

.... Disons que les deux grandes étaient placées ensemble et elle, toute seule de son côté. Donc depuis ses cinq ans, elle ne les a jamais revues

..... Pfff quelle misère. Tu vois ça, ça ne devrait pas arriver. Séparer une fratrie. Donc à cinq ans, elle a perdu tous ses repères

.... En gros oui.

.... Bon d’accord.

..... Tu veux que je lui laisse ma chambre ? On peut dormir ensemble

..... Non Julien m’a dit de la faire dormir sur le canapé, pour ne pas qu’elle prenne l’habitude de venir squatter, pensant qu’elle aurait sa piaule

..... Ah d’accord.

Elle rit et rajoute ...... Ton mec pense à tout !

.... Tu sais avec son taf, il est obligé d’être rapide et clairvoyant

.... C’est sûr. Tu as décroché le gros lot ma bichette. Il est complètement obnubilé par toi

Je ris à mon tour ............ Et moi par lui.

Je laisse Delphine aller à la salle d’eau, pendant qu’aidée de Magali je lui fais un lit de fortune sur le canapé.

Je lui fais la bise et lui souhaite une bonne nuit. A mon tour je prends la place de Delphine dans la salle d’eau

Dans mon lit, le sommeil me fuit. Je pense à cette fille. Une question me vient à l’esprit. La grosse était dans une famille étrange, un père cinglé qui s’amusait à la déculotter comme une gamine. Ni plus ni moins un pervers. Delphine idem, des parents dingues, une vie de tarée, cette Magali à la jeunesse foutue, les familles d’accueil, le foyer. Mais qu’est-ce que je fais dans ce milieu ? J’ai eu une enfance dorée, une jeunesse insouciante. Est-ce qu’ils ne prennent que des filles paumées ? Tiens c’est une question que je poserai à Julien.

Je finis par m’endormir. Delphine vient me réveillée à neuf heures quarante

Je m’étire en grognant ....... J’ai trop bien dormi

.... Moi aussi. Tu viens ?

Je me lève, glisse mes pieds dans mes mules et vais à la cuisine. Magali habillée me sourit. Delphine pose un mug de café devant moi

.... Merci ma chérie.

Magali roule une cigarette, avant qu’elle l’allume je lui fais savoir qu’il est interdit de fumer dans l’appartement

.... Ah ! Je fume où ?

.... Comme Delphine, sur le balcon, ou tu descends

..... D’accord.

Les deux filles disparaissent, je finis mon café. Bon déjà elle n’est pas chiante, on lui dit un truc elle accepte sans problème. Je profite qu’elles soient sur le balcon pour aller me préparer. Je me lave la tête et prends mon temps de réviser mes épilations. Je souris en moi-même
Delphine vient me voir ........ On fait quoi à manger ?

... Aucune idée, on a quoi ?

.... Steak haché pâtes ?

... Impec

Je sèche mes cheveux, fais mon lit et rejoins les filles. Magali devant la plaque de cuisson fait rissoler des oignons. Je dis à Delphine d’aller se préparer.

.... Tout va bien Magali ?

.... Oui pourquoi ?

.... Comme ça. Tu veux boire quelque chose ?

.... Un jus d’orange si tu veux

Je sors la bouteille et fais couler deux cafés. Je sais que Delphine ne va pas tarder.

Les cheveux humides elle nous rejoint, nous nous mettons à table et buvons notre café en silence.

Je propose à Delphine d’aller se sécher les cheveux pour ne pas attraper du mal. Je vais dans ma chambre prendre un stylo et mon calepin.

Magali a posé les tasses et son verre dans l’évier.

..... Tu veux que je t’explique les périmètres ?

.... Oui s’il te plait.

Je lui dessine un carré et note 12 cm en souriant je lui précise que c’est un dessin approximatif.

.... Carré veut dire quatre. Donc tu as quatre côtés égaux, c’est-à-dire de même longueur. Pour le périmètre tu multiplies le côté par quatre. 12x4 égal 48 cm. Ce qui revient à dire que si tu mets bout à bout chaque côté tu auras une ficelle de 48 cm, ou 12 +12+12+12. Tu as compris ?

...... Heu oui je crois.

.... SI je te donne un carré de 8 m de côté tu as quel périmètre ?

..... Huit multiplié par 4 ?

..... Super !

..... Et la surface ?

..... La surface c’est l’intérieur, et là tu multiplies le côté par le côté. Si on prend 12, tu multiplies 12 par 12, ce qui te donne 144

...... Tu fais comment pour calculer aussi vite ?

Je souris ....... Je t’explique.

J’écris en même temps que je commente.  12 par 10 ça te fais 120 et ensuite tu multiplies 12 par 2, ça te donne 24. 120 et 24 est égal à 144

Je lui pose le 12 et entoure le 0 de 10 ……. Tu vois, tu le rajoutes à 12 et ça te donnes 120

.... Ah oui d’accord.

Je lui souris et demande.... Le périmètre tu fais comment ?

.... Je multiplie le côté par 4 et la surface je multiplie le côté par le côté

.... Woua, tu comprends vite !

.... On a eu un cours, mais le prof il n’explique pas, il dit vous faites ça et ça, mais je ne comprends pas bien avec lui.

..... D’accord, tu veux voir quoi aussi ?

.... Le rectangle ?

.... Pour le périmètre du rectangle c’est un peu comme le carré. Tu prends la longueur que tu multiplies par 2 puis la largeur, et tu additionnes

Je lui fais un croquis en mettant 12 et 8 et lui laisse faire le calcul. Elle pose les opérations et me regarde pleine d’espoir

...... 40 ?

Je souris ...... Oui 40, et pour gagner du temps, de tête tu peux faire 12 et 12, 24, 8 et 8, 16 et tu poses ton addition si tu n’arrives pas de tête

..... Oui d’accord.

La surface, c’est simple tu multiplies la longueur par la largeur

..... D’accord merci Camille

Je souris et ramasse le bloc ...... De rien. Cherche sur internet des exercices avec correction et exerce-toi

.... Je n’ai pas d’ordinateur.

.... Ah ! Et un téléphone ?

Elle fait non de la tête. Je ne sais pas quoi lui répondre.
Delphine arrive, nous mettons la table, pendant qu’elle égoutte les spaghettis, je fais chauffer les steaks.

Tout en mangeant nous parlons de tout de rien, du temps, de nos études. Magali demande si Claude sera là cet après-midi

Je hausse les épaules ...... Aucune idée pourquoi ?

.... Non comme ça.

..... Tu t’entends bien avec lui ?

..... Normal. Il est comme Pierre,

.... Et Pierre il est comment ?

.... Je ne sais pas, il est normal !

..... Tu appelles quoi normal ?

.... Je ne sais pas.

.... Par exemple Pierre, il est gentil, bienveillant ?

.... Bienveillant ? C’est quoi ?

..... Il t’embrase ? Il te console si tu as de la peine ?

Elle sourit .... Ah non plutôt le contraire. Il se fâche, une fois je voulais sortir et il ne voulait pas, j’ai tenu tête. Il m’a stoppé direct en me donnant une fessée et il m’a punie dans la chambre.

...... Qui ?

..... Pierre

.... Tu es depuis quand avec lui ?

.... Mes dix-huit ans

.... Et tu as quel âge ?

.... Je vais avoir vingt ans au mois de juillet

Je souris .... D’accord. Donc il est normal et Claude ?

.... Pareil

.... Pareil que Pierre ?

.... Oui

.... Il ne t’aide pas dans tes cours ?

.... Non, on cherche pour qu’il me donne des cours, au foyer ce n’est pas possible, et il m’a dit que chez lui non plus.

Je croise le regard de Delphine, elle pense comme moi

..... Céline elle allait où ?

Je souris ....... Aucune idée, à son cabinet je crois.

Nous débarrassons, Delphine range la vaisselle. Sans qu’on lui dise Magali lave la casserole et la poêle, je fais le café.

Quatorze heures, la sonnette retentit. Je vais ouvrir à Julien et Patrick et leur propose un café qu’ils acceptent. Ils vont dans la salle à manger.

Je sens qu’on m’attrape par la taille, je me retourne Julien effleure mes lèvres.

..... Tout s’est bien passé ?

.... Franchement elle est gentille

.... Tu m’expliqueras ça !

.... D’accord.

Je pose les tasses sur le plateau Julien l’emmène. Delphine prend une chaise dans la cuisine.
..... Assieds-toi Delphine

.... Merci monsieur

Patrick me sourit et me fais signe de m’assoir. Je lui souris aussi. Je demande pourquoi Claude n’est pas venu

Julien ....... Tu t’ennuies ?

..... Non, mais je pensais qu’il viendrait

.... Il ne devrait pas tarder.

Au même moment la sonnette se fait entendre, je vais lui ouvrir

.... Bonjour ma belle ! Tout le monde est là ?

.... Oui tu veux un café ?

.... Avec plaisir.

Je fais couler un nouveau café et lui amène. Je m’assois

Julien ...... Bien, Delphine nous allons comme il se doit signer un contrat. Tu connais les tenants et les aboutissants, nous n’allons pas nous étendre dessus.

..... Oui monsieur.

Il sort d’une chemise cartonnée, des feuilles agrafées ...... Tu lis, tu signes, et nous démarrons !

..... Je lis à voix haute monsieur ?

.... Inutile, ne perdons pas de temps. Si tu as une question, tu soulignes la partie et nous l’étudions après.

.... Oui monsieur

Il tend deux autres contrats à Claude. Je suis étonnée, ce dernier jette un rapide coup d’œil et remercie Julien. Puis il me tend deux contrats. Je souris et lis rapidement. C’est à quelques mots près le même que j’ai déjà eu, par contre ce coup-ci je vais signer avec Patrick.

Sur celui-là, il est stipulé que je dois téléphoner à Patrick en cas de besoin.

Julien ...... Puce, tu verras avec Patrick

..... Oui d’accord.

Je regarde Patrick et lui souris, il me fait un petit clin d’œil. Je demande si je peux aller chercher des stylos. Patrick me fait signe de la tête
Julien ...... Prends un calepin s’il te plait.

Je donne un stylo à Delphine, un à Magali et garde l’autre, je tends le calepin à Julien, Je m’assois et signe les deux contrats, que je date. J’en tends un à Patrick

.... Pas de question mon petit ?

.... Heu non, ça me va.

Patrick plie le contrat en deux

Julien met le calepin devant moi ....... C’est quoi ?

Je regarde la feuille ou j’ai vite fait, tracé un carré et un rectangle....... Ah heu, c’est, heu .... J’ai rapidement expliqué à Magali la différence entre le périmètre et la surface.

Il fronce les sourcils ......... Et le carré il est où ?

.... Le carré ?

.... M², cm² ?

.... Ah, heu oui, heu

Magali ...... Si, si Camille me l’a dit

Julien la regarde, son regard fonce ........ Et tu le mets où ? Surface ou périmètre ?

..... Surface

.... Monsieur !

Magali le regarde ...... Oui monsieur

Il arrache la feuille ......... Puce, fais attention dans tes explications, sois claire et précise !

..... Heu oui d’accord.

En moi je remercie Magali. Tout compte fait, elle a compris qu’une engueulade arrivait vite.

Julien regarde Claude ....... Tu veux commencer ?

.... Non vas-y et Magali va écouter, on ira plus vite dans les explications.

..... Delphine des questions ?

..... Oui monsieur.

.... Je t’écoute.

.... Pourquoi 22 heures 30 ?

..... Tu te lèves à quelle heure le matin ?

..... Bah six heures et demi, sept heures

.... Huit heures de sommeil, calcule !

.... Monsieur, ça fait tôt, le film se termine vers vingt-trois heures.

Je le vois sourire ........ La télé fera ton avenir ?

..... Non

..... Tu prends un bouquin et tu éteins à l’heure !

..... Mais monsieur pour une demi-heure

Il la toise, je ne dis rien, je connais la réponse

.........Tu préfères vingt-deux heures ?

Elle rit ........ Mais non monsieur, vingt-trois.

..... Ne commence pas à pinailler, c’est non négociable

Delphine hausse les épaules et signe de mauvais gré.

.... Pas d’autre question ?

Boudeuse elle répond ....... Non ça ne sert à rien !

.... Bien à toi Claude !

Claude ...... Magali, comme tu le sais je suis là pour t’assister dans ton suivi scolaire. Si je prends du temps pour t’aider, t’expliquer ce que tu ne comprends pas en cours pour une raison ou une autre, je veux à contrario des résultats probants

..... C’est quoi probant ?

.... Probant, c’est satisfaisant.

.... Ah oui d’accord

.... Ce qui veut dire que si après l’explication d’une leçon tu me ramènes moins de douze sur vingt, tu es punie et nous recommençons la leçon avec exercices à l’appui.

.... Oui.

.... Tu es d’accord ?

.... Pas pour être punie, mais oui pour que vous m’aidiez, je voudrais partir du foyer

..... Chaque chose en son temps, déjà fais cette année, nous verrons selon ton niveau, pour t’orienter.

.... Oui d’accord.

Je me penche à l’oreille de Julien pour lui chuchoter ....... Tu veux bien laisser Delphine le samedi soir veiller un peu ?

Il me regarde, je peux voir qu’il a envie de sourire. A mon oreille il me murmure ...... Tu vas voler à son secours quand je vais la déculotter ?

A mon tour dans le creux de son oreille ......... Pas devant moi, je ne supporte pas. Ça me donne mal au ventre. Tu sais elle est tellement gentille, elle bosse en plus pas comme l’autre. Elle fait le max.

Tout haut en riant il me dit ...... Tu seras une très bonne avocate ma chérie.

Il allonge le bras et prend le contrat de Delphine. De sa poche de veste il prend son stylo et rajoute sous les horaires

Samedi soir et vacances

Il me regarde, je murmure ...... Minuit ?

Il note ‘’ Avant minuit’’

Je mets ma bouche en O et m’approche de ses lèvres, en l’embrassant je murmure .... Merci chéri

Patrick sourit, aurait-il compris ? J’ai envie de rire. Julien rend le contrat à Delphine ........ Remercie ton amie !

Delphine me sourit ........ Merci bichette.

Nous faisons silence et écoutons Claude dans ses explications. Je n’ai pas tout entendu, du coup je ne sais pas ce qu’il en ressort.

Claude regarde Patrick et Julien ....... J’ai fini !

Patrick ....... Camille, donne-moi tes stages.

.... Je peux aller chercher mon agenda

... Oui mon petit

.... Merci

Je me lève et vais chercher mon agenda, je l’ouvre à la dernière page, où j’ai noté tous les stages jusqu’à juin. Julien lui tend le calepin. Patrick note les dates et me rend mon agenda

..... Merci mon petit !

Julien ....... Delphine, veux-tu nous faire un café ?

..... Oui monsieur.

Delphine pose le plateau et attend pour s’assoir
.... Assieds-toi

...... Merci monsieur.

Elle a posé les tasses pleines directement sur le plateau. Patrick fait le service ........ Qui n’en prend pas ?

Delphine ......... Magali ne boit pas de café monsieur

Julien ......... Patrick, permets-tu que j’emmène Camille ?

Patrick sourit taquin ....... Il n’y a pas Fac demain ?

Julien éclate de rire ....... Elle sera rentrée pour le diner.

.... Alors bonne balade. Les filles nous allons vous quitter.

Tout le monde se lève. J’embrasse Claude, et retiens Patrick. J’attends que Julien et Claude se dirige vers la cuisine, Delphine les suit, je regarde Magali qui reste planté.

..... Tu peux aller de l’autre côté s’il te plait ?

.... Ah oui excuse-moi

Je pousse la porte et demande à voix basse ........ Patrick, heu sur le contrat ....... Je n’ai pas vu les punitions.

Il me sourit ....... Je ne pense pas que tu en sois encore là. Je n’impose pas d’heure de coucher, malgré tout pas au-delà de minuit, tu n’as pas de devoirs pour te retenir aussi tard.

..... Oui bien sûr.

..... D’autre part, à moins que tu me mettes vraiment en colère. Il n’y aura effectivement pas de punition

Je me hisse sur la pointe des pieds et lui fais un gros bisou ....... Merci Patrick

Il enlace mes épaules, nous allons rejoindre les autres dans la cuisine. Julien nous regarde en fronçant les sourcils.

Patrick fait la bise à Delphine et salue Magali.

Julien ...... Prête ma puce ?

..... Je vais mettre mes chaussures.

Delphine revient débarrasser la table. Je lui glisse ...... Essaie de retenir Magali.

Du bout des lèvres elle me demande ...... Pourquoi ?

..... Je te dirai

Je fonce dans ma chambre enfiler mes mocassins.

Les deux hommes sont partis. Magali semble mal à l’aise. Julien les mains dans les poches de son pantalon m’attend.

Nous descendons jusqu’au bar qui fait l’angle de la rue.

Nous commandons deux perriers

..... Ma puce, je t’ai amené ici, pour te parler. Difficile là-haut !

.... Oui bien sûr.

.... Le week-end du dix-huit nous sommes invités chez Johanna

Je le regarde les yeux pleins de bonheur ...... Oh super.

.... Tu prépareras un petit sac

.... Oui d’accord.

.... D’autre part, je ne veux pas que tu interviennes dans le coaching de ton amie

.... Non bien sûr

Il sourit ......... Pour le coucher, je me suis rappelé que je t’imposais des heures strictes, si je vois que Delphine bosse sérieusement, je serais plus cool. Ma puce, je me rends compte et après discussion avec Delphine j’ai compris que j’avais été intransigeant, te coupant du monde. Sans le savoir, je craignais que tu t’amouraches d’un étudiant. Je ne voulais pas te perdre ma douce. Comprends-tu ?

..... Ce sont des potes, mais rien d’autre. Je ne les trouve pas assez mûrs.

Il me serre contre lui ......... Je tiens tellement à toi.

Je souris ...... Tu es jaloux ?

..... Jaloux ? Non je ne pense pas. Amoureux oui !

Je dépose un petit bécot sur sa fossette, tout près de sa bouche. De mon doigt je suis la ligne de cette fossette.

..... Mon ange, à Pâques je voudrais qu’on se fiance, je pense que c’est important pour tes parents.

.... Je pense que ça leur ferait plaisir, mais tu sais mes frères, enfin Franck n’a jamais été marié.

.... Offrons-leur ce plaisir, ma chérie, et montrons au monde entier que nous nous aimons.

Mon cœur bat la chamade. Mon bonheur est immense. La bouche sèche, l’ouvrant et la fermant comme une carpe, je le dévisage comme pour m’imprégner de son image. Je bois une grande rasade de mon verre.

.... Ma puce, je te téléphone. Je vais y aller, Patrick et Claude, m’attendent.

.... Ah ! Oui d’accord

Il me raccompagne jusqu’au hall de l’immeuble, m’embrasse rapidement. Je monte les escaliers quatre à quatre et gratte à la porte.

Delphine ........ Déjà ?

Je ris ........ Oui, il avait juste quelque chose à me dire.

.... Hé merci bichette, trop cool le week-end

.... Bah quand même. Bon je ne pourrais pas intervenir chaque fois.

.... Oui je comprends

Je vais poser mon manteau dans ma chambre enlève mes mocassins pour enfiler mes mules et rejoindre les filles dans la cuisine.

..... Vous parliez de quoi ?

.... Rien de spécial, Magali me posait des questions

Je la regarde et lui souris ........ Merci pour tout à l’heure.

.... Je m’en suis souvenue.

Delphine ....... Et Céline, tu commences quand ?

.... Ah, heu bah pas samedi. On n’est pas là. Donc tu seras tranquille

.... Impec, sors-le tous les week-ends

Je ris ....... Ah mais là, ce n’est pas moi qui décide

Delphine redevient sérieuse ....... Magali me demandait comment étaient Claude Patrick et Julien

.... Et ?

.... Bah je lui ai dit, que Claude était le plus patient, adapté aux débutantes, après Patrick était moyennement sévère, il expliquait bien, revenait sur la leçon si on n’a pas compris du premier coup.

... Oui, Patrick est cool. Ma pauvre chérie tu as hérité du tortionnaire

Elle éclate de rire ........ Magali me disait qu’elle trouvait Julien trop beau et que ça donnait envie d’étudier, mais j’ai dit. Là pas touche !

.... Ah oui, là pas question, il est à moi

Magali ...... J’ai bien compris. Ne t’inquiète pas

..... Je ne m’inquiète pas. Il ne regarde pas les autres. J’ai totale confiance en lui.

Magali ...... Delphine me dit que c’est le plus sévère

..... Disons qu’il est très à cheval sur la politesse. Avec Julien n’oublie jamais de dire oui monsieur, non monsieur, Claude te l’expliquera, tu ne dois pas t’assoir ou te lever sans autorisation et remercier.

..... Oui j’ai vu

Je souris ...... Tu es facile de caractère. Tu es une bonne nature.

..... Tu sais je suis tombée sur une famille d’accueil qui nous giflait à tour de bras. Tu apprends à fermer ton bec et te faire petite

..... Pourquoi être famille d’accueil si on ne supporte pas les mômes ?

.... Le salaire !

..... Oui et les enfants ?

.... Les enfants, ils s’en moquent. Tant que la paie tombe, tu ne fais pas de bruit, tu restes dans la chambre, pendant que madame se bichonne, tu manges avant pour ne pas être à la table de la famille.

.... Et comment tu es partie de cette famille ?

..... J’ai fini par en parler à l’éducatrice qui me suivait

.... Tu changes d’éducatrice quand tu changes de famille ?

..... Non tu gardes ton éducatrice jusqu’à 18 ans. Après ce sont d’autres qui te prennent en charge jusqu’à vingt ans ou vingt-cinq si tu es en études

.... D’accord. Tu dois être rentrée à quelle heure au foyer ?

..... Vingt et une heure

.... Et si tu es en retard ?

.... Je suis de corvée toute la semaine, par exemple pour nettoyer les cabinets, et je n’ai pas le droit de sortir sauf pour l’école

.... Ah oui d’accord. Tu veux manger avec nous, et partir vers huit heures ?

.... Je veux bien, oui

.... D’ac !

J’ouvre le congélateur ....... Tourte aux poireaux ?  Pizza salade ? On fait un truc vite fait

Delphine ........ Pizza, parfait !

Je mets le four à chauffer, déballe les deux pizzas et me rassois à la table avec les filles. Delphine explique quelques petites choses à retenir pour ne pas se faire engueuler

Je rajoute ........ Surtout si un jour, il y a Patrick ou Julien mais pas Claude, et qu’ils te font une réflexion, ne dit rien.

.... Non tu veux que je dise quoi ?

.... Par exemple tu t’assois sans autorisation automatiquement Julien te fera la remarque. Rien ne lui échappe. Alors ne va pas dire que ce n’est pas ton coach, parce que là tu prendrais cher.

.... Oui d’accord. En fait ils nous dirigent tous les trois ?

..... Non pas exactement, quand ils sont tous les trois, ils ont chacun leurs élèves, mais si un manque à l’appel, les deux autres prennent le relai. Nous ne sommes jamais seules

Delphine ...... L’année dernière j’étais avec Patrick et il est tombé malade. Julien ne m’a pas laissé sur la touche, il s’est occupé de moi

.... Ah d’accord. Mais je ne comprends pas, pourquoi on change de coach

.... Ah non, on ne change pas.

.... Tu étais avec Patrick ?

Delphine sourit ....... Oui et Camille avec Julien, mais dans le sens ou maintenant ils sortent ensemble, Julien ne peut plus la coacher

.... Pourquoi ?

Je lui souris ........ Imagine que je sois avec Julien alors que nous avons découvert que nous nous aimions. Tu crois que je vais donner le meilleur ? Je vais me dire, bon allez j’ai eu 13 ça va, il ne me dira rien.

..... Ah oui d’accord.

J’enfourne les pizzas et règle le four. Je sors une bouteille de perrier, trois verres que je remplis.

.... Donc je te disais, dans ces cas-là bah on change de coach.

..... Mais Patrick et Julien ont l’air d’être amis, alors si tu es punie, ça peut faire des problèmes

Je souris .... Tu as vu juste, mais je suis à un niveau relativement haut, et ce ne sont plus les mêmes études. J’ai moins de risque d’être punie

Delphine ....... Ah non mais là, tu ne peux pas concurrencer, c’est une encyclopédie vivante cette fille

J’éclate de rire ........ Non mais abuse pas non plus

..... Ouais enfin, il n’y a pas grand-chose que tu ne saches pas.

.... Et toi quand tu seras instit, ce sera bien pareil.

La sonnerie du four nous rappelle à l’ordre. Je tends des assiettes et les couverts à Delphine, je sors les pizzas que je pose sur la table.

Delphine coupe six parts dans chaque pizza, chacune se sert. Tout en mangeant avec Delphine nous plaisantons.

Quand elle me demande pour Céline. J’esquive la question, et lui fais les gros yeux, discrètement

Nous débarrassons, Delphine met la vaisselle dans la machine, je fais les cafés, Magali essuie la table. Au moment où nous nous asseyons pour boire notre café, Magali nous fait savoir qu’elle va partir

Elle nous fait la bise et nous remercie gentiment ........ J’espère que je vous reverrai, vous êtes très gentilles, merci beaucoup

..... Mais oui nous nous reverrons, ne t’inquiète pas, il ......

Je ne finis pas ma phrase mon téléphone chante, je décroche tout de suite.

..... Tu as diner ma puce ?

.... Ah oui, on vient juste de finir

.... C’est bien. Magali est partie.

.... Nous l’avons gardé, on a fait des pizzas, elle va partir

.... Dis-moi quand elle est partie. Ou je te rappelle

.... Oui rappelle-moi.

.... Bien jeune fille !

Je ris ... Non enfin comme tu veux.

.... Je te rappelle dans dix minutes.

Il raccroche sans que je puisse rajouter quelque chose.

Nous laissons partir Magali, et refermons la porte
Delphine ...... C’était Julien ?

.... Oui il voulait savoir si elle était partie.

.... Pourquoi ?

.... Aucune idée, enfin si pour balancer

Nous rions, je lui envoie un sms. ..... Partie. Bisous

Delphine me demande si je veux un nouveau café, je fais oui de la tête, et réponds pour la deuxième fois au téléphone.  Après quelques boutades échangées, Julien me fait rire

..... You are the best sweetie.

.... You are a rascal mister my darling

..... Chipie.

.... Oui et fière de l’être parce que tu kiffes

.... Je kiffe, il va falloir que je m’habitue à ce nouveau verbe !

Je ris .... Rho il faut donc que je te donne des cours ? Toute une éducation à refaire.

Il rit à son tour ......... Ne pousse pas trop le bouchon, ça pourrait tomber sur ton beau petit cul
..... Oh tu n’as pas le droit.

.... Hum pourtant je kifferais

J’éclate de rire ...... Oh !

.... Allez ma puce. Je te souhaite une bonne nuit, et bon courage pour la reprise

.... Merci. Gros bisous

Il a raccroché comme d’habitude, à peine j’ai fini ma phrase. Je suppose que Claude était avec lui, et certainement Patrick.

En deux mots j’explique à mon amie, que Julien m’a demandé si Claude pouvait venir le samedi donner des cours à Magali ici.

….. Mais pourquoi ?

….. Il ne veut pas l’emmener à son cabinet ni chez lui.

.... D’accord. Bon on ne va plus avoir beaucoup de liberté

.... Ouais ça me plait qu’à moitié aussi. J’espère qu’ils vont trouver une autre solution.

... Elle a l’air sympa, mais bon voilà quoi ! En plus pas moyen de la joindre. C’est la misère, pas de pc, pas de tél

... Oui, je reconnais.

Sans médire, nous ne pouvons, nous empêcher de parler de cette fille, qui a l’air renfermé et pas très gaie

25 décembre 2002

Noêl

Lundi soir papa est rentré avec Thibault. Au fond de moi j’aurai préféré qu’il ne vienne pas au réveillon, de peur qu’il gâche celui de mon amie

Le matin, pendant que j’aide maman, Julien assiste Delphine dans ses devoirs, ils se mettent à la table de la salle à manger. Comme il a dit à maman

……. Je ne peux me permettre de m’enfermer dans une chambre avec mon élève.

Maman compréhensive a donné son accord. Je m’installe sur le canapé avec mon classeur.

Thibault me tient compagnie sans parler. Je sais qu’il observe sa sœur et Julien.

Les échanges sont légers, Julien détend Delphine en la faisant rire ou sourire, faisant preuve de patience et d’humour.
Ce matin, les maths ont l’air compliqués.

..... Delphine fait attention ! Je viens de te dire de te servir des priorités.

.... Oui monsieur

.... Recommence !

Du doigt il lui montre quelque chose sur la feuille........... Quel est ce signe ?

.... Multiplié

.... Et alors ?

.... Heu trois 

.... Oui ! Donc si tu as sept moins trois, ça te donne, quatre que tu multiplies par ton autre parenthèse.

.... Oui d’accord !

.... Pardon ?

.... Heu oui monsieur.

.... Dépêche-toi de me faire l’autre, nous n’allons pas y passer le réveillon.

Delphine se penche sur sa feuille. Julien d’un ton impatient lui intime l’ordre de lire

..... = 22-9x (6-4) +7x5

..... Je t’écoute

..... Heu 22 moins 9 ........ Heu 13, que multiplie 2 plus 35 ça fait ...... Heu ça fait 39 ?

.... Oui mais tu as plus simple, 22- 18 plus 35

.... Pourquoi 18, monsieur ?

.... Ton 18 ce n’est pas 9 fois 2 ?

..... Je n’ai pas compris comme ça.

..... 22 moins 9 que multiplie 2, ça donne combien ?

..... Heu 4 ?

.... Oui, et ensuite tu additionnes les 35 de 7x5, donc 35 et 4 ?

..... Trente-neuf

... Monsieur !

Delphine sourit ....... Monsieur.

.... Compris ?

.... Heu non désolée pas vraiment monsieur.

..... Quelles sont les priorités Delphine, dépêche-toi avant que je m’agace.

..... Les priorités sont les hors parenthèses

...... Quelles sont tes parenthèses ?

.... 6 moins 4

..... Donc ton 9 est bien régit par 2

.... Oui monsieur

.... Par quel signe ?

..... Multiplié

.... Ce qui donne ?

..... 18, monsieur

..... 22 moins 18 ?

..... 4, monsieur

..... 7x5 ?

.... 35

.... Et donc 4 plus 35

.... Ah oui, merci monsieur !

.... Tu dors ce matin ?

Delphine rit .... Mais non monsieur, mais avouez que c’est tordu comme problème

.... Tu en as à l’examen, donc je ne vais pas te lâcher. Allez range !

.... Merci monsieur

Il se lève nos regards se croisent, je souris ........ Rho ces maths qui ne servent à rien.

..... C’est comme ça, il faut les savoir. Que révises-tu ?

.... Non rien, je relisais la liberté d’expression

.... Et dis-moi !

Je ris ....... Heu je vais aller ranger.

Il m’attrape alors que je me lève, enlace mes épaules et me tient serré ....... 1789 les droits de l’Homme, tu ne connais pas encore ?

..... Mais si, mais j’aime bien les relire, comme ça je n’oublie pas !

Il tourne ma tête vers lui, en glissant son index sous mon menton, ce simple geste me fait toujours un drôle d’effet. Il m’examine avant de se pencher et d’effleurer mes lèvres .......... Allez va ma petite étudiante.

Je me dégage en riant et retrouve Delphine, qui range ses feuilles. Je lui chuchote. .......On en fera, t’inquiète

.... Oui mais je crois que j’ai compris.

.... Cool !

Maman aidée de Thibault met la table. Après le déjeuner Julien m’entraine faire une balade, avant de partir je demande à ma mère si elle n’a pas besoin de moi cet après-midi

..... Non Mimi, va te promener, Julien m’a déjà demandé

Je fais un bisou sur la joue de ma mère et rejoins Julien dans l’entrée, qui m’attend, les mains dans les poches de son pantalon.

Dehors il fait un froid terrible, je resserre mon manteau. Rien que d’aller à la voiture j’ai les joues gelées. Julien met de suite le chauffage et se tourne vers moi .......... Tu veux aller où ma puce ?

.... Aucune idée, il fait tellement froid.

.... Allons boire un café.

.... On peut aller dans le bourg, au bar-tabac

.... C’est tranquille ?

.... Ah oui pourquoi ?

.... Parce que j’ai simplement envie de m’isoler avec toi, pour parler tranquillement.

.... Si l’après-midi c’est tranquille.

En fin de compte, il m’emmène dans le luxueux salon de son hôtel qui est à la sortie du bourg. Nous nous installons dans un coin, sur des fauteuils en velours, Julien commande deux cafés.

Je brûle de lui demander pour Céline.

.... Un souci ma puce ?

Je le regarde et souris, qu’il me perce à jour avec une telle facilité .......... Non pas spécialement, juste que Delphine est peinée parce que son frère n’admet pas qu’elle n’aide pas sa sœur

..... Crois-tu que Delphine ait du temps à perdre ?

.... Non bien sûr, et je le sais, mais c’est dommage de la laisser couler

.... Ma puce, elle ne veut rien entendre, que veux-tu qu’on fasse ?

Le serveur vient déposer deux tasses accompagnées d’un petit carré de chocolat enveloppé

..... Tu es en stage la plupart de ton année, tu as aussi des devoirs me semble-t-il !

.... Oui enfin ce ne sont pas vraiment des devoirs, ce sont des textes de lois applicables, ça va vite.

.... Veux-tu perdre ton temps ?

Je le regarde avec un léger sourire, et d’une petite voix ........ Je peux tenter ?

.... A toi de voir, je préviendrai Patrick.

..... Oh merci.

.... Merci qui ?

Je ris .... Heu Julien ?

Il me taquine .... Mieux que ça !

Je m’empourpre ...... Heu Julien chéri ?

Il éclate de rire ...... Que de progrès !

Je bois mon café doucement, le temps que mes joues reprennent leur couleur. Il me dévisage en souriant

..... Pourquoi rougis-tu ? Sois fière de tes sentiments.

.... Heu oui bien sûr, mais la situation est difficile.

.... Pourquoi difficile ? Nous éprouvons les mêmes sentiments. Il ne faut pas en avoir honte

.... Non je n’ai pas honte, je sais les sentiments que j’aie, mais je ne peux pas balayer d’un coup le monsieur et tout ce que ça comporte et me retrouver avec un homme que j’aime

..... Il faut effacer le mauvais passé ma puce. Je sais que j’ai été sévère et intransigeant, fut une période, où je crevais de jalousie, et je regrette de te l’avoir fait payer. Dans l’absolu nous ne pouvons pas grand-chose. Je te ferai oublier

.... Oui, enfin je ne pensais même pas à ça, mais à l’ensemble de notre relation.

.... Ma puce, c’est ainsi, faisons avec, et démarrons une belle histoire

..... Oui d’accord.

.... Pour en revenir à la frangine, deux mois pas plus ....... S’il n’y a pas de résultats, laisse tomber. Ne va pas perdre ta patience sur ses devoirs

.... D’accord, mais pas tous les samedis, parce que je ne vais pas supporter et Delphine non plus.

.... Un samedi sur deux, sera suffisant ! Et tu ne fais pas ses devoirs, tu lui fais rattraper ses mauvaises notes, anglais et maths tu es capable. Je m’arrangerai pour passer t’assister

.... Ah merci c’est super cool

Il rit et m’enlace, nous échangeons un long baiser. Je reprends mon souffle, le cœur explosant dans ma poitrine.

.... Comment es-tu habillée ce soir ?

.... J’ai mon pantalon noir.

.... Tu ne mets jamais de robe ?

.... Heu si en été.

.... Je vais te déposer pour te préparer, et aller en faire autant.

... Oui d’accord.

J’avance mes lèvres et lui dépose un petit bisou sur les siennes, il m’enlace et force mes lèvres, en me serrant contre lui

...... Tu me rends fou !

... Ah, je vais en parler à Nico, je crois qu’il soigne la folie

Nous rions ....... Chipie, tu n’es qu’une chipie

Nous repartons

Je monte quatre à quatre les escaliers et sonne. Thibault m’ouvre. Je le remercie et demande où est sa sœur.

...... Avec ta mère dans la cuisine.

J’enlève mon manteau et vais les voir.

.... Où es Julien ?

.... Je l’ai renvoyé à Paris

Ma mère se retourne d’un coup ...... Tu as fait quoi ?

J’éclate de rire ......... Il est parti à l’hôtel se préparer

..... Oh tu m’as fait peur. Vous allez si bien ensemble. Ne gâche pas cette chance ma puce

...... Mais non maman, je tiens trop à lui

..... Et lui aussi !

.... Bon je fais quoi ?

.... Non rien, allez, vous préparer les filles.

Je vais rapidement prendre une douche et laisse la place à Delphine. Je m’habille dans la chambre, Delphine me rejoint

..... Heu je ne sais pas quoi mettre, je n’ai qu’un jeans.

.... T’inquiète, ce n’est pas grave.

.... Oh bah quand même.

Je cherche dans mon armoire ce qui pourrait aller, mais je n’ai que des tenues d’été. ....... Allez mets ton jeans on s’en moque

Nous nous habillons et nous préparons dans la chambre pour laisser la salle de bains libre. Je sais que mon père ne va pas tarder, et il voudra prendre une douche.

Assise sur mon lit Delphine se maquille.

.... Bon ma chérie, j’ai plaidé en ta faveur auprès de Julien

La goupille en l’air, un œil maquillé et pas l’autre elle me regarde avec sa bouille de clown. Je ris.

..... Oh bécassine, remets-toi

.... Tu lui as dit quoi ?

..... Trop long à t’expliquer, mais il consent à ce qu’un samedi sur deux j’aide ta sœur dans ses devoirs, par contre tu as interdiction de l’aider, tu dois te consacrer à tes devoirs

.... De toute façon honnêtement je n’ai pas envie. Thibault m’a pourri en disant que ce n’était pas sympa, je m’en sortais avec la chance de t’avoir et d’avoir Julien, que je n’étais pas cool de la laisser dans la merde.

.... Bah pourquoi il ne la prend pas en charge ?

.... C’est ce que je lui ai dit, mais il répond, comment veux-tu que je la prenne à la caserne, et en plus je n’ai pas votre niveau

..... J’ai deux mois pour la remettre à niveau, je n’ai rien dit, mais ça ne sera pas possible

.... Surtout si elle fait sa tête de mule

.... Bah c’est ça, et moi ça va me pomper mon énergie.

.... Je serai là pour la remettre en place, et puis ne te gêne pas non plus

.... De toute façon, Julien passera quand elle sera là.

Nous continuons de discuter tout en finissant de nous préparer. Nous rejoignons la salle à manger. Une jolie table est mise, les rallonges ont été tirées. Un magnifique bouquet de fleurs trône au milieu de la table. Maman a sorti ses serviettes en tissu assorties à la nappe.

Je vais à la cuisine, vide, j’appelle ma mère qui sort de la salle de bains

..... Oh maman tu es jolie

.... Merci Mimi.

.... On fait quoi ?

.... Rien, nous attendons tes frères et Julien

.... Et papa ?

.... Il finit de se doucher

D’un coup l’appartement prend des allures de foire. Tout le monde entre en même temps, Franck avec sa voix qui porte domine les autres.
Les embrassades n’en finissent pas. Maman nous prie de nous assoir. La grande table est magnifiquement dressée

Le repas se déroule dans les rires. Lise pleine d’humour taquine les frangins, disant qu’il n’y en a pas un pour relever l’autre. Je l’appui avec beaucoup de joie.

Delphine sourit de temps en temps, mais je vois bien que son frère lui parle à voix basse, ce qui n’a pas l’air de plaire à mon amie.

Julien ne laisse pas sa part au chat, question humour. Mon père enlève chaque fois ses lunettes pour essuyer ses yeux qui pleurent de rire. Maman jubile d’avoir tout son petit monde.

J’oblige Lise et maman à rester assise, avec Virginie et Delphine nous débarrassons, Thibault nous donne un coup de main.

Papa vient chercher deux bouteilles de champagne, dans le réfrigérateur, nous amenons le café et les douceurs que maman a préparées.

Le réveillon se termine au petit matin.

Le lendemain seul Nico revient, Franck est dans la belle famille. J’apprends que maintenant soit ils seront au réveillon soit le lendemain, devant se partager entre les deux familles. Je suis un peu peinée, sachant que sans Franck, l’ambiance ne sera pas la même, Nico étant beaucoup plus réservé et Virginie peu bavarde.

Julien repart samedi après manger. Je descends sur le parking avec lui. J’ai envie de pleurer de le quitter

Il me serre fort dans ses bras et soulève mon menton, nos yeux se croisent.

..... Ma puce, je ne peux m’absenter davantage, comprends-le.

Je fais oui de la tête. Nous nous embrassons passionnément.

Je laisse échapper mes larmes quand il monte dans la voiture. J’attends de ne plus voir l’arrière pour remonter. Je rejoins Delphine dans la chambre.

Elle saute du lit et vient me prendre dans ses bras. ...... Bichette, tu vas le revoir samedi, ne pleure pas.

Au travers de mes larmes je souris, mais j’en ai gros la patate.

..... Tu veux qu’on aille se promener ?

.... Ça caille dehors

.... Tu veux faire quoi ?

J’hausse les épaules ........ Je ne sais pas, tu veux un jeu ?

.... Tu as quoi ?

..... Le scrabble, le Monopoly, la bonne paie.

..... Oui un scrabble, mais tu me rappelleras les règles.

Je souris et fais oui de la tête. Dans l’armoire je prends le jeu et entraine Delphine, nous allons chercher Thibault qui est allongé sur son lit

..... Thibault ça va ?

Il me sourit ...... Oui merci

..... Tu viens faire un scrabble ?

..... Je ne suis pas très fort.

.... Aucune importance, allez viens

Il se lève, je vais prévenir maman qu’on se met dans la cuisine.

.... Oui Mimi, fait

Je ferme la porte, nous installons le jeu, et commençons la partie. Des crises de fous rires nous prennent souvent, Thibault n’est pas ingénieux. Je l’aide en mettant ses lettres sur sa réglette, presque dans l’ordre

Après trois parties, nous décidons de boire un café. J’en profite pour parler à Thibault

..... Thibault tu as eu Céline ?

.... Non je ne l’ai pas appelé.

.... Alors si tu l’appelles, tu lui diras que je suis prête à l’aider pour rattraper son retard.

Il me sourit ........ Je te remercie

.... Delphine n’a vraiment pas le temps, je peux te l’assurer, elle bosse tard le soir, et tous les week-ends quand elle rentre du boulot. Alors ce que raconte Céline, ne t’arrête pas dessus, c’est moi qui vis avec Delphine !

..... Oui je comprends

.... Autre chose, tu lui diras bien que ce n’est qu’un samedi sur deux, pas tous les samedis et pas le dimanche, j’ai aussi des devoirs à faire et j’ai une vie privée.

.... Oui bien sûr.
.... Tu lui préciseras que nous reverrons toutes les matières depuis septembre, qu’elle doit savoir faire ce qu’elle a loupé. Maintenant si elle ne veut pas, inutile qu’elle vienne pour se pavaner et venir râler qu’on ne sort pas, on n’a pas de tunes à dépenser. Ou pour aller raconter de la merde à Julien ou Patrick

..... Oui bien sûr.

... Je tiens à te prévenir, que si elle me tient tête, que si je raconte de la merde ou qu’elle est pénible, je laisse tomber tout de suite et elle se démerde.

..... Oui d’accord.

.... Et si je vois qu’aux vacances de février, elle n’a pas augmenté ses notes, ou qu’elle sèche les cours, tout pareil je laisse tomber. Je ne vais pas me fatiguer pour rien.

..... D’accord, j’ai bien compris, mais je pensais que vous ne pouviez pas l’aider

..... J’ai négocié avec Julien, j’ai réussi à obtenir de l’aider à la seule condition qu’elle se bouge le cul

.... Tu veux que je l’appelle maintenant ?

.... Bah si tu veux.

Elle décroche au bout de la troisième sonnerie ........ Oh Thib, salut.

..... Salut Cécé, comment vas-tu ?

..... J’ai passé Noël toute seule

.... Comment ça toute seule ?

.... Bah oui vous êtes ensemble et je suis seule.

Je commence déjà à sentir l’agacement me gagner de l’entendre geindre. Je loupe une partie de la conversation, je regarde Delphine qui lève les yeux au ciel. J’ai envie de rire

...... Tu n’étais pas toute seule alors.

...... Ce n’est pas pareil, j’aurais préféré être avec vous.

.... Ecoute, je ne t’appelle pas pour ça, je vais te passer Camille, elle va te parler

Il me tend le téléphone ........ Céline ?

..... Bonjour Camille

..... Ecoute, et écoute-moi bien. Claude ne te reprendra pas, Patrick suit déjà ta sœur, il n’a pas le temps, et Julien bah tu ne veux pas.

.... Je n’ai pas dit que je ne veux pas.

..... Si tu l’as dit, le soir où ils sont tous venus !

..... Mais il est méchant, il dit des choses vraiment vexantes.

.... Céline, quand tu auras un patron qui te traitera d’imbécile, tu vas aller pleurer à Thibault ?

.... Mais non, mais ce n’est pas pareil

.... C’est exactement pareil. Bon laisse tomber, je ne t’appelle pas pour ça. J’ai négocié avec eux, et ils sont d’accord que je te donne des cours un samedi sur deux.

..... Des cours ? Des cours de quoi ?

.... Je dois te faire reprendre tes contrôles depuis septembre

..... Mais ça ne sert à rien. C’est pour m’aider à mes devoirs que j’ai besoin

.... Et si on fait tes devoirs, le jour du contrôle tu fais comment ?

.... Comment ça je fais comment ?

...... En faisant tes devoirs, tu vas comprendre la leçon, tu crois ça ?

.... Mais je ne vais pas reprendre trois mois de cours

..... Céline, c’est ça ou tu continues à te démerder, c’est simple.

Delphine me prend le téléphone des mains ........ Bon écoute-moi tête de pioche, soit tu fais ce qu’on te dit, soit tu restes chez ta grand-mère et tu ne viens pas nous reprocher quoique ce soit après, et tu ne vas pas pleurer sur l’épaule de Thibault

.... Pourquoi tu cries, je ne suis pas sourde

..... Je ne crie pas, je t’explique. Ou tu fais ce que Camille te dira, et tu te bouges le cul, ou rien que dalle, personne ne t’aidera

..... Bon d’accord. Vous rentrez quand ?

..... On rentre dimanche, et tu attends que Camille te dise de venir.

..... Oui d’accord. Mais pourquoi un samedi sur deux ?

.... Parce que Camille a aussi des devoirs, donc elle ne pourra pas t’assister tous les samedis

.... Bah et toi, tu peux l’autre alors

...... Hors de question, Patrick m’a interdit de t’aider, et je n’ai pas envie d’être punie

.... Mais pourquoi ? Il ne vient pas le samedi, il ne le saura pas

.... Céline, je t’ai dit non. Alors ne commence pas, sinon ça va être vite fait !

.... Et je pourrais dormir et rester le dimanche ?

.... Alors là, je ne sais pas.

Je la regarde ...... Il faut demander à Julien, mais je ne suis pas sûre qu’il accepte.

.... Mais c’est chez toi

... Non Céline, et tu le sais

.... Bah tu lui paies bien un loyer

.... Oui mais c’est aussi lui qui décide

.... Bah je ne comprends pas

Delphine plus rapide que moi .......... Il n’y a rien à comprendre c’est comme ça. Arrête avec tes questions débiles

.... Tu vois, je ne peux rien te dire, tu t’excites tout de suite.

.... Je m’excite parce que tu es bornée, quand on dit non, c’est non. Tu ne comprends pas quoi dans NON

Delphine se met presqu’à crier, je me retiens de rire.

..... Bon Céline je t’ai dit ce que j’avais à te dire, on te contacte pour te faire venir, dès qu’on rentre

..... Ah je pourrais venir dimanche alors

..... Dimanche ?

.... Bah oui tu dis que tu rentres dimanche

.... Céline je te téléphone pour te dire quand tu peux venir, après dimanche. On ne va pas te faire cours en arrivant, tu réfléchis un peu ?

..... Oui, oui, d’accord, j’attends alors

.... C’est ça. Allez bisous

.... Oui bisous.

Delphine raccroche avant que sa sœur rajoute quelque chose, elle pose le téléphone sur la table un peu brusquement et s’en prend à son frère

..... Ne me dit pas qu’elle n’est pas abrutie, tu as entendu comme moi

.... Oui enfin tu n’es pas très patiente non plus

.... Oh tu te fous de moi ou quoi ?

Thibault lui répond sèchement ........ Mais non, mais elle est paumée, elle sait que tu es en famille chez ton amie, que je suis là, alors qu’elle est seule. Essaie de comprendre

.... Ah et donc c’est pour ça qu’elle a cette attitude ? Bah non, c’est toujours comme ça, au début Camille me disait invite ta sœur. Je lui ai dit à Camille, on ne va pas s’en sortir, et Camille bien trop gentille l’invitait, mais ce n’était pas assez, il fallait la trimballer dans Paris, il fallait lui payer sa bouffe, il fallait la garder à dormir. Il faut céder à tous ces caprices. Non, stop !

..... Tu sais bien comment elle est.

.... Alors écoute Thibault si jamais elle me galère trop la vie, je fais les petites annonces de cette région, je la fous dans le train et je te l’envoie tu te démerderas avec elle.

.... Ne sois pas ridicule, je suis dans une piaule de caserne.

.... Et, bien moi je suis dans une piaule de coloc et je ne fais pas ce que je veux, parce que derrière nous il y a Julien qui ne plaisante pas !

Je ramasse la boite de jeu, et les laisse s’expliquer. Je referme la porte de la cuisine, et range le scrabble dans mon armoire Je rejoins maman à la télé

.... Tout va bien Mimi ?

.... Oui maman.

.... Le frère et la sœur ne sont pas d’accord ?

.... Non laisse tomber, ne t’en mêle pas.

Ma mère replonge dans la fin de son film. Je reste songeuse. Ne me suis-je pas avancée trop vite ? J’essaie de me rassurer il y aura Julien. En pensant à lui, mon cœur s’accélère.

Dimanche papa nous emmène à Amiens, au marché de Noël. Delphine est comme une gamine devant les petits chalets qui regorgent de jolis présents souvent faits maison. Mes parents nous offrent une crêpe. Delphine regarde un joli ange en verre.

.... Prends-le s’il te plait

.... Il est cher.

Je ne réponds pas, j’attends qu’elle aille au stand d’à côté, et l’achète, pendant que la dame me l’enveloppe, je fais l’appoint. Je fourre la poche papier dans mon sac, et ni vu ni connu je rejoins Delphine et ma mère

Maman ...... Je te cherchais Mimi, tu étais où ?

..... Bah là, juste derrière toi.

Nous rentrons à la nuit tombée. Delphine a les joues roses par le froid ou le plaisir, je ne sais pas trop, ses yeux brillent.

Je suis tellement contente de lui faire découvrir tous ces petits bonheurs.

Le soir dans le lit, elle me dit ........ Oh c’était joli le marché, j’ai adoré. Par contre tout est très cher.

Nous papotons un peu avant de nous endormir.

Avec Delphine, nous nous levons à presque dix heures. Je sais que mon amie n’a pas bien dormi, elle a beaucoup bougé cette nuit. Je ne dis rien.

Dans la cuisine, maman a laissé du pain frais, le beurre et le pot de gelée maison à la mûre. Je sers Delphine en café, lui donne la bouteille de lait, et pousse le sucrier vers elle.

Maman vient nous embrasser, elle dit à Delphine que son frère avant de partir, a recommandé de l’embrasser

Delphine sourit ....... Merci madame Constant.

Cet après-midi, nous laissons maman, et allons écouter de la musique dans ma chambre. Je confie à mon amie, mes doutes, mes craintes, mes espoirs. Tout ce qui s’est passé, les histoires de la grosse.

Delphine me réconforte en me tranquillisant.

Le soir nous nous couchons relativement de bonne heure. Fatiguée toutes les deux.

Ce réveillon du premier de l’an, est très calme, nous avons Nicolas et Virginie avec Manon. Maman a fait un repas amélioré. Minuit pile, nous nous souhaitons une bonne année. Maman me serre dans ses bras ......... Mimi soit aussi heureuse, que j’ai pu l’être toutes ses années auprès de ton papa.

J’embrasse mon amie en lui souhaitant tout plein de bonnes choses, et du bonheur

Emue elle répond.......... Le bonheur je l’ai rencontré le jour où je t’ai connue.

Nous nous étreignons en nous serrant fort. Manon endormie sur le canapé, maman décide de la garder pour la nuit. Il est à peine une heure Nico et Virginie partent se reposer

Dans le lit, Delphine me fait remarquer que Nicolas n’a pas du tout le caractère de Franck, même si physiquement ils sont copie conforme.

..... Nico a toujours été plus réservé, il tient de maman, avec Franck on a le caractère de papa. Quand ils sont ensemble, Nico sort de sa réserve

Le lendemain midi, la famille au complet est réunie, la fatigue des uns et des autres se fait ressentir, le repas est malgré tout animé.

En douce je demande à Franck pourquoi il n’a pas laissé Thibault venir pour le premier de l’an.
..... Il est en classe, c’est l’armée Mimi, il ne peut avoir de perm comme ça. Sa semaine de Noël sera déduite de ses congés d’été

.... Ah d’accord !

..... Et toi raconte !

.... Quoi ?

..... Julien

Je lève des yeux brillants vers mon frère ......... Je l’adore.

Franck entoure mes épaules en riant. ..... Sois heureuse petite sœur, je crois que tu as trouvé le bon

Je dépose un baiser sur sa joue qui pique légèrement. ....... Tu le trouves comment ?

.... Instruit évidemment, mais très intéressant, il est facilement entré dans notre cercle ! Il sera un beauf parfait !

Je suis émue de la réponse de Franck ...... Oui !

Entrer dans le cercle fermé des jumeaux est toujours un peu compliqué et difficile. Ils sont tellement soudés, malgré leur vie différence.

Jeudi et vendredi, avec Delphine nous retrouvons un peu de calme. Le matin je l’aide dans ses devoirs, lui explique un peu ses maths, corrige son exposé en anglais. Jeudi après-midi nous allons faire une petite balade d’une heure et rentrons frigorifiées. Vendredi, je l’emmène à Beauvais, mais le froid nous empêche de trainer dans les rues piétonnes, nous nous réfugions dans un bar pour nous mettre à l’abri de la neige qui tombe. A dix-sept heures dix nous reprenons le car qui nous remonte au bourg

Nous préparons nos sacs. Delphine le cœur un peu gros de quitter ce cocon familial et moi le cœur léger de retrouver l’homme que j’aime.
A la gare papa me remet une enveloppe ........ Ce sont tes étrennes Mimi.

..... Merci papa.

Je l’embrasse et embrasse maman. Delphine leur fait la bise les larmes aux yeux. Je ne comprends pas et en riant je lui promets qu’on va revenir, il ne faut pas qu’elle pleure.

Elle me sourit.

Dans le train, elle me confie que mes parents lui ont offert des étrennes en une enveloppe. J’ai chaud au cœur pour mon amie
...... Tu te rends compte bichette, jamais à part ma grand-mère on ne m’avait fait de cadeau. Ils m’ont offert une vraie fortune

..... Et bien c’est comme ça chez nous. Allez remets-toi ma louloute.

Nous discutons de ma famille, de cette chaleur qui s’en dégage. Elle m’apprend que papa a glissé quatre billets de 50€

….. Fais-toi plaisir avec ma louloute.
Elle me fait oui de la tête, les yeux humides.   

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