Retour à la routine
Le matin, nous travaillons les cours de Delphine avec plaisir et dilettante, l’après-midi nous allons marcher une petite heure, il fait froid nous ne nous attardons pas. Le soir nous écoutons de la musique dans ma chambre tout en papotant.
Allongées sur mon lit, écoutant de la musique, nous papotons de tout de rien, nous racontons des stupidités qui nous font rire, comme des gamines.
Mon téléphone chante, mon cœur s’emballe.
……. Bonsoir ma puce comment vas-tu ?
…… Bonsoir l’homme de ma vie, bien et toi ?
Je retiens Delphine par la manche quand je la vois se lever, et mets un doigt sur ma bouche. Elle s’allonge et met sa tête dans une main en me regardant.
….. J’ai appris que tu t’étais querellée avec le frangin !
….. C’est Franck qui a bavé ?
…… Exactement mademoiselle !
…… Je t’en ai parlé dimanche. Et il t’a dit quoi d’autre ?
….. Juste que tu avais remis le frère en place. Pourquoi aurait-il dû m’apprendre autre chose ?
…… Je ne sais pas. Non je ne pense pas, sauf que je suis allée voir Nico
….. Dis-moi.
….. J’ai emmené Delphine pour qu’il lui donne des cachets, parce qu’elle est en train de craquer
….. Et qu’est-ce qui la fait craquer ?
…… Bah son frère qui est à mon avis aussi nul que Céline, et le reste de la fratrie.
….. Ma puce, on ne peut pas sauver le monde entier.
….. Non je sais, mais voilà quoi.
….. Je te rappellerai ce soir ma chatte. Je suis au tribunal
….. D’accord, bisous.
Je raccroche mécontente de l’avoir eu si peu. J’ai l’impression de ne pas avoir trouver les mots pour le retenir davantage.
Petit à petit Delphine retrouve son enthousiasme. Je la surveille. Elle n’a plus les larmes au bord des yeux, elle rit et plaisante. L’appétit à l’air de revenir, et ses nuits sont moins mouvementées
Est-ce que les cachets de Nico font leur effet ? La prévention des uns et des autres auraient-ils enfin persuadé mon amie, qu’elle n’est en rien responsable de l’attitude de Céline ? Un peu des deux je pense.
Samedi avec mes parents nous allons au grand marché d’Amiens. Je prends deux jolies boites de macarons.
Dans l’après-midi papa nous emmène à la gare de Beauvais. Maman prend Delphine dans ses bras, comme si c’était sa fille, ça me fait chaud au cœur.
…… Rentrez bien les filles, à très bientôt et bonjour à Julien
Je souris …… Je n’y manquerai pas
Papa à son tour nous fait la bise. Le train entre à quai nous montons en faisant un dernier signe aux parents.
Une fois installée, je demande à Delphine si ça va
……. Oui bichette, merci
Nous arrivons sur Paris en début de soirée. En sautant sur le quai, mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Julien un grand sourire aux lèvres accélère le pas dans notre direction.
Il m’attrape par la taille est m’embrasse fougueusement……… Oh comme tu m’as manqué mon chat. Interdit dorénavant de partir si longtemps
J’éclate de rire en m’accrochant à son cou. Il se dégage gentiment et fait la bise à Delphine. Il empoigne nos sacs, et à grandes enjambées nous conduit à son véhicule garé en parking souterrain.
Il sort nos bagages du coffre et monte avec nous. Il porte mon sac dans ma chambre, je sors trois verres et une bouteille d’eau pétillante, Delphine nous rejoint et attend les mains dans le dos.
Tout en remplissant les verres, il lui permet de s’assoir.
....... Alors ces vacances ma puce ?
...... Froide mais bien. Repos total.
...... Tu as raison, il faut recharger les batteries. Et toi Delphine ?
..... J’ai fait les devoirs monsieur.
..... Va les chercher !
..... Oui monsieur.
Il attend que Delphine aille de l’autre côté …….. Dinons ensemble ce soir, je voudrais te parler
Je le regarde étonnée ………. Heu oui !
…….. Je viendrai te chercher vers vingt heures.
…… Oui d’accord.
Delphine lui tend ses feuillets de devoirs. ……… Merci !
Il m’entraine vers le palier ……….. A ce soir mon chat !
…… A ce soir l’homme de ma vie
Il rit en descendant les escaliers. Je referme la porte et appelle Delphine
…… Dans ma chambre
Je la rejoint, elle défait son sac …….. Ah oui, cool je vais défaire le mien, on va faire un tour après ?
….. Si tu veux. Où ?
….. Un tour sur le boulevard ?
Attablées devant un coca, nous devisons tranquillement. Je lui fais savoir que ce soir je ne dine pas avec elle et lui propose de se prendre un sandwich grec.
En remontant, je me prépare rapidement, du moins je tronque mon jeans et mon sweat contre ce nouveau tailleur pantalon veste longue.
Dix-neuf trente, Julien sonne à la porte.
Il tend les copies à Delphine ……….. Dans l’ensemble ça peut aller, tu me copieras trente fois les mots corrigés dans ton texte en anglais. A moins que tu préfères que je te les fasse mémoriser sur mes genoux !
Je vois mon amie rougir …….. Heu non monsieur merci.
…… Pas de cigarette, après ta punition, soirée télé accordée.
Elle sourit ……. Merci monsieur.
Il attrape ma main, nous descendons……… Chat tu veux aller manger où ? La brasserie ça te dit ?
…… Oui c’est bien.
Il commande un coca et un whisky et attends que le serveur nous amène nos verres.
…… Chat ce que j’ai à te dire c’est entre nous. Il est des conversations qui n’ont pas besoin de transpirer
….. Oui bien sûr.
….. D’après ton frère, la querelle avec Thibault a été violente, je vais m’arranger pour laisser Céline à Beauvais, ton frère Nicolas jette l’éponge
…… Oh ! Et pourquoi Beauvais ?
…… C’est une idée de Franck, pour ne pas qu’elle perturbe son frère à Amiens, quant à Nicolas, il m’a expliqué, tout juste si elle ne la pas traité de nul ne sachant pas expliquer
….. Ouais bah comme d’habitude, avec elle tout le monde est nul
Nous débattons tout le repas de Céline et Thibault.
Au bruit de la clé dans la serrure, Delphine ouvre la porte. Je souris.
…… J’allais me faire un café, je vous en fait un ?
Julien répond pour moi …….. Oui merci Delphine.
Je vais enlever mon manteau et mes chaussures. Julien est assis à la table de la cuisine, Delphine pose les tasses sur la table
……. Assieds-toi Delphine
….. Merci monsieur
….. As-tu fait tes mots ?
Elle éclate de rire ……. Monsieur vous n’êtes pas gentil !
……. Comment ça je ne suis pas gentil ?
Delphine sourit ……Si monsieur vous êtes gentil, merci
….. Je préfère
Je vais de l’un à l’autre sans comprendre, quand Delphine en riant me dit ……. Je n’avais pas de faute dans mon texte
J’éclate de rire ………. Oh !
Julien reste un peu avec nous, avant de nous quitter. Sur le palier, la porte tirée il m’embrasse longuement. Quand il me relâche je suis complètement à l’ouest. Je reprends haleine avec des frissons partout.
….. Je t’appelle demain ma puce
….. Parce que demain je ne te vois pas ?
….. Je ne pense pas
Je le regarde descendre en pensant qu’encore une fois je ne suis pas arrivée à le retenir. Qu’a-t-il à faire un dimanche pour ne pas venir me voir ? Suis-je en colère ? Contrariée et pleine de chagrin, j’ai du mal à retenir mes larmes. Je vais directement me coucher.
Les routines d’usage faites, avec Delphine nous optons pour manger à Montorgueil.
En sortant du bistrot nous décidons de rentrer sans trainer, il fait vraiment très froid, le vent pique.
Bien au chaud, lovées sous le plaid un café en main, nous cherchons un programme télé intéressant, quand mon téléphone au fond de mon sac chante.
Je me précipite pour décrocher.
…… Que fais-tu puce ?
….. Bah rien de spécial pourquoi ?
Nous papotons cinq minutes, il me souhaite bon courage pour demain.
L’amphi me parait calme, bien des bancs sont vides. Avant de monter les gradins, je pose discrètement une boite sur le bureau. Je monte les gradins pour rejoindre Christophe et Mélanie, Antoine me suit de près, Olivier et Barbara montent en nous souriant. Je les trouve mignons tous les deux.
Monsieur Delabard entre il pose sa sacoche sur le bureau, il lit le mot qui accompagne la boite. Du regard il fait un tour de l’amphi, il me fait un sourire.
..... Il y a de la désertion dans l’air.
Les étudiants rient ou sourient. Monsieur Delabard commence son cours par une révision rapide sur le trimestre. Il demande aux deuxièmes années de faire une plaidoirie et aux troisièmes années de rectifier les erreurs des uns et des autres. Il scinde les deux années en quatre groupes.
Les deuxièmes années, un groupe d’attaquants un groupe de défendants, les troisièmes années un groupe pour parer les erreurs des attaquants, un groupe pour les défendants.
Monsieur Delabard, leur remet un polycopié pour les mettre sur la voie d’un procès. Les répliques fusent dans les rires.
Au bout d’une heure, les groupes changent nous nous levons et à notre tour faisons rire les étudiants. Je suis dans le groupe des défendants et je m’en donne à cœur joie pour avancer mes opinions.
Les trois heures passent si rapidement, que lorsque monsieur Delabard, fait revenir le calme, et donne aux secondes années un devoir, je suis presque déçue.
Je ne mange pas avec les étudiants, je rentre directement. Magali doit reprendre ses cours avec moi.
A quatorze heures, elle arrive avec un grand sourire.
Nous nous mettons dans la cuisine, elle me tend son cahier de devoirs que je feuillète pour savoir ce qu’elle a étudié
...... Tu as vu tout ça avec Claude ?
...... Oui.
...... Et avec Claude tout va bien ?
Elle baisse la tête sans répondre, doucement je lui demande ce qu’il y a
..... J’ai reçu une fessée et au coin il m’a fait pleurer
..... Pourquoi ?
.... Il a dit que je ne travaillais pas, mais si je voulais faire mais je ne comprends pas
..... Qu’est-ce que tu n’as pas compris ?
..... Quand il donne à lire et qu’il faut compter
..... Tu ne comprends pas les problèmes ?
..... Oui
..... Je vais t’apprendre à lire un énoncé et à faire au fur et à mesure.
..... Oui, merci
Sur mon ordinateur je cherche un problème facile et l’imprime. Je vais chercher ma feuille et la tends à Magali.
.... Vas-y lis
D’une voix hésitante elle commence la lecture. C’est un peu laborieux mais elle y arrive. En moi je pense qu’avant de lui faire faire des maths il faudrait qu’elle lise davantage.
..... Alors dis-moi ce que tu as lu.
.... La maman a acheté plusieurs gâteaux
..... Oui et ces gâteaux ils sont en parts
..... Oui
.... Et on te demande combien il y a de parts, tu fais quoi comme opération ?
.... Je les additionne
..... Oui super, alors vas-y.
Je la vois compter sur ses doigts en posant l’addition. ....... Heu ça fait 21 parts.
..... Magali, relis la première partie
.......Maman achète trois paquets de six parts de cake, 6 parts de tarte au citron et 9 parts au chocolat
..... Oui donc tu fais quoi ?
Elle me regarde timidement ...... J’additionne.
..... Oui mais tu additionnes quoi ?
.... Les parts de gâteaux
.... Lesquelles ?
..... Les cakes, les tartes au citron et les tartes au chocolat
..... Additionne les tartes
..... Quinze
..... Oui, et maintenant les cakes, il y en a combien
..... Six
..... Non, relis
..... Maman achète trois paquets de six parts de cake
Je l’arrête ....... Tu as lu quoi ?
..... Trois paquets
..... Voilà, si tu as un paquet tu as six parts, mais trois paquets tu as combien de parts ?
..... Six parts plus six parts, plus six parts
..... Et tu fais quoi comme opération ?
..... Une addition
..... Une multiplication ma chérie. Tu fais 3 que X 6 et ça te fait combien ?
..... Dix huit
.... Super et maintenant tu additionnes tes tartes
..... Dix-huit plus quinze
.... Tout à fait
..... Trente-trois.
.... Exactement ! Tu vois il y avait un petit piège
Elle fait oui de la tête, contente d’avoir trouvé. Je lui en donne un autre du même style et lui demande de le lire à haute voix et de me dire comment elle calcule
Je la reprends et lui demande de relire quand elle se trompe.
Il faudra plus d’une heure et plusieurs exemples pour qu’elle comprenne parfaitement. Je lui en donne un, un peu plus compliqué, qui réunit addition, soustraction et multiplication. Elle le réussit sans trop de difficultés. Je la félicite et lui offre un verre de jus d’orange, pendant que je bois un café.
..... As-tu appris les divisions ?
.... C’est comment ?
.... C’est l’inverse de la multiplication. Si je te dis 7 fois 5, trente-cinq, mais si je te dis en trente-cinq combien de fois cinq, tu dois diviser.
....... Non Claude ne m’a pas appris.
..... Tu connais tes tables ?
..... Oui jusqu’à six
..... D’accord.
J’écris une division toute simple.
..... Regarde tu as 92 que divise 4. Tu cherches déjà dans le 9 combien tu as de fois 4
Je lui entoure le neuf et la laisse réfléchir. Je lui détaille toute la division point par point.
A la suite je lui explique la preuve par 9 en faisant en sens inverse la multiplication. Elle trouve d’elle-même la solution.
..... Tu vois, c’est le contraire, comme l’addition est le contraire de la soustraction.
.... Oui d’accord.
.... Tu veux en faire d’autres ?
..... Oui
Je lui en écris une dizaine allant de la table de deux à la table de six et lui donne la feuille
Pendant qu’elle se penche sur sa feuille, je cherche des idées pour le chapitre de mon mémoire. Je note pèle mêle les bouts d’articles sélectionnés.
Je trouve un autre blog, je le lis en diagonale et retiens quelques idées que je note.
Je sens le regard de Magali, je lui souris ........ Tu as fini ?
.... Oui.
Je contrôle ses divisions, elles sont toutes justes. .......... Super, tu as tout bon. C’est bien Magali je suis fière de toi
Elle rougit ....... Merci c’est gentil
..... Tu peux y aller, je pense que c’est bon pour aujourd’hui
Elle ramasse ses affaires rapidement et vient m’embrasser.
Je sors mon classeur, me fait un café et vais chercher mes fiches. Je planche sur mon devoir presque deux heures, sans en sortir grand-chose. La clé dans la serrure me fait lever la tête de mes écrits, étonnée de l’heure à laquelle Delphine rentre
…… Hello bichette.
Je souris ….. Hello louloute
Je ramasse mes affaires, et mets le couvert. Delphine me rejoint dans la cuisine.
…… Tu as été bosser ?
….. Non, je suis allée à la biblio et du coup j’ai fait mon exposé là-bas.
…. Ah ok, un exposé sur quoi ?
….. Sur l’Afrique septentrionale
….. Ah ? Et alors ?
Elle rit ……. Bah rien de bien intéressant, j’ai surtout parlé, du Maroc et de l’Egypte.
….. Et pas de l’Algérie de la Tunisie ni la Libye ?
….. Ah bah si quand même
….. Cool alors tu vas ramener un vingt à ton gentil prof
Elle éclate de rire …… Oh pousse pas mamie dans les orties.
Tout en préparant notre pitance, et en mangeant nous plaisantons agréablement.
Cette semaine se termine sur une note plaisante, le cours de ce jeune prof nous fait éclater de rire aux éclats.
En rentrant je me sers un grand verre de perrier frais, et m’installe au salon en attendant Delphine. La sonnette me surprend.
Une surprise quand j’ouvre la porte .......... Oh je suis contente de vous voir
Je fais la bise à Patrick qui sourit …... Dis-donc tu as perdu mon numéro de téléphone ?
..... Heu non, mais je vous sais occupé je vous aurais téléphoné, une fois mon ébauche faite
Il s’assoit, je lui propose un café, pendant que je le fais couler, il lit mes notes.
...... Que veux-tu démontrer par ces articles pris au hasard ?
Je pose la tasse sur la table et attends qu’il m’autorise à m’assoir, il boit son café en deux gorgées
.... Je voulais arriver à la conclusion, avec Julien nous avons fait la préface et le contenu.
..... Donne-le, moi à lire.
.... Il est dans ma chambre
...... Va le chercher
Je lui tends, debout je le regarde lire rapidement les quatre-vingt pages. Pas un bruit, à part le réfrigérateur et mon pouls qui cogne fort.
...... Assieds-toi
..... Merci.
..... Bien, et donc tu as quelle idée de conclusion ?
...... Expliquer ce qu’est la justice, la valeur morale
..... Prends ton bloc, et ferme ton ordinateur
Je baisse le couvercle et attends. Il me pose plusieurs questions, j’essaie de répondre du mieux que je peux. Il me reprend, explique son opinion et me laisse écrire
Delphine entre .......... Hello bichette. Oh bonjour monsieur
Patrick se lève et embrasse Delphine ........ Désaltère-toi et va dans ta chambre. Julien vient ce soir ?
..... Oui, il ne devrait pas tarder
..... Alors file te mettre en tenue
.... Oui monsieur
Elle disparait, nous reprenons la leçon. Julien nous interrompt en arrivant, il serre la main à Patrick et vient effleurer mes lèvres. Il va dans la salle à manger, et ferme la porte de communication. Pour la deuxième fois nous reprenons la leçon.
Jusqu’à dix-neuf heures trente, je ne lèverai pas le nez de ma feuille, écrivant quatre pages de questions et réponses
Patrick ........ Tu reprends tout ça, tu lis et tu scindes afin d’en faire un résumé au brouillon. Je passerai lire et nous conclurons
...... D’accord, merci Patrick
Il me fait un grand sourire et se lève, il ouvre la porte pour rejoindre Delphine et Julien. Je ramasse mes affaires et les porte dans ma chambre. Delphine prépare quatre verres d’eau pétillante. Je vais m’assoir avec eux, à côté de Julien
Les deux hommes parlent entre eux, Delphine me fait un sourire. D’un coup ils se lèvent
Nous nous levons aussi, Julien m’enlace je les raccompagne à la porte
...... Puce, je te téléphone tout à l’heure
...... Oui d’accord.
Il effleure mes lèvres Patrick me fait la bise. Je les regarde descendre.
Avec Delphine nous expédions le repas et le rangement. Ce soir à la télé il y un film qui nous intéresse et nous ne voulons pas le louper. J’envoie Delphine à la douche prépare mes affaires pour demain, à mon tour je file sous la douche. En riant nous nous retrouvons sur le canapé pratiquement en même temps. Le film commence.
La semaine se termine. Julien a beaucoup de travail, il prend malgré tout le temps de venir assister Delphine. Le soir il reste une petite demie heure avec moi. Nous allons dans la cuisine pendant que Delphine va dans sa chambre.
Nous parlons un peu de nous, quoiqu’il ne se dévoile pas beaucoup. Pudeur ou secret ? Je ne sais que penser.
Tantôt nous parlons des fiançailles, tantôt de mes études, ou tout autre sujet. Il boit son verre de perrier m’embrasse longuement et part. J’ai toujours gros cœur, sans vouloir laisser paraitre mon tourment
En arrivant dans la cuisine, je souris. Delphine a préparé mon petit déjeuné. Le café est tout chaud.
Je me douche et me lave les cheveux que j’enroule dans une serviette. Je vérifie mes épilations, et fais mon brushing.
Je change nos draps et refais les lits. Dehors un timide soleil, j’en profite pour mettre le tancarville sur le balcon et étale les draps dessus. Je mets deux chaises dos à dos pour faire sécher les housses de couettes. Après un grand coup de balai, je lave les sols et termine mon ménage par les poussières.
Je regarde dans le congélateur à la recherche d’une idée de repas pour le week-end.
Delphine rentre à treize heures, j’attends pour manger. L’après-midi nous décidons d’aller nous promener sur les quais, tout en gardant nos manteaux d’hiver, il fait presque bon et beau
Dimanche nous allons faire quelques achats de fruits et légumes à Montorgueil, nous déjeunons à notre petit bistrot et rentrons tranquillement.
Cette deuxième semaine de Fac, me parait moins intéressante. Les cours sont du vu et du revu, et j’ai l’impression de faire du sur place.
Christophe et les autres, papotent plus qu’ils n’écoutent le prof. Je ne prends même plus de notes. Je me secoue pour ne pas m’endormir.
Je fais le ménage, et prépare plusieurs repas, sachant que lundi c’est direction bureau et le soir nous n’avons pas vraiment le temps.
Samedi Delphine travaille jusque tard, elle est surbookée de devoirs. Je l’avance en traduisant un récit en anglais, et fais l’explication de texte, elle n’aura plus qu’à rajouter sa touche personnelle. Je vérifie ses maths, pendant qu’elle révise sa géo en vue d’un contrôle.
Enfin à vingt heures elle lève le pied en soufflant ......... Bon je finirai demain matin. Là j’en ai plein la casquette.
Je ris en allant à la cuisine mettre le couvert.
Je n’ai pas de nouvelles de Julien, et je suis déconcertée. Je ne sais que penser. Ce soir en buvant notre café, j’en parle à Delphine
..... Bichette, il est très certainement occupé. T’inquiète il pense à toi.
...... Je n’ai même pas un coup de téléphone.
..... Et pourquoi tu ne lui envoies pas un SMS ?
..... Bah je ne veux pas le déranger
..... Tu es bête ou quoi ? Peut-être justement qu’il fait silence pour voir ta réaction
..... Tu crois ?
...... Bah oui, ça se pourrait bien
Je vais chercher mon téléphone et indécise, je demande à Delphine ......... Je lui dis quoi ?
Elle éclate de rire ....... Bichette, dis-lui qu’il te manque tout simplement
Le cœur battant je tape sur touches ‘’ Une belle blonde t’aurait-elle kidnappé ? Tu me manques. Je t’aime’’
Sans relire, j’envoie avant de changer d’avis.
Je n’attends pas longtemps, mon téléphone chante. Je décroche les mains tremblantes. Delphine s’éclipse emportant nos tasses.
......... Je n’aime pas les blondes, je préfère ma puce aux cheveux doux et soyeux.
Je ris ...... Tu exagères, tu ne donnes pas de nouvelles !
Je l’entends rire dans le téléphone, j’imagine son air taquin ……… Pourquoi tu en donnes davantage ?
….. Bah non, mais je ne veux pas te dérange
….. Viens manger avec moi demain midi
….. D’accord.
….. Je t’embrasse ma chatte à demain.
Je rejoins Delphine dans sa chambre …….. Tu fais quoi ?
….. Rien, tu veux faire quoi ?
….. On regarde la télé ?
…… Je ne sais pas ce qu’il y a
Nous allons au salon et zappons sur les chaines. J’avertis mon amie que demain midi je ne suis pas là.
Je me prépare avec un soin particulier, pour mon chéri.
Julien m’emmène manger chez Viet, je me régale d’un poulet caramélisé accompagné de nouilles sautées aux petits légumes.
Après manger, il m’entraine dans une balade sur le boulevard, en cet fin mars il fait doux, je laisse mon manteau ouvert.
Je suis bien, même si nous ne parlons pas, je me sens en communion avec l’homme que j’aime.
Il me ramène à mon immeuble. ………. Chat je t’appelle.
…… Tu ne veux pas monter ?
….. Non puce, je vais au tribunal.
….. Un dimanche ?
…… Oui puce, un dimanche pour une comparution immédiate. Crois-tu que les voyous s’occupent des jours de semaine ?
Je ne répons pas, je suis dépitée. Nous nous embrassons presque rapidement. Je monte le cœur gros.
Ce lundi marque la fin d’année scolaire. Une fois les quatre semaines de stage terminé, deux semaines de Fac, les vacances et enfin la licence qui marquera le résultats de tous mes efforts.
Jean-Bernard me reçoit chaleureusement. Tout en prenant un café nous discutons des vacances, de cette reprise de deux semaines de Fac. Etrangement il me pose la même question que son frère m’a posé un peu avant les vacances. A savoir ce que je pense de ces longues semaines de stage, et tout comme à son frère je réponds, que l’an prochain ce sera tous les jours toute l’année sans coupure
Il sourit et me sert un autre café, nous continuons de parler une bonne partie de la matinée. J’aime beaucoup ces échanges avec mon maitre de stage.
Il me confie un dossier de défense d’un accusé jugé pour agression.
Je planche sur les rapports de police et note les points cruciaux. Les journées passent vite, ce dossier est intéressant et à tout décortiquer, je ne vois pas le temps passer. Souvent Jean-Bernard est obligé de me rappeler à l’ordre, ce qui nous fait rire.
Mon dossier terminé, je le pose sur son bureau. Nous prenons un café, à brûle pourpoint je lui demande s’il connait le film La ligne verte.
…… Avec Tom Hanks ?
…… Oui vous l’avez vu ?
Il sourit ……. Oui bien sûr.
…… Et vous en avez pensé quoi ?
Il me retourne la question, je lui donne ma pensée, soulignant que décidément être juge est un vrai cas de conscience, comment ne pas se fourvoyer et envoyer un innocent en prison.
Ce qui encore une fois remet en question ma motivation à être juge, et même avocate. Gentiment Jean-Bernard me fait remarquer qu’avec les progrès de la science, comme les recherches ADN, nous avons des atouts dans notre manche. Il n’oublie pas de me dire que ce film se passe dans les années cinquante, qu’à cette époque il suffisait de peu pour envoyer un homme de couleur à la chaise
Nous débattons une bonne partie de l’après-midi.
Je me presse de rentrer j’espère voir Julien, je l’ai entre aperçu mercredi, comme souvent, il n’est pas resté. Des fois ça me met en colère, des fois je suis malheureuse. J’ai l’impression que pour lui ce n’est pas important.
Alors oui, il me téléphone vers vingt-deux heures pour me souhaiter une bonne nuit, mais ça ne me suffit pas.