Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Camille
25 décembre 2002

Noêl

Lundi soir papa est rentré avec Thibault. Au fond de moi j’aurai préféré qu’il ne vienne pas au réveillon, de peur qu’il gâche celui de mon amie

Le matin, pendant que j’aide maman, Julien assiste Delphine dans ses devoirs, ils se mettent à la table de la salle à manger. Comme il a dit à maman

……. Je ne peux me permettre de m’enfermer dans une chambre avec mon élève.

Maman compréhensive a donné son accord. Je m’installe sur le canapé avec mon classeur.

Thibault me tient compagnie sans parler. Je sais qu’il observe sa sœur et Julien.

Les échanges sont légers, Julien détend Delphine en la faisant rire ou sourire, faisant preuve de patience et d’humour.
Ce matin, les maths ont l’air compliqués.

..... Delphine fait attention ! Je viens de te dire de te servir des priorités.

.... Oui monsieur

.... Recommence !

Du doigt il lui montre quelque chose sur la feuille........... Quel est ce signe ?

.... Multiplié

.... Et alors ?

.... Heu trois 

.... Oui ! Donc si tu as sept moins trois, ça te donne, quatre que tu multiplies par ton autre parenthèse.

.... Oui d’accord !

.... Pardon ?

.... Heu oui monsieur.

.... Dépêche-toi de me faire l’autre, nous n’allons pas y passer le réveillon.

Delphine se penche sur sa feuille. Julien d’un ton impatient lui intime l’ordre de lire

..... = 22-9x (6-4) +7x5

..... Je t’écoute

..... Heu 22 moins 9 ........ Heu 13, que multiplie 2 plus 35 ça fait ...... Heu ça fait 39 ?

.... Oui mais tu as plus simple, 22- 18 plus 35

.... Pourquoi 18, monsieur ?

.... Ton 18 ce n’est pas 9 fois 2 ?

..... Je n’ai pas compris comme ça.

..... 22 moins 9 que multiplie 2, ça donne combien ?

..... Heu 4 ?

.... Oui, et ensuite tu additionnes les 35 de 7x5, donc 35 et 4 ?

..... Trente-neuf

... Monsieur !

Delphine sourit ....... Monsieur.

.... Compris ?

.... Heu non désolée pas vraiment monsieur.

..... Quelles sont les priorités Delphine, dépêche-toi avant que je m’agace.

..... Les priorités sont les hors parenthèses

...... Quelles sont tes parenthèses ?

.... 6 moins 4

..... Donc ton 9 est bien régit par 2

.... Oui monsieur

.... Par quel signe ?

..... Multiplié

.... Ce qui donne ?

..... 18, monsieur

..... 22 moins 18 ?

..... 4, monsieur

..... 7x5 ?

.... 35

.... Et donc 4 plus 35

.... Ah oui, merci monsieur !

.... Tu dors ce matin ?

Delphine rit .... Mais non monsieur, mais avouez que c’est tordu comme problème

.... Tu en as à l’examen, donc je ne vais pas te lâcher. Allez range !

.... Merci monsieur

Il se lève nos regards se croisent, je souris ........ Rho ces maths qui ne servent à rien.

..... C’est comme ça, il faut les savoir. Que révises-tu ?

.... Non rien, je relisais la liberté d’expression

.... Et dis-moi !

Je ris ....... Heu je vais aller ranger.

Il m’attrape alors que je me lève, enlace mes épaules et me tient serré ....... 1789 les droits de l’Homme, tu ne connais pas encore ?

..... Mais si, mais j’aime bien les relire, comme ça je n’oublie pas !

Il tourne ma tête vers lui, en glissant son index sous mon menton, ce simple geste me fait toujours un drôle d’effet. Il m’examine avant de se pencher et d’effleurer mes lèvres .......... Allez va ma petite étudiante.

Je me dégage en riant et retrouve Delphine, qui range ses feuilles. Je lui chuchote. .......On en fera, t’inquiète

.... Oui mais je crois que j’ai compris.

.... Cool !

Maman aidée de Thibault met la table. Après le déjeuner Julien m’entraine faire une balade, avant de partir je demande à ma mère si elle n’a pas besoin de moi cet après-midi

..... Non Mimi, va te promener, Julien m’a déjà demandé

Je fais un bisou sur la joue de ma mère et rejoins Julien dans l’entrée, qui m’attend, les mains dans les poches de son pantalon.

Dehors il fait un froid terrible, je resserre mon manteau. Rien que d’aller à la voiture j’ai les joues gelées. Julien met de suite le chauffage et se tourne vers moi .......... Tu veux aller où ma puce ?

.... Aucune idée, il fait tellement froid.

.... Allons boire un café.

.... On peut aller dans le bourg, au bar-tabac

.... C’est tranquille ?

.... Ah oui pourquoi ?

.... Parce que j’ai simplement envie de m’isoler avec toi, pour parler tranquillement.

.... Si l’après-midi c’est tranquille.

En fin de compte, il m’emmène dans le luxueux salon de son hôtel qui est à la sortie du bourg. Nous nous installons dans un coin, sur des fauteuils en velours, Julien commande deux cafés.

Je brûle de lui demander pour Céline.

.... Un souci ma puce ?

Je le regarde et souris, qu’il me perce à jour avec une telle facilité .......... Non pas spécialement, juste que Delphine est peinée parce que son frère n’admet pas qu’elle n’aide pas sa sœur

..... Crois-tu que Delphine ait du temps à perdre ?

.... Non bien sûr, et je le sais, mais c’est dommage de la laisser couler

.... Ma puce, elle ne veut rien entendre, que veux-tu qu’on fasse ?

Le serveur vient déposer deux tasses accompagnées d’un petit carré de chocolat enveloppé

..... Tu es en stage la plupart de ton année, tu as aussi des devoirs me semble-t-il !

.... Oui enfin ce ne sont pas vraiment des devoirs, ce sont des textes de lois applicables, ça va vite.

.... Veux-tu perdre ton temps ?

Je le regarde avec un léger sourire, et d’une petite voix ........ Je peux tenter ?

.... A toi de voir, je préviendrai Patrick.

..... Oh merci.

.... Merci qui ?

Je ris .... Heu Julien ?

Il me taquine .... Mieux que ça !

Je m’empourpre ...... Heu Julien chéri ?

Il éclate de rire ...... Que de progrès !

Je bois mon café doucement, le temps que mes joues reprennent leur couleur. Il me dévisage en souriant

..... Pourquoi rougis-tu ? Sois fière de tes sentiments.

.... Heu oui bien sûr, mais la situation est difficile.

.... Pourquoi difficile ? Nous éprouvons les mêmes sentiments. Il ne faut pas en avoir honte

.... Non je n’ai pas honte, je sais les sentiments que j’aie, mais je ne peux pas balayer d’un coup le monsieur et tout ce que ça comporte et me retrouver avec un homme que j’aime

..... Il faut effacer le mauvais passé ma puce. Je sais que j’ai été sévère et intransigeant, fut une période, où je crevais de jalousie, et je regrette de te l’avoir fait payer. Dans l’absolu nous ne pouvons pas grand-chose. Je te ferai oublier

.... Oui, enfin je ne pensais même pas à ça, mais à l’ensemble de notre relation.

.... Ma puce, c’est ainsi, faisons avec, et démarrons une belle histoire

..... Oui d’accord.

.... Pour en revenir à la frangine, deux mois pas plus ....... S’il n’y a pas de résultats, laisse tomber. Ne va pas perdre ta patience sur ses devoirs

.... D’accord, mais pas tous les samedis, parce que je ne vais pas supporter et Delphine non plus.

.... Un samedi sur deux, sera suffisant ! Et tu ne fais pas ses devoirs, tu lui fais rattraper ses mauvaises notes, anglais et maths tu es capable. Je m’arrangerai pour passer t’assister

.... Ah merci c’est super cool

Il rit et m’enlace, nous échangeons un long baiser. Je reprends mon souffle, le cœur explosant dans ma poitrine.

.... Comment es-tu habillée ce soir ?

.... J’ai mon pantalon noir.

.... Tu ne mets jamais de robe ?

.... Heu si en été.

.... Je vais te déposer pour te préparer, et aller en faire autant.

... Oui d’accord.

J’avance mes lèvres et lui dépose un petit bisou sur les siennes, il m’enlace et force mes lèvres, en me serrant contre lui

...... Tu me rends fou !

... Ah, je vais en parler à Nico, je crois qu’il soigne la folie

Nous rions ....... Chipie, tu n’es qu’une chipie

Nous repartons

Je monte quatre à quatre les escaliers et sonne. Thibault m’ouvre. Je le remercie et demande où est sa sœur.

...... Avec ta mère dans la cuisine.

J’enlève mon manteau et vais les voir.

.... Où es Julien ?

.... Je l’ai renvoyé à Paris

Ma mère se retourne d’un coup ...... Tu as fait quoi ?

J’éclate de rire ......... Il est parti à l’hôtel se préparer

..... Oh tu m’as fait peur. Vous allez si bien ensemble. Ne gâche pas cette chance ma puce

...... Mais non maman, je tiens trop à lui

..... Et lui aussi !

.... Bon je fais quoi ?

.... Non rien, allez, vous préparer les filles.

Je vais rapidement prendre une douche et laisse la place à Delphine. Je m’habille dans la chambre, Delphine me rejoint

..... Heu je ne sais pas quoi mettre, je n’ai qu’un jeans.

.... T’inquiète, ce n’est pas grave.

.... Oh bah quand même.

Je cherche dans mon armoire ce qui pourrait aller, mais je n’ai que des tenues d’été. ....... Allez mets ton jeans on s’en moque

Nous nous habillons et nous préparons dans la chambre pour laisser la salle de bains libre. Je sais que mon père ne va pas tarder, et il voudra prendre une douche.

Assise sur mon lit Delphine se maquille.

.... Bon ma chérie, j’ai plaidé en ta faveur auprès de Julien

La goupille en l’air, un œil maquillé et pas l’autre elle me regarde avec sa bouille de clown. Je ris.

..... Oh bécassine, remets-toi

.... Tu lui as dit quoi ?

..... Trop long à t’expliquer, mais il consent à ce qu’un samedi sur deux j’aide ta sœur dans ses devoirs, par contre tu as interdiction de l’aider, tu dois te consacrer à tes devoirs

.... De toute façon honnêtement je n’ai pas envie. Thibault m’a pourri en disant que ce n’était pas sympa, je m’en sortais avec la chance de t’avoir et d’avoir Julien, que je n’étais pas cool de la laisser dans la merde.

.... Bah pourquoi il ne la prend pas en charge ?

.... C’est ce que je lui ai dit, mais il répond, comment veux-tu que je la prenne à la caserne, et en plus je n’ai pas votre niveau

..... J’ai deux mois pour la remettre à niveau, je n’ai rien dit, mais ça ne sera pas possible

.... Surtout si elle fait sa tête de mule

.... Bah c’est ça, et moi ça va me pomper mon énergie.

.... Je serai là pour la remettre en place, et puis ne te gêne pas non plus

.... De toute façon, Julien passera quand elle sera là.

Nous continuons de discuter tout en finissant de nous préparer. Nous rejoignons la salle à manger. Une jolie table est mise, les rallonges ont été tirées. Un magnifique bouquet de fleurs trône au milieu de la table. Maman a sorti ses serviettes en tissu assorties à la nappe.

Je vais à la cuisine, vide, j’appelle ma mère qui sort de la salle de bains

..... Oh maman tu es jolie

.... Merci Mimi.

.... On fait quoi ?

.... Rien, nous attendons tes frères et Julien

.... Et papa ?

.... Il finit de se doucher

D’un coup l’appartement prend des allures de foire. Tout le monde entre en même temps, Franck avec sa voix qui porte domine les autres.
Les embrassades n’en finissent pas. Maman nous prie de nous assoir. La grande table est magnifiquement dressée

Le repas se déroule dans les rires. Lise pleine d’humour taquine les frangins, disant qu’il n’y en a pas un pour relever l’autre. Je l’appui avec beaucoup de joie.

Delphine sourit de temps en temps, mais je vois bien que son frère lui parle à voix basse, ce qui n’a pas l’air de plaire à mon amie.

Julien ne laisse pas sa part au chat, question humour. Mon père enlève chaque fois ses lunettes pour essuyer ses yeux qui pleurent de rire. Maman jubile d’avoir tout son petit monde.

J’oblige Lise et maman à rester assise, avec Virginie et Delphine nous débarrassons, Thibault nous donne un coup de main.

Papa vient chercher deux bouteilles de champagne, dans le réfrigérateur, nous amenons le café et les douceurs que maman a préparées.

Le réveillon se termine au petit matin.

Le lendemain seul Nico revient, Franck est dans la belle famille. J’apprends que maintenant soit ils seront au réveillon soit le lendemain, devant se partager entre les deux familles. Je suis un peu peinée, sachant que sans Franck, l’ambiance ne sera pas la même, Nico étant beaucoup plus réservé et Virginie peu bavarde.

Julien repart samedi après manger. Je descends sur le parking avec lui. J’ai envie de pleurer de le quitter

Il me serre fort dans ses bras et soulève mon menton, nos yeux se croisent.

..... Ma puce, je ne peux m’absenter davantage, comprends-le.

Je fais oui de la tête. Nous nous embrassons passionnément.

Je laisse échapper mes larmes quand il monte dans la voiture. J’attends de ne plus voir l’arrière pour remonter. Je rejoins Delphine dans la chambre.

Elle saute du lit et vient me prendre dans ses bras. ...... Bichette, tu vas le revoir samedi, ne pleure pas.

Au travers de mes larmes je souris, mais j’en ai gros la patate.

..... Tu veux qu’on aille se promener ?

.... Ça caille dehors

.... Tu veux faire quoi ?

J’hausse les épaules ........ Je ne sais pas, tu veux un jeu ?

.... Tu as quoi ?

..... Le scrabble, le Monopoly, la bonne paie.

..... Oui un scrabble, mais tu me rappelleras les règles.

Je souris et fais oui de la tête. Dans l’armoire je prends le jeu et entraine Delphine, nous allons chercher Thibault qui est allongé sur son lit

..... Thibault ça va ?

Il me sourit ...... Oui merci

..... Tu viens faire un scrabble ?

..... Je ne suis pas très fort.

.... Aucune importance, allez viens

Il se lève, je vais prévenir maman qu’on se met dans la cuisine.

.... Oui Mimi, fait

Je ferme la porte, nous installons le jeu, et commençons la partie. Des crises de fous rires nous prennent souvent, Thibault n’est pas ingénieux. Je l’aide en mettant ses lettres sur sa réglette, presque dans l’ordre

Après trois parties, nous décidons de boire un café. J’en profite pour parler à Thibault

..... Thibault tu as eu Céline ?

.... Non je ne l’ai pas appelé.

.... Alors si tu l’appelles, tu lui diras que je suis prête à l’aider pour rattraper son retard.

Il me sourit ........ Je te remercie

.... Delphine n’a vraiment pas le temps, je peux te l’assurer, elle bosse tard le soir, et tous les week-ends quand elle rentre du boulot. Alors ce que raconte Céline, ne t’arrête pas dessus, c’est moi qui vis avec Delphine !

..... Oui je comprends

.... Autre chose, tu lui diras bien que ce n’est qu’un samedi sur deux, pas tous les samedis et pas le dimanche, j’ai aussi des devoirs à faire et j’ai une vie privée.

.... Oui bien sûr.
.... Tu lui préciseras que nous reverrons toutes les matières depuis septembre, qu’elle doit savoir faire ce qu’elle a loupé. Maintenant si elle ne veut pas, inutile qu’elle vienne pour se pavaner et venir râler qu’on ne sort pas, on n’a pas de tunes à dépenser. Ou pour aller raconter de la merde à Julien ou Patrick

..... Oui bien sûr.

... Je tiens à te prévenir, que si elle me tient tête, que si je raconte de la merde ou qu’elle est pénible, je laisse tomber tout de suite et elle se démerde.

..... Oui d’accord.

.... Et si je vois qu’aux vacances de février, elle n’a pas augmenté ses notes, ou qu’elle sèche les cours, tout pareil je laisse tomber. Je ne vais pas me fatiguer pour rien.

..... D’accord, j’ai bien compris, mais je pensais que vous ne pouviez pas l’aider

..... J’ai négocié avec Julien, j’ai réussi à obtenir de l’aider à la seule condition qu’elle se bouge le cul

.... Tu veux que je l’appelle maintenant ?

.... Bah si tu veux.

Elle décroche au bout de la troisième sonnerie ........ Oh Thib, salut.

..... Salut Cécé, comment vas-tu ?

..... J’ai passé Noël toute seule

.... Comment ça toute seule ?

.... Bah oui vous êtes ensemble et je suis seule.

Je commence déjà à sentir l’agacement me gagner de l’entendre geindre. Je loupe une partie de la conversation, je regarde Delphine qui lève les yeux au ciel. J’ai envie de rire

...... Tu n’étais pas toute seule alors.

...... Ce n’est pas pareil, j’aurais préféré être avec vous.

.... Ecoute, je ne t’appelle pas pour ça, je vais te passer Camille, elle va te parler

Il me tend le téléphone ........ Céline ?

..... Bonjour Camille

..... Ecoute, et écoute-moi bien. Claude ne te reprendra pas, Patrick suit déjà ta sœur, il n’a pas le temps, et Julien bah tu ne veux pas.

.... Je n’ai pas dit que je ne veux pas.

..... Si tu l’as dit, le soir où ils sont tous venus !

..... Mais il est méchant, il dit des choses vraiment vexantes.

.... Céline, quand tu auras un patron qui te traitera d’imbécile, tu vas aller pleurer à Thibault ?

.... Mais non, mais ce n’est pas pareil

.... C’est exactement pareil. Bon laisse tomber, je ne t’appelle pas pour ça. J’ai négocié avec eux, et ils sont d’accord que je te donne des cours un samedi sur deux.

..... Des cours ? Des cours de quoi ?

.... Je dois te faire reprendre tes contrôles depuis septembre

..... Mais ça ne sert à rien. C’est pour m’aider à mes devoirs que j’ai besoin

.... Et si on fait tes devoirs, le jour du contrôle tu fais comment ?

.... Comment ça je fais comment ?

...... En faisant tes devoirs, tu vas comprendre la leçon, tu crois ça ?

.... Mais je ne vais pas reprendre trois mois de cours

..... Céline, c’est ça ou tu continues à te démerder, c’est simple.

Delphine me prend le téléphone des mains ........ Bon écoute-moi tête de pioche, soit tu fais ce qu’on te dit, soit tu restes chez ta grand-mère et tu ne viens pas nous reprocher quoique ce soit après, et tu ne vas pas pleurer sur l’épaule de Thibault

.... Pourquoi tu cries, je ne suis pas sourde

..... Je ne crie pas, je t’explique. Ou tu fais ce que Camille te dira, et tu te bouges le cul, ou rien que dalle, personne ne t’aidera

..... Bon d’accord. Vous rentrez quand ?

..... On rentre dimanche, et tu attends que Camille te dise de venir.

..... Oui d’accord. Mais pourquoi un samedi sur deux ?

.... Parce que Camille a aussi des devoirs, donc elle ne pourra pas t’assister tous les samedis

.... Bah et toi, tu peux l’autre alors

...... Hors de question, Patrick m’a interdit de t’aider, et je n’ai pas envie d’être punie

.... Mais pourquoi ? Il ne vient pas le samedi, il ne le saura pas

.... Céline, je t’ai dit non. Alors ne commence pas, sinon ça va être vite fait !

.... Et je pourrais dormir et rester le dimanche ?

.... Alors là, je ne sais pas.

Je la regarde ...... Il faut demander à Julien, mais je ne suis pas sûre qu’il accepte.

.... Mais c’est chez toi

... Non Céline, et tu le sais

.... Bah tu lui paies bien un loyer

.... Oui mais c’est aussi lui qui décide

.... Bah je ne comprends pas

Delphine plus rapide que moi .......... Il n’y a rien à comprendre c’est comme ça. Arrête avec tes questions débiles

.... Tu vois, je ne peux rien te dire, tu t’excites tout de suite.

.... Je m’excite parce que tu es bornée, quand on dit non, c’est non. Tu ne comprends pas quoi dans NON

Delphine se met presqu’à crier, je me retiens de rire.

..... Bon Céline je t’ai dit ce que j’avais à te dire, on te contacte pour te faire venir, dès qu’on rentre

..... Ah je pourrais venir dimanche alors

..... Dimanche ?

.... Bah oui tu dis que tu rentres dimanche

.... Céline je te téléphone pour te dire quand tu peux venir, après dimanche. On ne va pas te faire cours en arrivant, tu réfléchis un peu ?

..... Oui, oui, d’accord, j’attends alors

.... C’est ça. Allez bisous

.... Oui bisous.

Delphine raccroche avant que sa sœur rajoute quelque chose, elle pose le téléphone sur la table un peu brusquement et s’en prend à son frère

..... Ne me dit pas qu’elle n’est pas abrutie, tu as entendu comme moi

.... Oui enfin tu n’es pas très patiente non plus

.... Oh tu te fous de moi ou quoi ?

Thibault lui répond sèchement ........ Mais non, mais elle est paumée, elle sait que tu es en famille chez ton amie, que je suis là, alors qu’elle est seule. Essaie de comprendre

.... Ah et donc c’est pour ça qu’elle a cette attitude ? Bah non, c’est toujours comme ça, au début Camille me disait invite ta sœur. Je lui ai dit à Camille, on ne va pas s’en sortir, et Camille bien trop gentille l’invitait, mais ce n’était pas assez, il fallait la trimballer dans Paris, il fallait lui payer sa bouffe, il fallait la garder à dormir. Il faut céder à tous ces caprices. Non, stop !

..... Tu sais bien comment elle est.

.... Alors écoute Thibault si jamais elle me galère trop la vie, je fais les petites annonces de cette région, je la fous dans le train et je te l’envoie tu te démerderas avec elle.

.... Ne sois pas ridicule, je suis dans une piaule de caserne.

.... Et, bien moi je suis dans une piaule de coloc et je ne fais pas ce que je veux, parce que derrière nous il y a Julien qui ne plaisante pas !

Je ramasse la boite de jeu, et les laisse s’expliquer. Je referme la porte de la cuisine, et range le scrabble dans mon armoire Je rejoins maman à la télé

.... Tout va bien Mimi ?

.... Oui maman.

.... Le frère et la sœur ne sont pas d’accord ?

.... Non laisse tomber, ne t’en mêle pas.

Ma mère replonge dans la fin de son film. Je reste songeuse. Ne me suis-je pas avancée trop vite ? J’essaie de me rassurer il y aura Julien. En pensant à lui, mon cœur s’accélère.

Dimanche papa nous emmène à Amiens, au marché de Noël. Delphine est comme une gamine devant les petits chalets qui regorgent de jolis présents souvent faits maison. Mes parents nous offrent une crêpe. Delphine regarde un joli ange en verre.

.... Prends-le s’il te plait

.... Il est cher.

Je ne réponds pas, j’attends qu’elle aille au stand d’à côté, et l’achète, pendant que la dame me l’enveloppe, je fais l’appoint. Je fourre la poche papier dans mon sac, et ni vu ni connu je rejoins Delphine et ma mère

Maman ...... Je te cherchais Mimi, tu étais où ?

..... Bah là, juste derrière toi.

Nous rentrons à la nuit tombée. Delphine a les joues roses par le froid ou le plaisir, je ne sais pas trop, ses yeux brillent.

Je suis tellement contente de lui faire découvrir tous ces petits bonheurs.

Le soir dans le lit, elle me dit ........ Oh c’était joli le marché, j’ai adoré. Par contre tout est très cher.

Nous papotons un peu avant de nous endormir.

Avec Delphine, nous nous levons à presque dix heures. Je sais que mon amie n’a pas bien dormi, elle a beaucoup bougé cette nuit. Je ne dis rien.

Dans la cuisine, maman a laissé du pain frais, le beurre et le pot de gelée maison à la mûre. Je sers Delphine en café, lui donne la bouteille de lait, et pousse le sucrier vers elle.

Maman vient nous embrasser, elle dit à Delphine que son frère avant de partir, a recommandé de l’embrasser

Delphine sourit ....... Merci madame Constant.

Cet après-midi, nous laissons maman, et allons écouter de la musique dans ma chambre. Je confie à mon amie, mes doutes, mes craintes, mes espoirs. Tout ce qui s’est passé, les histoires de la grosse.

Delphine me réconforte en me tranquillisant.

Le soir nous nous couchons relativement de bonne heure. Fatiguée toutes les deux.

Ce réveillon du premier de l’an, est très calme, nous avons Nicolas et Virginie avec Manon. Maman a fait un repas amélioré. Minuit pile, nous nous souhaitons une bonne année. Maman me serre dans ses bras ......... Mimi soit aussi heureuse, que j’ai pu l’être toutes ses années auprès de ton papa.

J’embrasse mon amie en lui souhaitant tout plein de bonnes choses, et du bonheur

Emue elle répond.......... Le bonheur je l’ai rencontré le jour où je t’ai connue.

Nous nous étreignons en nous serrant fort. Manon endormie sur le canapé, maman décide de la garder pour la nuit. Il est à peine une heure Nico et Virginie partent se reposer

Dans le lit, Delphine me fait remarquer que Nicolas n’a pas du tout le caractère de Franck, même si physiquement ils sont copie conforme.

..... Nico a toujours été plus réservé, il tient de maman, avec Franck on a le caractère de papa. Quand ils sont ensemble, Nico sort de sa réserve

Le lendemain midi, la famille au complet est réunie, la fatigue des uns et des autres se fait ressentir, le repas est malgré tout animé.

En douce je demande à Franck pourquoi il n’a pas laissé Thibault venir pour le premier de l’an.
..... Il est en classe, c’est l’armée Mimi, il ne peut avoir de perm comme ça. Sa semaine de Noël sera déduite de ses congés d’été

.... Ah d’accord !

..... Et toi raconte !

.... Quoi ?

..... Julien

Je lève des yeux brillants vers mon frère ......... Je l’adore.

Franck entoure mes épaules en riant. ..... Sois heureuse petite sœur, je crois que tu as trouvé le bon

Je dépose un baiser sur sa joue qui pique légèrement. ....... Tu le trouves comment ?

.... Instruit évidemment, mais très intéressant, il est facilement entré dans notre cercle ! Il sera un beauf parfait !

Je suis émue de la réponse de Franck ...... Oui !

Entrer dans le cercle fermé des jumeaux est toujours un peu compliqué et difficile. Ils sont tellement soudés, malgré leur vie différence.

Jeudi et vendredi, avec Delphine nous retrouvons un peu de calme. Le matin je l’aide dans ses devoirs, lui explique un peu ses maths, corrige son exposé en anglais. Jeudi après-midi nous allons faire une petite balade d’une heure et rentrons frigorifiées. Vendredi, je l’emmène à Beauvais, mais le froid nous empêche de trainer dans les rues piétonnes, nous nous réfugions dans un bar pour nous mettre à l’abri de la neige qui tombe. A dix-sept heures dix nous reprenons le car qui nous remonte au bourg

Nous préparons nos sacs. Delphine le cœur un peu gros de quitter ce cocon familial et moi le cœur léger de retrouver l’homme que j’aime.
A la gare papa me remet une enveloppe ........ Ce sont tes étrennes Mimi.

..... Merci papa.

Je l’embrasse et embrasse maman. Delphine leur fait la bise les larmes aux yeux. Je ne comprends pas et en riant je lui promets qu’on va revenir, il ne faut pas qu’elle pleure.

Elle me sourit.

Dans le train, elle me confie que mes parents lui ont offert des étrennes en une enveloppe. J’ai chaud au cœur pour mon amie
...... Tu te rends compte bichette, jamais à part ma grand-mère on ne m’avait fait de cadeau. Ils m’ont offert une vraie fortune

..... Et bien c’est comme ça chez nous. Allez remets-toi ma louloute.

Nous discutons de ma famille, de cette chaleur qui s’en dégage. Elle m’apprend que papa a glissé quatre billets de 50€

….. Fais-toi plaisir avec ma louloute.
Elle me fait oui de la tête, les yeux humides.   

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité