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Camille
1 février 2003

Longue absence

En me levant, je sens une bouffée de tendresse pour Delphine. La table du petit déjeuner est prête, ma tartine est beurrée, même le sucre est mis dans mon mug.

Delphine est partie à son nouveau travail. Julien a obtenu des horaires satisfaisants. Dix heures de travail hebdomadaire pour pratiquement le double de salaire par rapport à Nathalie

J’occupe ma matinée au ménage. A treize heures je l’attends pour manger, sachant qu’elle a une bonne demie heure de trajet. Elle m’a dit se plaire, elle a en charge les CP et les CE1, une dizaine de bambins qu’elle doit aider dans leurs devoirs et surveiller la récréation. Elle est avec une collègue qui a les CE2 et les CM

C’est une institutrice en retraite depuis peu. Delphine lui demande des conseils, et en personne avisée cette dame qui a du vécu dans l’éducation nationale, lui donne de précieuses recommandations. Surtout ne pas s’attacher à un enfant au détriment d’un autre. Surveiller l’attitude d’un enfant renfermé et toujours seul. Elle lui a conté avoir eu en classe de CM1 une petite fille toujours triste, avec de grands yeux au bord des larmes. Chaque fois que cette institutrice s’approchait de l’enfant, elle avait un mouvement de recul. Il s’est avéré qu’elle était le souffre-douleur chez elle, et qu’elle était battue. L’institutrice a fait un signalement au directeur, qui a fait suivre aux services sociaux.

J’avais ouvert de grands yeux, pleine d’effroi par cette triste histoire.

Avec mon amie, que je chéris comme une sœur, je parle beaucoup. De tout sauf de Céline, je ne suis pas revenue sur le sujet et fais tout pour l’éviter

Sachant que Julien ne rentre pas ce week-end tout en dégustant notre rôti cuit au four, je demande semblant de rien

..... Dis, tu peux joindre ta sœur ?

Delphine lève les yeux ........ Heu laquelle ?

Je souris ....... Cathy.

..... Pourquoi ?

..... J’aimerais faire sa connaissance. Tu ne veux pas ?

..... Je ne sais pas. Après Céline tu sais je me méfie

.... Tu ne peux pas punir Cathy pour Céline ma louloute. Ce n’est pas juste.

Tout en débarrassant, j’essaie de lui faire comprendre que Cathy n’est en rien dans l’attitude de leur sœur.

..... Je ne sais même pas si elle peut sortir. Je n’ai plus de nouvelles de personne

.... Elle a un tél, laisse-lui un sms

.... Oui je le ferai

Je sers le café, je ne la sens pas très motivée. Pour détourner la conversation je lui demande ce qu’elle a comme travail

.... Rien, je suis à jour.

.... Ah cool. Tu veux faire quoi ?

..... Aucune idée. Ça caille dehors.

Je souris ....... Oui c’est sûr, on se mate un film ?

..... Oui si tu veux.

Delphine va fumer sa cigarette. Je remplis à nouveau les tasses de café chaud et les emmènes dans le salon. Au travers de la vitre, en riant je fais coucou à mon amie. Elle sourit et rentre

.... Houlà là il fait vraiment froid, vivement le printemps.

.... Tu m’étonnes. Tiens réchauffe-toi droguée

Elle rit et prend la tasse des deux mains.
.... Tu devrais mettre ton manteau quand tu sors.

.... Pour cinq minutes.

.... Oui mais quand même. Ne va pas tomber malade pour une clope

Je zappe les chaines, sans m’arrêter sur rien. ...... Tu veux regarder quoi ?

Delphine fait une moue qui me fait sourire ........ C’est que des rediff

.... Appelle Cathy ma louloute

Elle éclate de rire ....... Rho mais tu es aussi têtue que ton mec, pas étonnant que vous vous entendiez si bien

Je la pousse et lui saute dessus, faisant semblant de l’étrangler ......... Je vais te fracasser !

Elle me repousse, tout en me retenant, je roule par terre, elle me saute dessus. Je crie en riant, nous chahutons quelques minutes, quand j’entends mon téléphone sonner.

J’essaie de reprendre mon souffle en répondant

..... Salut l’emmerdeuse. Je n’arrive pas à joindre ton chéri-bibi, il ne serait pas avec toi par hasard ?

..... Ah non, laisse-lui un message, il te rappellera

..... Bien chef.

..... Tu veux lui dire quoi ?

.... Quelque chose qui ne te concerne pas !

.... Alors vas te faire cuire un œuf !

Il éclate de rire ......... On te voit bientôt ?

..... Bah oui, aux vacances

.... Ok, bise sœurette.

.... Bisous Franky

Je repose mon téléphone ....... C’est mon frère qui cherche à joindre Julien

..... Ah d’accord, bon j’ai envoyé un SMS à Cathy, j’attends

..... Oui de toute façon vu l’heure dis-lui de venir demain.

.... Oui 

Nous finissons par plonger dans cette émission de nouveaux talents. Sans vraiment écouter les virtuoses, je cherche à savoir ce que voulait Franky.

L’après-midi passe sans réponse au message de Delphine. Je la sens nerveuse

.... Tu veux qu’on descende manger ma louloute ?

.... Je n’ai pas de tune bichette.

.... Ouais bah tu m’inviteras quand tu en auras, viens on va se changer les idées.

Elle fait une moue ...... Pas trop envie

.... Demain midi ?

..... Oui si tu veux

..... Ok, bon bah on mange quoi ?

..... Il reste de la soupe, on peut faire des pâtes.

.... Ok ça marche.

Nous préparons notre festin, et mettons la table. Delphine me sert une louche de soupe, je mets une petite cuillère de crème et commence à manger. Le téléphone de Delphine bipe

Je vois de suite son visage se crisper à la lecture de son écran. Elle tape une réponse et repose le téléphone.

.... Alors ?

.... Elle me dit de l’appeler vers neuf heures

.... Ok ! Allez, mange.

J’envoie Delphine fumer, et débarrasse. Comme ce midi, j’amène nos cafés sur la petite table de salon. Dans ma chambre, je vais chercher mon bloc note et un stylo, pour le cas où il faudrait noter quelque chose

A neuf heures pile, Delphine envoie un message à sa sœur, savoir si elle peut l’appeler. Aucune réponse. Nous attendons un peu

..... Louloute, je vais prendre ma douche tu me diras ?

..... Oui, oui.

Je me déshabille en quatrième vitesse, me savonne et me rince en même pas trois minutes, j’enfile mon pyjama. Je retourne au salon.

..... Alors ?

.... Rien !

.... Ton père doit certainement être là, ne t’inquiète pas, elle va te répondre une fois couchée

Delphine fait oui de la tête, quand son téléphone bipe enfin.

Je la vois fébrilement appuyer sur la touche pour avoir la communication

..... Cathy ?

..... Oui Delph, comment vas-tu ? Que deviens-tu ?

Delphine met le haut-parleur. ....... Ne t’inquiète pas ma Cathy je vais bien, dis-moi plutôt pour toi, pour vous.

La sœur, chuchote, nous n’entendons pas clairement.

..... Que veux-tu que je te raconte que tu ne connaisses pas ? C’est toujours pareil

..... Tu travailles ?

..... Oui en intérim

.... Où ?

.... A l’usine de carton, tu sais à Aulnay.

.... Une longue mission ?

.... Normalement jusqu’aux vacances

.... Ce n’est pas trop dur ?

.... Si, mais c’est mieux que chez eux

.... Oui je comprends ma bichette. Tu peux sortir ?

.... Pas trop pourquoi ?

.... Par exemple demain, tu pourrais sortir ?

..... Non je ne crois pas.

.... Tu travailles le samedi ?

.... Normalement non pourquoi ?

.... Et tu peux dire que tu travailles ?

.... Je ne sais pas, pourquoi ?

.... Si tu disais que samedi prochain tu travailles, je viens te chercher et on passe la journée ensemble, ça te dirait

.... Ah mais carrément, oui.

.... Alors tiens-moi au courant.

La petite sœur est en sanglots ....... Merci Delphine, je croyais que tu nous avais oublié

..... Ma bichette, comment tu peux crois ça ?

.... Le père a dit que tu faisais la pute, et que tu avais fait un trait sur nous

.... Ne l’écoute pas, arrange-toi pour samedi, je t’expliquerai tout, et fais attention à toi, prends soin des petits

.... Oui. Tu as des nouvelles de Thibault et Céline ?

..... Oui ma bichette, tout va bien, ne t’inquiète pas.

..... Ils me manquent aussi
..... Je m’en doute je t’embrasse Cathy, à samedi. Fais le maximum. Bipe-moi, même tard, ce n’est pas grave

.... Merci Delphine, tu me manques tellement

... Toi aussi Cathy. Je t’embrasse fort, à très vite.

Les deux sœurs raccrochent Delphine pose son téléphone sur la petite table et éclate en sanglots
Je la prends dans mes bras et la console ........ Allez samedi tu vas la voir

.... J’ai dit samedi, mais je travaille le matin, et Julien vient l’après-midi.

.... Ah merde ! On va se débrouiller. Il n’y a pas moyen que tu manques ? Ou que tu quittes plus tôt ?

.... Non je ne pense pas. Nous ne sommes que deux surveillantes.

.... Pour aller la chercher, je peux m’en charger, seulement je ne la connais pas.

..... Non pas grave, laisse tomber, on remettra ça.

.... Mais non, tu ne peux pas lui faire faux bond.

.... Oui et Julien ? Il vient jusqu’à dix-sept heures au moins. Ce n’est pas utile qu’elle vienne, je n’en profiterai même pas, il faudra qu’elle reparte

.... Bon je m’occupe de Julien, ce n’est pas un problème. Nous lui expliquerons.

...... J’arrive à treize heures, ça fait peu de temps

Je fais celle qui se fâche ...... Bon écoute, on va trouver, ne commence pas à être défaitiste. On a réussi pour les autres on va y arriver

Delphine fait oui de la tête. Nous ne parlons plus.

Dimanche, Delphine n’est pas en très grande forme. A sa tête je me doute que sa nuit a été agitée.

Julien m’a averti qu’il s’absentait quelques jours, je ne sais ni où ni pourquoi et surtout combien de temps.
Il me téléphone tous les soirs rapidement, sans rien me dévoiler.
Ce soir quand il me téléphone je suis déjà couchée ce qui le fait rire
...... Te voilà bien obéissante ma puce !

Je ris à mon tour ...... Disons que je n’ai pas grande occupation alors je bouquine.

Nous parlons un peu, avant que je me décide à lui expliquer en quelques mots l’échange de Delphine et sa sœur. Il fait des hum, hum oui, sans vraiment me dire sa pensée, promettant que nous en discuterons 

.... Tu rentres ?

.... Oui ma puce, bientôt, j’ai encore quelques problèmes à régler.

.... D’accord, j’ai hâte

.... Moi aussi, tu me manques ma chatte.

Nous nous attardons sur des bisous, bisous. Je raccroche, pas très sereine ni tranquillisée

Au bureau Jean-Bernard m’a confié un dossier qui me fait oublier momentanément mon attente, mes craintes de ne pas savoir ou est mon chéri, ce qu’il fait. Ce manque se fait ressentir plus fort de jour en jour.

Je pense que je pourrais aussi être jalouse, ne pas accepter ses départs sans savoir pourquoi ces déplacements sans explications.

Le soir je me couche impatiente d’entendre la voix chaude de Julien, son rire. Il me dit être à Toulouse. Cette ville m’interpelle. Qu’est-ce qui peut bien l’emmener si loin de moi aussi longtemps, depuis dix jours ?

Ce week-end nous ne sortons pas, Delphine est en pleine révision en vue des contrôles de fin de trimestre, je l’aide au maximum.

Ce matin je me lève avec difficulté. Cette cinquième semaine de stage, va enfin boucler cette session, je m’en réjouis

Deux semaines de FAC et les vacances seront là. Non que je sois épuisée, mais je n’ai pas trop le moral.

 

Dehors un vent glacial me surprend en sortant du bureau surchauffé. Rentrant la tête dans les épaules, pour me protéger des bourrasques je presse le pas jusqu’au métro.

Madame Da Rossas, à l’air de me guetter ...... Ah mademoiselle Clément, j’ai un paquet pour vous.

J’attends qu’elle rentre dans sa loge, elle ressort avec un énorme bouquet de roses rouges qui lui cache la moitié du visage

..... On a livré pour vous mademoiselle

...... Merci madame Da Rossas.

Le cœur battant je monte les marches quatre à quatre et ouvre la porte essoufflée. Delphine assise à la table de la cuisine sursaute.

...... Bah bichette ! Oh ce bouquet, il est magnifique

Je le pose délicatement sur la table et enlève la carte accrochée au papier, par une petite agrafe.

‘’ Toutes jolies qu’elles soient, elles ne t’égalent pas. Je t’aime ma puce. Tendresse. Julien’’

Des larmes de bonheur envahissent mes yeux. Je bégaie

.... On n’a, ……… on n’a, ……. Euh ………on n’a pas de vase

Delphine éclate de rire ....... Rho la bécassine. On va bien trouver quelque chose.

Elle se lève, sort une bouteille de jus d’orange du réfrigérateur et la vide dans deux grands verres, avec un couteau à dents, elle coupe une partie de la bouteille plastique, plus bas que le goulot, le remplit d’eau et le pose sur la table

..... Voilà bichette, un vase de fortune.

Je ris en sortant les fleurs de leur emballage et les arrange dans ce vase improvisé.

J’accroche mon manteau et enfile mes mulles d’appartement. Je rejoins Delphine qui a mis la table

..... Il rentre quand ton bel apollon ?

..... Aucune idée.

..... Il a la tête à l’envers ou quoi ?

Je souris ....... Pourquoi ?

...... La Saint Valentin c’est après-demain

Je hausse les épaules ...... Oh bah je ne sais pas. Il veut se faire pardonner d’être parti dix jours.

..... C’est souvent qu’il s’absente ?

..... Quand j’étais en cours avec lui, il était porté disparu une dizaine de jours, mais sans savoir ce qu’il faisait

.... Bon il t’en parlera certainement.

.... Oui bien sûr.

Nous nous mettons à table, machinalement je lui demande si elle a des nouvelles de Cathy.

.... Non pas du tout. Je lui ai envoyé un message, quand elle veut ou peut, elle me bipe et je l’appelle
.... D’accord, peut-être ce week-end, enfin avant samedi ça serait bien pour qu’on s’organise

Delphine fait oui de la tête.

J’emmène les assiettes sur le plan de travail, et sors deux yaourts

Nous mangeons tout en parlant. Delphine me dit qu’elle a eu 16 en philo et 18 en maths

.... Woua ma louloute, tu vois que tu cartonnes.

Elle sourit ....... Et grâce à qui ?

Je souris ...... Bah à toi, je ne suis pas là pour faire ton interro.

La sonnette nous fait sursauter, on se regarde sans parler. Doucement je vais voir avec une certaine appréhension, qui ça peut bien être ? On n’attend personne. Le cœur battant j’ouvre d’un coup et me jette dans ses bras

Il me soulève d’un bras et me fait tourner. ........ Ma chatte, quel accueil

Je l’embrasse en m’accrochant à son cou. ....... Oh elles sont magnifiques

.... Qui est magnifique ma puce ?

Je ris, je pleure en même temps ....... Mais le bouquet de fleurs.

Il rit, de ce rire chaud et rentre, il pousse la porte du pied. Delphine s’est levée, elle est droite les bras ballants

..... Vous mangiez les filles ?

.... Heu non nous avons fini. Tu as mangé ?

.... Non, j’arrive directement.

..... Tu veux manger ?

..... Tu as quoi ?

..... Je peux te faire une omelette, on a du potage

.... Va pour le potage et une omelette, merci ma chatte.

Delphine sort des assiettes, des couverts et un verre.

Pendant que la soupe réchauffe, je bats trois œufs dans un bol.
..... Assieds-toi Delphine et finis ton yaourt

.... Merci monsieur.

Je sers mon chéri, qui me remercie. Tout en mangeant, il nous fait rire

.... Fameux ce potage, est-ce la touche de mon élève ou de ma bien aimée ?

 ...... C’est Camille monsieur, j’adore comment elle fait la soupe

Il me regarde taquin....... Tu es bonne à marier !

Je ris et à mon tour le taquine ...... Oui mais pas avec un courant d’air

.... Tu as raison, il n’aurait pas mon charme

Nous éclatons de rire ....... Oh bah ça va tranquille, les chevilles

J’enlève son assiette vide et lui verse son omelette baveuse dans l’assiette plate. Je lui donne le pain et le beurre

Il me regarde en haussant un sourcil ....... Tu manges du pain beurré avec ton omelette ?

..... Bah oui pourquoi ?

..... Hum ! Non comme ça.

Il sourit et englouti l’omelette. Je pense qu’il n’aura pas assez manger et nous n’avons pas grand-chose. Je lui propose un yaourt

.... Non merci, ça ira ma puce.

.... Mais tu n’as pas beaucoup mangé.

.... J’ai bien assez, je n’ai pas très faim.

Il pousse l’assiette et me demande un café. Je me lève, débarrasse la table aidée de Delphine

..... Delphine assieds-toi !

.... Oui monsieur.

...... Raconte-moi ce que tu as fait pendant mon absence.

D’une voix enjouée mon amie apprend à son coach ses bonnes notes

..... Pourquoi 18 en maths ? Qu’as-tu oublié pour ne pas décrocher un 20 ?

.... J’ai interverti une équation

.... Tu ne t’es pas relue !

Delphine baisse les yeux. Julien lui demande son classeur.

.... Tu veux un autre café ?

.... Oui ma puce, je veux bien

Il me tend sa tasse, je mets l’expresso en route et change la pastille. Delphine tend ses copies à Julien. Il lit consciencieusement et finit par poser les copies sur la table

..... Assieds-toi. Dommage cet oubli !

.... Oui monsieur.

.... Dans l’ensemble, je suis satisfait. Donc à part ces bonnes notes, le travail ?

.... Bien monsieur. Ils sont mignons les petits

Julien boit son café et sonde Delphine qui ne peut s’empêcher de rougir.  ...... Ta sœur ?

..... Je n’ai pas de nouvelles, monsieur

.... Ton frère ?

.... Non plus, je pense qu’il me fait la tête.

.... Tu ne l’as pas appelé ?

Tristement Delphine répond d’une petite voix ....... Il ne me répond pas.

Julien ne lâche pas le regard de Delphine ......... Lève la tête ton crâne ne m’intéresse pas.
Delphine, les larmes aux yeux croise mon regard et se reporte sur Julien.

..... N’as-tu rien à me dire ?

.... Heu non monsieur, à quel sujet ?

Julien fait un mouvement de son épaule ......... Aucune idée, tu as des nouvelles du reste de la fratrie ?

Au moment où Delphine va répondre, le téléphone de Julien sonne. Il décroche en me faisant un petit clin d’œil.

..... Bonsoir !

........

....... Venez au 12 de la rue, premier étage porte droite

Il raccroche prend sa mallette, qu’il a posé à terre, la met sur la table et l’ouvre. Il en sort deux paquets. Il en tend un à Delphine et me donne l’autre. Il referme sa mallette et la repose au sol.

..... Merci monsieur

Je me lève et dépose un baiser sur sa joue, tout près de sa bouche. ......... Merci monsieur

Il rit et m’enlace ...... De rien chipie !

La sonnette se fait entendre, Julien se lève et ouvre la porte, il tend sa mallette au type en costume cravate, et ses clés de voiture.

..... Rangez la voiture au garage, fermez le bureau et partez

..... Oui monsieur le juge. Bonne soirée.

..... Bonne soirée Joao.

Il referme la porte et reprend sa place sur la chaise, il met ses coudes sur la table, son menton sur ses mains croisées

Pendant ce temps j’ai déballé le paquet, ce sont des petits bonbons en forme de violette, j’en goute un et offre le paquet ouvert à Julien

..... Non merci ma puce. Alors Delphine ?

..... Oui monsieur.

..... As-tu des nouvelles du restant de la fratrie ?

..... J’ai eu ma petite sœur, j’aurais aimé la revoir

.... Et qu’est-ce qui t’en empêche ?

.... Le samedi matin je travaille et l’après-midi je suis avec vous.

..... Et le dimanche ?

Delphine fait non de la tête.

...... Pourquoi ?

..... Le samedi elle peut dire qu’elle travaille, mais pas le dimanche

.... Hum ! Et donc ?

..... Je n’ai pas de solution monsieur.

.... Et cette sœur, elle verse qui ? Delphine ou Céline

.... Delphine monsieur. Céline je ne la reconnais pas elle n’était pas comme ça.

.... Elle ne répondait pas à tes parents ?

.... Si, et elle ramassait pour ça.

..... Et l’autre ?

.... Elle est renfermée et timide. Elle n’a jamais eu l’occasion de s’extérioriser

..... Va prendre ta douche il est l’heure.

..... Oui monsieur.

J’attends que Delphine sorte je range la tasse vide dans la machine et donne un coup d’éponge sur la table je vais pour m’assoir quand Julien m’attrape et m’attire à lui. Je tombe assise sur ses genoux en riant.

Je m’accroche à son cou. Nous échangeons un long baiser c’est en entendant la porte de la salle d’eau que nous nous séparons.

Delphine vient nous dire bonsoir, je me lève pour lui faire la bise, elle ne sait quelle contenance avoir et dit simplement

..... Bonsoir Monsieur

..... Bonsoir Delphine, tu as l’autorisation de regarder la télévision dans ta chambre

..... Merci monsieur.

Elle sort, je me penche et effleure les lèvres de Julien ........ Merci pour elle, c’est cool, surtout qu’elle n’est pas en grande forme. Je sais que le soir elle pleure dans son lit.

.... Je ne suis pas un monstre Camille, tout de même. Effectivement elle n’a pas bonne mine. Qu’est-ce qui la ronge ?

.... Sa petite sœur.

.... Elle a quel âge cette gamine ?

.... Elle aura 18 ans en septembre.

..... Alors elle se doit d’être patiente jusqu’en septembre. Et que compte -t-elle faire ?

.... Je n’en ai aucune idée.

..... Allons prendre une douche.

Je le regarde sans comprendre, avec cet air d’abrutie finie. Julien éclate de rire. ....... Ne m’inviterais-tu pas à dormir ?

Toute heureuse, le cœur explosant dans ma poitrine ......... Oh mais carrément.

Il se lève, enlève sa veste et sa cravate. Main dans la main, nous allons à la salle d’eau. Julien déboutonne mon jeans et me le baisse, je passe les pieds en me tenant à son épaule. Il me presse contre lui, passe la main dans mon tanga et caresse mes fesses

....... Oh ma puce, comme tu m’as manqué.

Nous échangeons un tendre baiser avant de nous déshabiller. Julien me savonne, je me rince, à son tour il se savonne, avec la pomme de douche je l’asperge en riant.

J’enfile mon pyjama et lui tend mon peignoir. Il prend ses affaires qu’il pose sur mon bureau. Il va chercher sa veste et sa cravate dans la cuisine. Nous nous couchons

Je me blottis dans ses bras, nous ferons l’amour plusieurs fois, je me retiens de crier ma jouissance. Les gémissements sortant de ma gorge ressemblent à des râles. Nous nous endormons presqu’au petit matin.

Ce matin le levé est rude. Julien me réveille d’un doux baiser. ...... Ma puce, il faut se lever.

Je m’étends ....... Hum, oui !

Je le vois enfiler ses habits, quand il accroche la boucle de sa ceinture, une drôle d’impression m’envahit. J’enfile mon pyjama et me lève.

Dans la cuisine Delphine est en train de déjeuner. Elle se lève immédiatement à notre entrée.
..... Finis de déjeuner Delphine !

.... Bonjour monsieur, merci.

Je sers deux mugs de café chaud ....... Tu veux une tartine, chéri ?

...... Non merci ma puce, donne-moi juste un café.

Delphine me tend une tartine beurrée, je lui souris ....... Merci ma louloute.

Julien regarde sa montre ........ Puce dépêche-toi il faut que j’aille me changer et me raser.

..... Bah vas-y, moi je vais en stage

..... De fait ! Je voulais te déposer à la Fac

Je ris ....... Alors monsieur, on ne se rappelle pas ? On perd la tête ?

Il rit à son tour ........ Tu me fais perdre la tête.

Il se lève et viens effleurer mes lèvres ........ Je me sauve, à ce soir Delphine

.... A ce soir monsieur

.... Tu m’attends ce soir ?

.... Si tu ne traine pas oui !

Je hausse les épaules ...... Bah je ne traine pas, mais je quitte à dix -huit heures.

Je le raccompagne et ferme la porte. Delphine se retient de rire.

..... Qu’est-ce que tu as avec ta bouille de clown ?

.... Mais rien ma louloute. Fais ta vie

Je hausse les épaules ....... Bah oui pourquoi ?

..... Ce qui me fait drôle c’est comment je le vois maintenant avec toi.

..... Il est comment ?

.... Raide dingue, et il s’affiche carrément.

Un coup d’épingle me transperce le cœur. Oh non Delphine qu’est-ce que tu me dis ?

Je me sers un nouveau café ........ Et ça te gène ?

Elle me regarde, je ne souris plus. Ai-je été sèche en parlant ?

....... Bichette, je suis heureuse pour toi, pour vous. Il est comment dire, il est plus humain depuis que vous ne vous cachez pas.

.... Ah tu trouves ?

..... On dirait qu’il vit, enfin je ne sais pas comment te dire. Avant il était seul, tu vois, il était ...... Heu

Elle cherche ses mots. ......... Oui c’est ça, il était solitaire, l’amour le fait vivre. Comme toi bichette

Elle me sourit et reprend. ........ Bon je me méfie quand même, avec lui, tu ne sais pas si ça ne va pas tomber direct. Mais comment te dire ? Je l’apprécie bien plus qu’au début. Il fait moins heu ...... moins inabordable, moins sévère

..... Tu as peur de lui ?

Tout en se servant un café elle me sourit ...... Peur non, enfin je le crains quand même. J’en prends moins, mais quand il m’en met une je la sens je peux te le dire. Et j’ai appris à le connaitre aussi

J’avale mon café. ....,,... D’accord. Je vais me préparer sinon je vais être en retard.

.... Oui moi je file, à ce soir ma bichette

Je me douche rapidement et m’habille. Je ne prends pas le temps de faire mon lit, je l’ouvre en grand et pars. J’allonge le pas jusqu’au métro

En arrivant au bureau, je m’excuse auprès de Jean-Bernard pour mon léger retard

Il me regarde en souriant ....... Pas lieu de faire un procès. Prenez votre café tranquillement.

..... Merci beaucoup.

Je me plonge directement dans les notes d’hier sans lever le nez.

A midi mon maitre d’études me rappelle à l’ordre pour que j’aille manger. En rentrant je trouve le bureau vide, j’en profite pour imprimer mon rapport de stage et le pose sur sa table. Il me dira si ça lui convient.

Vers seize heures, la porte s’ouvre Jean-Bernard entre accompagné de monsieur Delabarre prof. Je rougis de plaisir et me lève d’un bond.

Les deux frères sourient. L’un à côté de l’autre on pourrait se tromper. Ce sont carrément des jumeaux.

Monsieur Delabarre me prend dans ses bras et sans façon me fait une bise ...... Mon élite est bien studieuse

.... Je suis contente de vous voir monsieur Delabarre.

.... Pareillement mademoiselle Constant.

Jean-Bernard fait couler le perco et m’offre un café, il en donne un à son frère et prend l’autre tasse.

..... Je vous ai imprimé mon rapport de stage.

.... Merci Camille.

Il le lit rapidement et le passe à mon prof. De son tiroir il sort une chemise cartonnée et prend une feuille qu’il tend à son frère. Mon prof sourit ....... Il n’y a rien à ajouter.

Jean-Bernard opine de la tête. Signe les feuillets et me tend mon rapport.

Je me lève et vais le chercher ........ Camille, demain je ne suis pas au bureau, avec l’accord de votre professeur principal, je vous offre votre journée. Cela ne sera pas notifié

Je rougis ....... Oh bah merci beaucoup messieurs

Mon prof. ......... Vous êtes méritante Camille.

Son frère ...... Vous pouvez vous sauvez.

..... Merci

Je ramasse mes affaires glisse mes notes dans la chemise, enfile mon manteau et prends mon sac. Je dépose le dossier sur le bureau de Jean-Bernard. Il se lève et me fait la bise.
..... A dans un mois Camille, passez de bonnes vacances.

Je souris ......Merci pour tout 

Je serre la main de mon prof et pars. Il est à peine dix-sept heures trente quand je rentre. Delphine et Julien sont dans la salle à manger, je vais embrasser mon chéri qui regarde sa montre

..... Tu es de bien bonne heure mon cœur.
...... Oui demain Jean Bernard n’est pas là il m’a donné ma journée, et il m’a fait quitter plus tôt j’avais fini mon dossier. Je vais boire un café, tu en veux un ?

..... Donne-moi plutôt un verre ma puce.

Je me tourne vers Delphine ...... Et toi Delph ?

.... Oui un verre je veux bien, merci ma bichette

Je vais poser mon sac et mon manteau dans ma chambre. Je prépare trois verres de perrier, du coup je ne me fais pas de café. J’apporte le plateau et m’assois.

Julien nous donne nos verres.

Je demande ....... Je ne vous ai pas interrompu ?

Julien ...... Non ma puce, nous avons fini, Delphine recopiera au propre pour lundi

..... D’accord. Vous parliez de quoi ?

Mon chéri sourit ....... Rien en particulier. Je vais me sauver, j’ai du travail. Si tu es là demain, viens manger avec moi.

..... Où ?

Il sourit ...... Dans ma garçonnière

Je ris ........ Ah d’accord.

Il avale son verre d’un trait et se lève je le raccompagne à la porte. Nous échangeons un baiser sur le palier. Je le regarde descendre émue.

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